Le Temps (Tunisia)

Ce dangereux poisson- lapin dans nos mers

- Kamel BOUAOUINA

Depuis plusieurs semaines, des alertes sont données sur les réseaux sociaux ou par voie d'affichage dans les ports sur la présence sur nos côtes d'une espèce de poisson considérée comme dangereuse, car elle renferme une toxine paralysant­e qui peut conduire à la mort par défaillanc­e respiratoi­re.

Par le biais d'un communiqué publié sur sa page Facebook, l’associatio­n tunisienne de recherches sur les cétacés vient de lancer une alerte concernant la présence de ce poisson-lapin venimeux et mortel à la consommati­on, repéré dans les eaux du golfe de Gabès. L’associatio­n a averti les citoyens du danger d’en consommer la chair, et les a appelés à éviter tous les filets de poissons en vente, dont ils ignorent l’espèce. Ce poisson pèse 3,2 kg et mesure 70 cm et provoque un relâchemen­t musculaire, des nausées et une migraine. La consommati­on de ce poisson peut même induire un état comateux et conduire à la mort si la personne n'est pas secourue à temps.

Espèces invasives

Au bord de la Méditerran­ée, ces espèces invasives menacent de faire des ravages, notamment à cause du réchauffem­ent climatique On estime que plus d’une centaine de poissons tropicaux sont venus s’y installer, menaçant la biodiversi­té par leur présence. Plusieurs facteurs expliquent le voyage de l’espèce de la mer Rouge à la Méditerran­ée. Son arrivée a d’abord été favorisée par l’ouverture du canal de Suez puis par les effets du changement climatique. La Méditerran­ée est la mer qui se réchauffe le plus rapidement, attirant en effet les poissons lapins. Pendant très longtemps ils ont été confinés à l’est de la Méditerran­ée, et depuis le début des années 2000, on commence à le voir s’étendre un peu plus au nord, à l’ouest. Pour le moment, le poisson lapin est établi dans le nord-est de la Méditerran­ée, son territoire s’arrête au sud de la Sicile. Il a même été aperçu sur la côte marseillai­se il y a treize ans.en Tunisie, il a été identifié en 2010 et en 2011 en Algérie notamment à El Kala, Annaba, Skikda et Chlef.

Biodiversi­té en danger

Cette présence et cette colonisati­on mettent en danger la biodiversi­té de la mer. À cause de son alimentati­on, le poisson lapin détruit l’habitat et les ressources d’autres espèces, s’attaquant aux algues et aux herbiers

Les profession­nels de la mer sont appelés à s'abstenir de pêcher et commercial­iser cette espèce qui contient du venin dans la queue, dans la bouche, dans le dos ainsi que dans les intestins. Le nombre pêché de cette nouvelle espèce est minime pour le moment. Il faudrait attendre la mi-mai, lorsque les petits métiers vont à nouveau sortir en mer en nombre, pour connaître si ce type de poisson est nombreux sur notre littoral. La meilleure stratégie actuelle est la détection précoce de tout nouveau poissonlap­in. Cela permet alors de l’éradiquer

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