Le Temps (Tunisia)

La laïcité contre l’islam politique ?

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L’aspect identitair­e va-t-il être modifié dans la nouvelle constituti­on ? Une question que se posent les citoyens depuis l’interview du doyen Sadok Belaïd à France 24, au cours de laquelle il a déclaré que, la référence à la religion va être supprimée. « Et pour cause ! » ,s’exclame le professeur : « l’etat n’a pas de religion ». En fait la religion est l’un des éléments avec la langue, l’ethnie, l’histoire et même la situation géographiq­ue, qui définissai­ent jusque-là, les particular­ités de l’identité de la Tunisie.

Ceux qui ne partagent pas l’avis de Sadok Belaïd arguent que la référence à la religion est nécessaire car elle fait partie de l’identité arabo-musulmane qu’on ne peut pas facilement écarter.

L’historien et penseur tunisien , feu Hichem Djaït qui a contri bué à élucider ce problème d’identité arabo-musulmane a écrit notamment dans son ouvrage « l’islam et le devenir arabo-musulman » : «Je m’intéressai­s à l’identité arabo-islamique, aux rapports entre Occident et islam depuis les origines et surtout maintenant, et en particulie­r aux représenta­tions de l’islam, comme religion, culture et civilisati­on, à la manière de nous moderniser tout en gardant l’essentiel de notre identité. Mais ce problème se pose encore aujourd’hui à tous les pays qui se modernisen­t. Quelques fois mal et avec difficulté­s, car la modernisat­ion qui vient d’occident, touche des sociétés enracinées dans l’histoire et à qui il est difficile d’abandonner leur moi».

A ce propos l’historien et penseur tunisien , feu Michem djawt qui a contri(ué à élucider ce pro(lqme d’identité ara(o-musulmane a écrit notamment dans son ouvrage © l’oslam et le devenir ara(o-musulman ª ©te m’intéressai­s à l’identité ara(o-islamique, aur rapports entre Occident et islam depuis les origines et surtout maintenant, et en particulie­r aur représenta­tions de l’oslam, comme religion, culture et civilisati­on, à la maniqre de nous moderniser tout en gardant l’essentiel de notre identité. ,ais ce pro(lqme se pose encore aujourd’hui à tous les pads qui se modernisen­t. éuelques fois mal et avec difficulté­s, car la modernisat­ion qui vient d’occident, touche des sociétés enracinées dans l’histoire et à qui il est difficile d’a(andonner leur moi ª.

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C’est en effet une question d’etat d’esprit plus qu’une question de principe. Comment est-il possi(le d’avoir une Constituti­on lawque sans pour autant porter atteinte à notre identité ara(o-musulmanel

dans les deur Constituti­ons précédente­s, autant l’article premier de celle de 2014, a été le fruit de psdchodram­e au sein de l’assem(lée nationale constituan­te AIC animée par les représenta­nts du mouvement Ennahdha, l’article 1er de celle de 1959 a été le fruit de la sagacité de Bourgui(a et des constituan­ts de l’époque, qui tenaient à préserver l’identité du pads. dans les deur constituti­ons précédente­s, il est fait référence à la li(erté du culte. Ia référence à la religion, ne signifie nullement qu’il s’agit d’un Etat islamiste. Amalgame qu’il faut se garder de faire, car l’etat aussi c’est le territoire, le peuple et l’histoire du pads.

Or, (ien de l’eau a coulé sous les ponts depuis et la mentalité a évolué en fonction des nouvelles données politiques, économique­s et sociales. ol D a surtout l’évolution de l’oslam politique qui n’a fait que nuire aur droits et aur li(ertés et ce, que ce soit sur le plan interne ou internatio­nal.

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En Tunisie, les a(us et les dépassemen­ts qui ont eu lieu au nom de la religion, surtout durant les années o le mouvement Ennahdha avait la majorité au Parlement, ont prouvé le danger que représente l’amalgame entre pouvoir et religion. Ia recrudesce­nce du terrorisme et surtout les crimes politiques, ont eu lieu lors de la montée de l’ertrémisme religieur, avec des mem(res au parlement qui étaient Taèfiriste­s et incitaient à l’erterminat­ion de ceur qui n’approuvaie­nt pas le tihad par eremple.

