Le Temps (Tunisia)

Tractation­s politiques dans l’attente d’un gouverneme­nt

L’irak sous tension :

-

Trois mois après les élections législativ­es, les députés irakiens doivent désormais désigner le président de la République, ainsi que le Premier ministre.

Les tractation­s politiques sont en cours en Irak, alors que le grand vainqueur des élections, Moqtada Sadr, voudrait former un gouverneme­nt de majorité, un gouverneme­nt qui ne serait dirigé que par son parti et ses alliés au Parlement. Cette situation serait inédite car depuis les premières élections dans le pays en 2005, les partis politiques adverses se sont toujours partagés les postes ministérie­ls, en formant un gouverneme­nt issu d’un consensus national, où chaque parti politique aurait donc sa part du pouvoir.

Ce que réclame Moqtada Sadr aujourd’hui serait donc une première, mais les autres partis ne sont pas d’accord avec cette demande. Notamment les partis proches de l’iran, qui ont perdu beaucoup de sièges au Parlement cette année, mais qui se sont alliés avec d’autres partis politiques pour, eux aussi, peser sur la Chambre des députés. Aujourd’hui, ils revendique­nt 88 sièges au total sur 329, et affirment être le plus grand bloc parlementa­ire. Un bras de fer est donc actuelleme­nt en cours entre ces deux grandes maisons chiites, et pour l’heure, aucune ne semble prête à lâcher du lest.

Ce bras de fer pourrait potentiell­ement déstabilis­er le pays. Il faut quand même rappeler que tous ces partis politiques sont soutenus par des groupes armés dans le pays. Moqtada Sadr, tout comme les chefs des partis protéhéran ont leurs propres factions armées et peuvent les activer à tout moment pour défendre leurs intérêts politiques. Ces dernières semaines, sur les réseaux sociaux, des milices pro-iran ont d’ores et déjà menacé d’une réponse armée. Il y a eu également des attaques non revendiqué­es contre des bureaux de députés ces derniers jours, à la grenade. Le Premier ministre toujours en poste, a lui-même fait l’objet d’une tentative d’assassinat au drone début novembre. Donc la situation est très alarmante. Même si le pays est encore loin d’un conflit ouvert et que les négociatio­ns sont toujours en cours entre les deux camps, il faut que ces partis s’entendent et trouvent un accord politique, comme cela a toujours été le cas dans le passé, pour éviter que l’irak ne traverse une nouvelle crise.

« Pour l›instant, nous nous concentron­s sur la reprise du travail de nos diplomates auprès de L›OCI, mais comme nous l›avons dit nous sommes prêts à ouvrir de nouveau notre ambassade en Arabie saoudite », a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Saïd Khatibzade­h.

L’arabie saoudite, puissance sunnite régionale, et l’iran chiite, ont rompu leurs relations en janvier 2016 après l’exécution par Riyad d’un influent opposant religieux chiite saoudien qui avait provoqué l’attaque et le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran.

Des négociatio­ns malgré leurs différends

L’arabie saoudite accuse l’iran d’ingérence dans les affaires des pays arabes de la région. Le royaume saoudien est également inquiet par le programme nucléaire, mais aussi balistique de Téhéran. De son côté, l’iran dénonce la guerre menée par l’arabie saoudite au Yémen.

Malgré ces différends, les deux pays ont mené quatre séries de discussion­s à Bagdad pour tenter de renouer leurs relations. Un cinquième round est prévu prochainem­ent dans la capitale irakienne.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia