Nous vivrons d’amour, mais pas… d’eau fraîche !
La Tunisie figure parmi les pays touchés par ce manque d'eau. Il y a « stress hydrique » lorsque la disponibilité d’eau par habitant est de moins de 1.700 mètres cubes d'eau. Et « pénurie d’eau » lorsque cette disponibilité d’eau tombe sous le seuil de 1.000 mètres cubes. La quantité d’eau par habitant ne dépasse pas 450 m3. L’agriculture s’approprie 80 % de l’eau prélevée, l’industrie 5 %, le tourisme 2 %, et le reste 13 % va à la consommation et à l’usage domestique. Plus l’eau se fait rare, plus les perturbations de la distribution sont fréquentes et, paradoxalement, plus les tarifs augmentent.
L’observatoire tunisien de l’eau n’adhère pas à cette augmentation des tarifs d’eau. Il a souvent exprimé son attachement aux dispositions des articles 13 et 44 de la Constitution qui consacrent la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles et son opposition catégorique à l’augmentation des tarifs de l’eau, qui lésera davantage les plus démunis. Il a, en outre, réclamé la gratuité des quantités vitales d’eau pour tous les citoyens sans exception et appelé à mettre en place une stratégie efficace de gestion de l’eau. Il exhorte les composantes de la société civile et politique à assumer la responsabilité de défendre le droit des citoyens à l’eau.
La Tunisie doit se doter, en urgence, d’une stratégie d’économie d’eau qui devra prioriser les mesures à prendre pour juguler le stress hydrique. La question cruciale de l’eau est d’abord une affaire de bonne gouvernance pour mettre en cohérence les politiques publiques dans les domaines de l’eau, de l’environnement, de l’énergie, de l’agriculture, de l’économie et de l’aménagement du territoire. La gouvernance homogène appelle aussi une bonne articulation des politiques nationales aux initiatives locales. Outre la construction de barrages, les transferts d’eau et la réalisation de nouvelles usines de dessalement d’eau de mer, il est urgent d’appliquer la notion d’économie de l’eau. Cela suppose d’abord une tarification équitable conçue pour allouer l’eau là où elle est le plus utile et pour inciter les utilisateurs d’eau à en faire le meilleur usage.