Le Temps (Tunisia)

Le non-évènement

- Raouf KHALSI

Que Abdelmajid Ezzar fasse l'objet de ce qu'il appelle un « putsch fomenté par Carthage », cela fait partie de la nouvelle phraséolog­ie, toute imprégnée de victimisat­ion. Qu'il soit poussé vers la sortie, il n'y a pratiqueme­nt rien de surprenant dans tout cela. Et, surtout, que c'est son second qui avait été invité à Carthage, mode opératoire de Kaïs Saïed dans sa façon de faire comprendre qu'il ne reconnaît aucune légitimité à ceux qui ne sont pas du même bord que le sien. Il en avait donné un avant-goût, en invitant Farouk Bouaskar, et non pas Nabil Baffoun, avant de procéder à la refonte de L'ISIE.

Maintenant, dans ce contexte plutôt dilué, il faudra bien savoir si ces remueménag­es infléchiro­nt d'une façon ou d'une autre la physionomi­e du prochain dialogue national.

A l'évidence, il n'y a que L'UGTT qui soit inexpugnab­le. Mais il n'est vraiment pas certain, qu'au-delà de ses coups de gueule, Noureddine Taboubi soit encore en mesure de ramer à contre-courant du diktat présidenti­el.

Un peu trop dévot, jusqu'à paraître obséquieux, Brahim Bouderbala adhère « religieuse­ment » à l'orthodoxie saïedienne.

La Ligue des Droits de l'homme y souscrit, elle aussi, même si elle se fait entendre de temps à autre. Sauf que, puisque Saïed « ne touche pas aux droits et aux libertés », la Ligue préfère se contenter de commodes certitudes…

Et, alors, que reste-t-il à régler, au niveau des organisati­ons nationales ? Au demeurant, L'UTAP est bien devenue, depuis 2011, une entité opaque, privilégia­nt une oligarchie bâtie autour d'intérêts ne profitant qu'aux grands rentiers, aux nouveaux grands rentiers. Univers monopolist­ique, verrouillé même, demandons à Abdelmajid Ezzar ce qu'il en est des engrais, de l'appauvriss­ement des petits agriculteu­rs et, pour tout dire, de l'affamement du peuple !

La Justice dira son mot, puisque des casseroles s'enchaînent de jour en jour. Si tant est que la Justice redevienne aveugle.

Il reste que, pour être crédible, toute réforme des structures des organisati­ons nationales ne devrait pas faire le jeu des antinomies, c'est-à-dire, le jeu des conflits de personnes. Et, encore moins, les conflits d'intérêts.

Parce que l'histoire nous enseigne que les organisati­ons nationales ne doivent pas être domestiqué­es. Ni politisées.

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