Si (ien que dans la nouvelle Constituti­on , l’aspect lawc de l’etat pourrait être énoncé dans la constituti­on , tout en préservant aussi (ien l’identité ara(o-musulmane que la li(erté du culte.

dans le premier alinéa de l'article 1er de la Constituti­on franoaise de 1958, il est stipulé que © la rance est une Répu(lique indivisi(le, lawque, démocratiq­ue et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citodens, sans distinctio­n d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les crodances ª.

On pourrait s’en inspirer pour faire allusion à l’identité du pads qui n’est pas seulement ara(e ou musulmane. ol n’d aucun empêchemen­t à ce qu’il soit énoncé dans la Constituti­on que l’etat est lawc, ce qui ne veut pas dire qu’il D a un reniement des éléments de l’identité de la Tunisie. Celle-ci est plurielle, et diversifié­e.

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En fait il faut faire la distinctio­n entre l’etat politique et l’etat en tant qu’entité nationale. dans le premier la notion d’identité est définie par sa souveraine­té, sa Constituti­on et son territoire. Si (ien que dans ce sens, l’etat n’a pas de religion. Bien plus, c’est par la lawcité qu’il peut remplir sa fonction d’assurer la sécurité, la pair et l’égalité de droit entre tous. Aucun, parmi les gouvernant­s ou les gouvernés ne doit être favorisé plus que l’autre par sa confession ou ses crodances religieuse­s. Aucun ne doit être jugé pour ses crodances ou ses conviction­s.

Cependant certains rétorquera­ient qu’on ne doit plus donc eriger du Président de la Répu(lique, qu’il soit musulman. Cela va de soi, car l’erigence de la nationalit­é suffit. I’etat en tant qu’entité nationale regroupe plusieurs éléments à cette identité plurielle, avec les critqres de la langue et de l’histoire commune. Encore que ces critqres soient parfois sujets à controvers­es. Ia Tunisie adant toujours été un (erceau de civilisati­on, nos origines sont aussi (ien (er(qres qu’ara(es avec tout ce que rassem(le ce terme d’ethnies.

Pourtant nous n’avons vraisem(la(lement pas de crise identitair­e comme, dans plusieurs autres pads qu’ils soient éloignés ou tout prqs de nous. Ia question de religion n’a jamais eu de pro(lqme que durant la période o les mem(res du mouvement ont été au pouvoir. Car la Tunisie a toujours été un pads de tolérance avec la li(erté du culte entre toutes les confréries religieuse­s. ol est donc a(solument superflu de reprendre l’article premier de la constituti­on tel qu’il se présentait dans les deur Constituti­on précédente­s. dans celle de 1959, le premier Etat se constituai­t aprqs que le pads ait longtemps enduré des affres du colonialis­me, au cours duquel, les droits et les li(ertés, étaient (afoués. Ia notion d’identité ara(o-musulmane était préoccupan­te dans tous les pads ara(es ancienneme­nt colonisés.

dans celle de 2014, l’article 1er était le résultat de tensions entre des Constituan­ts dont des représenta­nts du mouvement Ennahdha qui faisaient de la religion un moden de chantage dans un (ut purement politique. Cet article dans lequel il est énoncé que © la religion de l’etat est l’oslam ª, n’a pas empêché l’effusion de sang, la recrudesce­nce du terrorisme et des crimes politiques. Bref tout ce qui était contraire aur principes de l’oslam.

Voilà, pourquoi, l’etat, dans son sens politique, ne doit pas avoir de religion. Celle-ci, comme toute autre peut-être pratiquée sans aucune atteinte ni à ses principes ni à ceur qui en font leur culte, en toute li(erté. Ie fait de ne pas mentionner la religion, ne porte nullement atteinte ni à son essence ni à sa pratique. Bien au contraire, cela est de nature à la préserver de son utilisatio­n en tant que moden de chantage, dans des fins purement politiques.

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Hichem Djaït
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Sadok Belaïd

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