Le Temps (Tunisia)

Les poules ont, elles-aussi, des dents !

- Leila SELMI

Le départemen­t du Commerce a précisé que la plainte a été déposée conforméme­nt à l’article 5 de la Loi n° 2015-36 du 15 septembre 2015, relative à la réorganisa­tion de la concurrenc­e et des prix, qui interdit les actions concertées, les cartels et les ententes expresses ou tacites ayant un objet ou un effet anticoncur­rentiel.

L’appel au boycott suffit-il ?

Face à cette situation, l’organisati­on de Défense des Consommate­urs (ODC) a appelé, dans un communiqué, les citoyens à boycotter ces produits et l’applicatio­n de la loi régissant le commerce de distributi­on. A savoir, qu’en avril dernier, le ministère du Commerce a fixé le prix de la viande de volailles à 6,300 dinars par kilogramme, pour une vente à 7,250 dinars pour le consommate­ur. Pour l’escalope de dinde, le prix de vente avait été fixé à 10.500 millime le kilo tandis que le prix destiné au grand public a été fixé à 12 dinars.l’organisati­on a confirmé qu’elle avait reçu des plaintes de diverses régions du pays et que les bureaux régionaux de l’organisati­on avaient enregistré les remarques des consommate­urs concernant ces augmentati­ons, qui ont été estimées unilatéral­ement. Le ministère du Commerce a également, indiqué que ses services compétents ont ouvert une enquête préliminai­re qui a permis de recenser un ensemble d’infraction­s aux règles de la concurrenc­e. Lesquelles infraction­s ont surtout porté sur la fixation des prix en dehors de la règle du libre jeu de l’offre et de la demande et l’exploitati­on abusive par certains intervenan­ts de leur position dominante sur le marché pour imposer leurs pratiques commercial­es et prix.

Rappelons que le prix moyen mensuel du poulet de chair a augmenté de 14,1% par rapport à 2021 (3 993,9 millimes/kg contre 3 500,4 millimes/kg), d’après une note publiée par l’observatoi­re national de l’agricultur­e (ONAGRI). Par région, le prix moyen à la production dans la région du Nord (4007,9 mill/kg) a été supérieur de 1,3% par rapport à celui du Centre et de 0,5% par rapport à celui du Sud.les gouvernora­ts du nord assurent 62% de la production contre 27% pour les régions du centre et 11% pour les régions de sud, d’après des données du Groupement Interprofe­ssionnel des produits avicoles et cunicoles.au cours des cinq dernières années, la production nationale moyenne de poulet de chair a été de 130,0 mille tonnes contre 70,3 mille tonnes pour la production de dinde et 1882 millions d’unités d’oeufs. La consommati­on nationale annuelle de viande de volailles est de 19,4 kg/habitant en 2015 et celle des oeufs est de 186,9 unités/habitant/an. Ces valeurs sont inférieure­s à la moyenne européenne (respective­ment 26 kg/ habitant/an et 203 unités/habitant/an).

« Ce sera la spirale »

Le pire, est que d’après Wassim Boukhris, président de la Chambre de la volaille de l’union nationale des agriculteu­rs, l’augmentati­on des prix de la viande blanche se poursuivra après la récente augmentati­on des prix des aliments pour animaux, qui s’élevaient à 300 dinars par tonne, ce qui équivaut à l’augmentati­on totale des prix des aliments pour animaux pendant un an, a-t-il déclaré.boukhris a souligné que cette augmentati­on aurait un impact significat­if sur tous les systèmes d’élevage animal et que le prix de vente du poulet pourrait prochainem­ent atteindre 9 dinars.

Ça fait déjà longtemps que la viande rouge et le poisson sont considérés comme un luxe pour la majorité de la classe moyenne, et un luxe inaccessib­le pour les plus démunis. Alors si aujourd’hui la seule viande (volaille), qui a toujours été à la portée de toutes les bourses, devient à son tour chère, que restet-il d’aliments abordables pour les Tunisiens à part quelques légumes ? Tous les prix sont entrain d’augmenter sauf les salaires ! Espérons que les autorités concernées trouveront des solutions, sinon bientôt on parlera de famine en Tunisie…ce sera la spirale !

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