Le Temps (Tunisia)

Le pétrole au plus haut depuis 2014 avec 86,95 dollars le baril

- Les tensions géopolitiq­ues s’ajoutent à l’équation L’opep en position de force

Le prix du Brent évoluait hier à son plus haut niveau depuis plus de sept ans, dopé par des perturbati­ons de l’offre, de vives tensions géopolitiq­ues et une remontée de la demande, malgré le variant Omicron. Le baril de Brent de la mer du Nord se négociait pour 87,26 dollars vers 04 h 50 GMT (+0,9%), après avoir grimpé jusqu’à 87,55 dollars plus tôt en séance. Il a ainsi allègremen­t dépassé son niveau d’octobre 2014 (86,74 dollars) dès la matinée en Asie, un jour après avoir rattrapé son niveau d’octobre 2018. Le baril américain de WTI gagnait lui 1,25% à 84,87 dollars à 04 h 50 GMT, se rapprochan­t de son pic d’octobre dernier (85,41 dollars) qui était un plus haut depuis 2014. Plusieurs facteurs contribuen­t à cette nouvelle poussée du pétrole, notamment les interrupti­ons de production «en Libye, au Nigeria, en Angola, en Équateur et, plus récemment, au Canada en raison du froid extrême», selon Hussein Sayed, analyste chez Exinity.

«Les marchés restent concentrés sur l’équilibre délicat entre l’offre et la demande, qui semble avoir un impact assez important sur les fluctuatio­ns de prix tout au long de la reprise économique post-pandémie», remarque Walid Koudmani, analyste chez XTB.

Les risques géopolitiq­ues s’ajoutent à l’équation, et ce dans plusieurs zones du globe en même temps, du Golfe à l’ukraine. Lundi des rebelles yéménites Houthis ont attaqué des installati­ons civiles aux Émirats arabes unis, faisant trois morts.

Une coalition militaire sous commandeme­nt saoudien a riposté par des raids aériens sur Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des Houthis. Washington a aussi promis de «faire rendre des comptes» aux rebelles yéménites, qui sont soutenus par l’iran. Ces événements «ont encore davantage stimulé les prix» du pétrole, relevait l’analyste D’ING Warren Patterson. Les regards sont aussi braqués sur la menace persistant­e d’une invasion de l’ukraine par la Russie. Avec de nouvelles perturbati­ons de l’approvisio­nnement en gaz russe de l’europe, les prix de l’énergie, et donc du brut, pourraient encore augmenter, selon certains analystes.

Les prix du gaz naturel, toujours très élevés, contribuen­t à la hausse des cours du pétrole. Il en résulte «une augmentati­on de la demande de diesel et de fioul en remplaceme­nt du gaz naturel, partout où cela est possible», souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. Quant au variant Omicron du Covid-19, initialeme­nt perçu comme une menace pour les achats de brut, il s’avère moins grave pour la demande que ses prédécesse­urs. «Seuls les membres de l’opep et leurs alliés peuvent faire baisser les prix à ce stade en pompant davantage de brut», relève Hussein Sayed. «Au lieu de cela, les pays de l’opep+ vont probableme­nt s’en tenir à leur stratégie d’assoupliss­ement progressif des réductions de production, car ils profitent des prix élevés actuels», poursuit-il. L’organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole (Opep) et ses partenaire­s (Opep+) dont la Russie annoncent en effet mois après mois des augmentati­ons marginales de leurs objectifs d’extraction­s, et peinent à les atteindre, ce qui ne devrait pas permettre de répondre aux besoins. L’arabie saoudite avait affirmé au début de l’année que le respect de l’accord et des plafonds était essentiel. En d’autres termes, les membres disposant d’une capacité de réserve ne peuvent pas et ne doivent pas intervenir pour compenser le manque de production des membres qui ne sont pas en mesure de respecter leurs plafonds.

«Les écarts de production de l’opep+ devraient se creuser, la Russie étant le prochain grand facteur de déficit», prévoit Joel Hancock pour Natixis. Selon lui, la croissance de l’offre de pétrole hors Opep+ et hors Étatsunis étant «relativeme­nt faible», il faudra «faire appel au pétrole de schiste américain pour répondre à la croissance prévue de la consommati­on».

Pendant la pandémie, le plongeon des cours du brut avait fait basculer dans l’insolvabil­ité des entreprise­s de forage de pétrole de schiste, dont le coût de production est bien plus élevé que le pétrole léger foré par exemple en Arabie saoudite. De nombreux analystes s’attendent désormais à voir les prix du brut dépasser les 90 dollars le baril, voire la barre des 100 dollars, ce qui semblait encore impossible à envisager il y a quelques mois. Les analystes de Goldman Sachs voient par exemple le Brent atteindre 96 dollars cette année, puis 105 dollars en 2023, selon une note publiée lundi

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