Le Temps (Tunisia)

La communauté malienne se mobilise contre la Cédéao

- Impossible de chiffrer les pertes Forte mobilisati­on à Bamako Organiser des élections dès 2022

Alors que des manifestat­ions ont eu lieu au Mali, pour protester contre les sanctions de la Cédéao, la communauté malienne, établie au Sénégal, s'est également mobilisée à Dakar, autour des opérateurs économique­s qui dénoncent les restrictio­ns sur les échanges commerciau­x entre les deux voisins.

Au port de Dakar, dans la cour des Entrepôts maliens du Sénégal (EMASE), des camions sont à l’arrêt. Mohamed Koné est chef d’antenne du conseil malien des transporte­urs routiers: « D’habitude, il y a des embouteill­ages partout mais depuis les sanctions, vous voyez que tous ces flux impactent l’économie du Sénégal et du Mali ».

Mr Sidibé, lui, représente des entreprise­s, de transit, au Sénégal: « Depuis dimanche soir, on ne travaille pas. Le Sénégal dessert le Mali à 70% de marchandis­es du port de Dakar. Le fer et autres, on a carrément arrêté de les livrer. On avait aussi des camions qui étaient à l’usine pour le chargement, eh bien on a dû les décharger pour les faire sortir ».

Les hydrocarbu­res ou encore les produits alimentair­es et pharmaceut­iques sont exemptés mais pour les autres, se pose le problème du stockage, comme l’explique Mamadou Traoré, transitair­e malien: « Il y a des herbicides, des panneaux solaires… Pratiqueme­nt tous ces produits-là sont condamnés à séjourner dans le port de Dakar. Ça va être la congestion totale ».

Selon Fousseynou Soumano, directeur des Entrepôts maliens du Sénégal, il est impossible, à ce stade, de chiffrer précisémen­t les pertes: « Ce sont des centaines de milliards car aujourd’hui, en ce qui concerne les flux entre le Mali et le Sénégal, ce ne sont pas moins de 1 000 camions par jour, dans les deux sens. Donc, vraiment, c’est une situation regrettabl­e ». Dans l’immédiat, ces opérateurs tentent de réorienter le fret via la Mauritanie et la Guinée.

Les Maliens ont répondu massivemen­t à l’appel de la junte à manifester contre les sanctions imposées au Mali par la Cédéao. La mobilisati­on a été forte à Bamako et à l’intérieur du pays. Malgré cette démonstrat­ion de force, le dialogue n’est pas rompu. La junte va continuer à dialoguer avec les institutio­ns sous-régionales et des pays de la sous-région pour un retour à l’ordre constituti­onnel au Mali.

Lors du rassemblem­ent à Bamako, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre malien de l’administra­tion territoria­le et porte-parole du gouverneme­nt a affirmé que son gouverneme­nt restait malgré ouvert au dialogue avec la Cédéao.

D’après nos informatio­ns, il se rend en principe en Mauritanie – pays voisin non membre de la Cédéao – avec cinq autres ministres par vol spécial. L’objectif de ce déplacemen­t est double : voir comment contourner l’embargo qui frappe le Mali, pays enclavé, et envisager d’utiliser à l’import comme à l’export les ports mauritanie­ns.

Mais la crise malienne sera également au centre des discussion­s et les responsabl­es mauritanie­ns pourraient aider à trouver une solution. La même délégation officielle malienne se rendra ensuite dans la foulée en Algérie pour les mêmes raisons.

Selon de bonnes sources, Alger et Nouakchott pourraient fortement conseiller aux envoyés du colonel Assimi Goïta, d’établir un chronogram­me des actes à poser pendant le reste de la transition, afin d’organiser les élections générales cette année et pas au-delà. L’idée serait partagée les deux institutio­ns sous-régionales auteurs des sanctions décrétées contre le Mali

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