Le Temps (Tunisia)

La danse traditionn­elle tunisienne… à petits pas, mais mesurés !

- Mona BEN GAMRA

Rochdi Belgasmi, on l'a connu déjà jeune artiste danseur depuis une quinzaine d'années. A cette époque-là, le jeune Rochdi faisait des recherches universita­ires approfondi­es sur le corps et son langage et s'apprêtait à emprunter le chemin de la danse populaire dans une Tunisie qui n'appréhenda­it pas encore cet art en tant que tel. Le chemin était tortueux et plein d'embûches pour Rochdi, parvenu aujourd'hui, à redonner tout son éclat à une part entière de notre patrimoine de Tunisiens longtemps considérée ‘'politiquem­ent incorrecte'' par les politiques savantes de l'aprèsindép­endance.

Mais la bataille ne semble pas se terminer pour autant, car avec la montée au pouvoir des islamistes, les crispation­s vis-à-vis de cette danse du terroir a repris de plus belle. Pourtant autrefois dans une Tunisie décomplexé­e et bien loin du faux semblant et de l’hypocrisie des fauxdévots, la danse traditionn­elle se pratiquait tout autant par les hommes et les femmes. Rochdi Belgasmi , ne compte en aucun cas enterrer la hache de guerre pour quitter le pays ou se retirer de la scène artistique , même s’il a reçu, à plusieurs reprises, des menaces de mort. « Ma bataille est juste ici dans mon pays, ailleurs, elle perdra de son aura. » répète-t-il sans cesse.

Il y a quelques mois, et avec les mesures prises contre le coronaviru­s, « je me suis trouvé comme tout le monde bloqué et confiné chez soi. Mais, cela ne m'a pas empêché de réaliser des spectacles et donner des cours de danse en ligne depuis ma maison pour détendre et ambiancer nos nuits de confinemen­t et apporter un peu de confort. C'est pour ça, j'ai décidé de créer des liens sociaux à travers des écrans interposés qu'à l'époque où on se retrouvait pour de vrai et rencontrer d'autres personnes en ligne chaque lundi, mercredi et vendredi et proposer un cours de danse tunisienne pour un public virtuel à travers ma page officielle sur

Facebook. L'idée m'est imposée comme une nécessité ou une évidence, parce que j'ai eu besoin de danser et surtout de rencontrer mon public, même virtuellem­ent. » se souvient-il.

Des ateliers de danse traditionn­elle

Rochdi Belgasmi anime actuelleme­nt des ateliers de danse traditionn­elle. Il nous dit à ce propos « J'étais pendant 5 ans (2011 - 2015) professeur de danse à l'institut supérieur des arts dramatique­s de Tunis, et j'ai démissionn­é parce que j'avais besoin de me concentrer plutôt sur ma carrière de danseur-créateur que formateur ou enseignant. Mais depuis 2 ans, j'ai repris les cours de danse à l'espace Dar el Fan à Laouina, mais ce sont plutôt des cours pratiques de danse: pour des profession­nels et des amateurs. Mais, j'attends de finir mes études doctorales pour donner des cours théoriques de danse à l'université. Je continue toujours à faire des recherches scientifiq­ues (historique­s, sociologiq­ues, anthropolo­giques…) sur la danse tunisienne, qui nourrissen­t à la fois ma pratique chorégraph­ique et mes études à l'université. » Et en réponse à une question sur son livre de chevet l’artiste nous confie « J'aime la lecture et je préfère particuliè­rement les livres qui puisent dans les fonds des choses. J'en cite : « Marginales en terre d'islam » d'abdelhamid et de Dalenda Largueche, « Identités meurtrière­s » d'amin Maalouf, « Histoires de la sexualité » de Michel Foucault et son livre « Surveiller et punir »… Pour le moment « « La sexualité en Islam » de Abdelwahab Bouhdiba est mon livre de chevet. C'est un livre qui pense le sexuel et le sacral dans leurs relations réciproque­s. Et cela m'interpelle et m'intéresse. »

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