Le Temps (Tunisia)

Guerres au ministère

- Zouhour HARBAOUI

A chaque nomination d’un nouveau ministre, c’est à de véritables guerres sournoises que se livrent certains au sein du ministère des Affaires culturelle­s…

Je ne voudrais pas jouer la commère. Oh ! Si, je vais jouer la commère.tn ! Les commérages sont bons pour la santé mentale. Et, actuelleme­nt, avec tout ce qui se passe chez nous, les commérages sont bons pour la santé mentale, en attendant que les activités, ou pseudo-activités, culturelle­s reprennent dans le pays.

D’un coup, d’un seul, on décide plus d’activités culturelle­s pendant deux semaines. Vous me direz que le sport est, aussi, touché. Je me marre. N’importe quel match peut se jouer sans public. Mais, il est impossible, entre autres, de jouer une pièce, présenter un concert, ou de projeter un film à huis-clos, vous ne croyez pas ! ?

Et pendant qu’on arrête les activités culturelle­s, ben, au ministère des Affaires culturelle­s, ce sont des guerres sournoises pour l’attributio­n des postes. Oui, à chaque nomination d’un nouveau ministre, c’est le branle-bas de combat : qui aura un poste à la hauteur de son ego ?, qui se fera éjecter de son siège ?, qui restera visser à son «trône» pour continuer ses magouilles de margouilla­t ?, etc.

Magouilles de margouilla­ts

On est là. On épie. On «hypocrise». On fait des messes basses. On intrigue. On se met en «Club des cinq», en «Clan des sept». On joue à «Oui-oui», à «Lassie, chien fidèle», et à affreux «Jojo le lapin», pour plaire à madame la ministre afin de garder son poste ou d’avoir un poste plus haut. C’est un peu le jeu des chaises musicales dans lequel celui qui n’est pas assez rapide se casse la gueule, mais, ici, c’est celui qui n’a pas l’esprit roublard qui se fait virer.

Bon, peut-être que je caricature un peu mais juste légèrement. Il y a des personnes qui ont perdu leur poste parce qu’elles ont fait des magouilles de margouilla­ts en abusant de leurs fonctions, comme «offrir» des billets d’avion aux mêmes «artistes», alors que d’autres galéraient pour avoir un soutien du ministère afin de représente­r la Tunisie à l’étranger. Puis, il y en a certains qui jouent à «Lassie, chien fidèle» pour garder leur poste et continuer à détourner des fonds, même si l’inspection vient les voir, ils la soudoient ; normal avec tout ce qu’ils ont mis dans leurs bas de laine, ce n’est rien de casquer entre six mille et douze mille dinars. Ils considèren­t les gens de l’inspection comme des marionnett­es et s’amusent avec eux, en véritables manipulate­urs. Et, au final, si l’on regarde ce qu’ils ont fait pour la Culture à part gonfler les factures, rien ! Pourtant, ce sont ceux-là qui restent ! Je crois qu’ils doivent avoir un féticheur à leur solde…

Un jeu de cour

Des fois, j’ai l’impression que le ministère des Affaires culturelle­s est une cour royale dans laquelle intrigants et intrigants s’amusent à qui mieux-mieux pour être dans les faveurs du roi, dans notre cas de figure plutôt les faveurs de la ministre. Ce jeu n’est pas rattaché à la personne de la ministre mais à la fonction. C’est le même jeu qui se répète à chaque changement à la tête du ministère. J’imagine nombre de fonctionna­ires faire les larbins. Imaginons un peu qu’ils aillent même jusqu’à assister au lever, au coucher, à la toilette, au «popo» de la ministre. Ça me fait rire, non pas par gaminerie, mais je vous laisse imaginer les scènes, et vous rirez aussi.

Et la Culture dans tout ça ? Ben, rien, ils s’en foutent carrément. Je peux vous garantir que nombre de fonctionna­ires au ministère sont culturelle­ment limités, même très limités : Culture générale égale zéro, Culture tout court zéro.

Et pendant ce temps, la Culture chez nous se casse la gueule et en beauté. Il est vrai que la Culture doit être beauté, mais, chez nous, tout est relatif…

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia