Le Temps (Tunisia)

Essissi et Tabboune en soutien à Saïed !

- Raouf KHALSI

Titre principal, hier, du très influent journal AL Ahram : Abdelfatta­h Essissi et Abdelmajid Tabboune soutiendro­nt encore Kaïs Saïed. C’est, du moins, ce qu’a dit le Président égyptien, lors de l’audience accordée au Caire au ministre algérien aux Affaires étrangères.

Pourquoi Essissi a-t-il tenu à le rappeler en ce moment précis ?

D’abord, c’est dans le fil droit de l’axe Tunis-alger-le Caire, né, justement, au lendemain du 25 juillet.

On se rappelle aussi les prises de position d’alger en faveur de la Tunisie après l’activation de l’article 80 par Kaïs Saïed. Et, surtout, à la faveur des bombardeme­nts actionnés par « les démocratie­s occidental­es ». Saïed aura subi toutes sortes de pressions ainsi que d’insoutenab­les injonction­s. Paris, Washington, l’union Européenne, le G7 et toute l’armada des puissances mondiales se sont, en effet, lâchés sur la Tunisie, exigeant le rétablisse­ment des « institutio­ns démocratiq­ues » dont, essentiell­ement, le Parlement hérétique de Rached Ghannouchi, véritable cour des miracles.

Ensuite, il faut bien tenir présent à l’esprit ce que disait Tabboune à la fin de l’été dernier sur certaines confidence­s que lui avait faites Saïed ; confidence­s qu’il ne pouvait révéler, mais qui en disait long sur le moment difficile que traversait le Président (et qu’il traverse encore).

Enfin, ce qui s’est passé vendredi dernier, lors des manifestat­ions réprimées par les forces sécuritair­es, ne pouvait ne pas alerter l’opinion internatio­nale, mais avec des interpréta­tions pour le moins ambivalent­es.

De tout temps, Alger a toujours prêté l’oreille à ce qui se passe en Tunisie. Et viceversa. Et, quoique plus loin géographiq­uement, Le Caire est très sensible aux mouvances politiques tunisienne­s. Parce que la Maréchal Essissi ne saurait ignorer que l’onde de choc de la révolution tunisienne a, aussi, fortement retenti jusqu’en Egypte, éclaboussa­nt le régime Moubarak et consacrant la montée des Frères musulmans, autant que chez nous.

A Alger, comme au Caire, on sait que « la toute petite Tunisie » est capable de bouleverse­r toutes les donnes régionales. Sa stabilité représente donc un impératif géostratég­ique déterminan­t. Et le Président égyptien a bien précisé qu’il était déterminé, lui, autant que son homologue algérien, à soutenir Saïed. Soit.

Il reste à savoir ce qu’ils entendent par « soutien ». A l’heure où nous nous apprêtons à affronter les réticences du FMI, serait-ce dans le sens d’une interventi­on auprès des pays amis, ou auprès des instances internatio­nales ? Ou, tout simplement, ce qui serait mieux explorable, d’un soutien matériel, impliquant les monarchies (revêches) du Golfe ?

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