La communauté malienne se mobilise contre la Cédéao
Alors que des manifestations ont eu lieu au Mali, pour protester contre les sanctions de la Cédéao, la communauté malienne, établie au Sénégal, s'est également mobilisée à Dakar, autour des opérateurs économiques qui dénoncent les restrictions sur les échanges commerciaux entre les deux voisins.
Au port de Dakar, dans la cour des Entrepôts maliens du Sénégal (EMASE), des camions sont à l’arrêt. Mohamed Koné est chef d’antenne du conseil malien des transporteurs routiers: « D’habitude, il y a des embouteillages partout mais depuis les sanctions, vous voyez que tous ces flux impactent l’économie du Sénégal et du Mali ».
Mr Sidibé, lui, représente des entreprises, de transit, au Sénégal: « Depuis dimanche soir, on ne travaille pas. Le Sénégal dessert le Mali à 70% de marchandises du port de Dakar. Le fer et autres, on a carrément arrêté de les livrer. On avait aussi des camions qui étaient à l’usine pour le chargement, eh bien on a dû les décharger pour les faire sortir ».
Les hydrocarbures ou encore les produits alimentaires et pharmaceutiques sont exemptés mais pour les autres, se pose le problème du stockage, comme l’explique Mamadou Traoré, transitaire malien: « Il y a des herbicides, des panneaux solaires… Pratiquement tous ces produits-là sont condamnés à séjourner dans le port de Dakar. Ça va être la congestion totale ».
Selon Fousseynou Soumano, directeur des Entrepôts maliens du Sénégal, il est impossible, à ce stade, de chiffrer précisément les pertes: « Ce sont des centaines de milliards car aujourd’hui, en ce qui concerne les flux entre le Mali et le Sénégal, ce ne sont pas moins de 1 000 camions par jour, dans les deux sens. Donc, vraiment, c’est une situation regrettable ». Dans l’immédiat, ces opérateurs tentent de réorienter le fret via la Mauritanie et la Guinée.
Les Maliens ont répondu massivement à l’appel de la junte à manifester contre les sanctions imposées au Mali par la Cédéao. La mobilisation a été forte à Bamako et à l’intérieur du pays. Malgré cette démonstration de force, le dialogue n’est pas rompu. La junte va continuer à dialoguer avec les institutions sous-régionales et des pays de la sous-région pour un retour à l’ordre constitutionnel au Mali.
Lors du rassemblement à Bamako, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre malien de l’administration territoriale et porte-parole du gouvernement a affirmé que son gouvernement restait malgré ouvert au dialogue avec la Cédéao.
D’après nos informations, il se rend en principe en Mauritanie – pays voisin non membre de la Cédéao – avec cinq autres ministres par vol spécial. L’objectif de ce déplacement est double : voir comment contourner l’embargo qui frappe le Mali, pays enclavé, et envisager d’utiliser à l’import comme à l’export les ports mauritaniens.
Mais la crise malienne sera également au centre des discussions et les responsables mauritaniens pourraient aider à trouver une solution. La même délégation officielle malienne se rendra ensuite dans la foulée en Algérie pour les mêmes raisons.
Selon de bonnes sources, Alger et Nouakchott pourraient fortement conseiller aux envoyés du colonel Assimi Goïta, d’établir un chronogramme des actes à poser pendant le reste de la transition, afin d’organiser les élections générales cette année et pas au-delà. L’idée serait partagée les deux institutions sous-régionales auteurs des sanctions décrétées contre le Mali