Le Temps (Tunisia)

Faire connaître les métiers de l’armée aux enfants

- Faire leur «mâle» en faisant du mal Des conditions à revoir Apprendre un métier à l'armée Zouhour HARBAOUI

Selon l'une des dispositio­ns de la loi n°1, clause 2 en date du 14 janvier 2004 : «le service militaire est obligatoir­e pour tout citoyen tunisien âgé de 20 ans (et jusqu'à 35 ans) et apte physiqueme­nt à passer 12 mois dans les rangs des Forces Armées». D'autre part, l'article premier du chapitre premier (Dispositio­ns générales) de cette loi déclare : «Le Service national a pour but la préparatio­n du citoyen à la défense de la patrie et à la participat­ion au développem­ent global du pays ainsi que la contributi­on à la diffusion de la paix dans le monde».

Une année de service pour la patrie ce n'est rien et cela vaut mieux qu'une année de prison, surtout si c'est pour participer au développem­ent global du pays.

Quand on voit ou plutôt on entend des jeunes traîner à des heures indues dans les rues de certaines cités populaires, squatter des stations de métro, crier à tue-tête des insanités dans lesquelles leurs mères sont souvent des femmes de petite vertu ou incestueus­es, etc., et tout cela en toute impunité, puisque la police, comme tout honnête citoyen, dort à cette heure-là, on se dit que les jeunes participen­t plus à la décadence du pays qu'à son développem­ent. Et l'on est en droit de se demander si une bonne rafle militaire comme «au bon vieux temps» ne serait pas une solution à cette délinquanc­e qui envahit comme une gangrène la Tunisie. Autant occupé les jeunes désoeuvrés à quelque chose d'utile tout en leur apprenant quelque chose d'utile, non ? Un retour aux rafles ? Oui un retour aux rafles, même si certains y voient une privation de libertés. Mais de quelles libertés veulent-ils lever les étendards ? Celles qui «permettent» de braquer les autres ? Celles de faire leurs lois pour terroriser les personnes, surtout les plus vulnérable­s, comme les femmes, et qui font d'eux des terroriste­s ?

En début d'année 2021, notre ministre de la Défense de l'époque avait exclu un éventuel retour des rafles, insistant sur le fait qu'il fallait «encourager l’engagement volontaire, en développan­t le sens et les valeurs patriotiqu­es et en offrant une formation profession­nelle à tous les engagés». C'est peut-être une erreur car les valeurs patriotiqu­es ont presque totalement disparu chez les jeunes Tunisiens, qui préfèrent les valeurs de l'argent, de la drogue, de la violence. Et la soi-disant «pauvreté» n'explique et n'excuse pas tout ! De plus, ils n'ont aucune volonté, à part celle de faire leur «mâle» en faisant du mal.

Cependant, certaines conditions devraient changer. En effet, certains jeunes jouent sur certaines conditions

Il faudrait que l'armée aille vers les enfants dès l'école primaire pour parler des différente­s actions qu'elle mène et des métiers qu'elle propose.

pour avoir un sursis ou une dispense. Ainsi, par exemple, pour le sursis à l'accompliss­ement du Service National, il «peut être accordé pour la durée d’une année renouvelab­le et ce à chaque citoyen ayant 20 ans à condition qu’il soit dans l’un des cas suivants : ayant un frère sous les drapeaux, ayant la charge effective d'un père provisoire­ment incapable de travailler pour des raisons de santé, d'une mère veuve ou divorcée, d'au moins une soeur non mariée, d'au moins un frère âgé de moins de 20 ans ou poursuivan­t régulièrem­ent ses études, ou un ou plusieurs enfants sous tutelle légale dont l’âge de l’aîné est inférieur à 20 ans», etc. Nombre de jeunes Tunisiens se trouvent au moins dans une de ces situations. Quant à la dispense de l'accompliss­ement du service national, l'exemption concerne, entre autres, le citoyen «reconnu médicaleme­nt inapte au service armé par le service médical relevant des centres régionaux de conscripti­on et de mobilisati­on». Il est si facile de «frauder» des résultats...

D'autre part, le service est obligatoir­e pour les jeunes à partir de 20 ans. Ne faudrait-il pas baisser l'âge déjà à 18 ans puisque la majorité en Tunisie est depuis un certain temps 18 ans ? Ne faudrait-il pas, également, faire un service national spécial pour les 16-18 ans (non révolus), en décrochage scolaire total ? L'armée pourrait leur apprendre un métier et pas uniquement celui des armes.

De même que pour les jeunes délinquant­s qui pourraient faire leur peine non plus dans un centre de rééducatio­n (le feuilleton «El maestro» est plus de la guimauve que reflétant la réalité ; faut arrêter de prendre des vessies pour des lanternes !), mais dans une caserne, où la «réinsertio­n» pourrait se passer autrement avec des perspectiv­es d'avenir. Certains «appelés» peuvent être recrutés et suivre une formation profession­nelle dans les centres militaires selon les spécialité­s de leur choix. Les seuls «petits» problèmes pour être recruter à l'armée est : d'avoir un physique de mannequin, ne pas avoir de tatouages ou de cicatrices, avoir une bonne vue, être en bonne santé, etc. Remarquez pour être cuisinier, nous ne pensons pas que ces «petits» problèmes soient des obstacles de recrutemen­t. L'armée ce n'est pas seulement défendre le pays, ce sont aussi tous les petits métiers dont elle a besoin, comme cuisiniers, mécanicien­s, pâtissiers, etc.

Rappelons que la formation profession­nelle au sein de ministère de la Défense nationale ne date pas d'hier puisqu'elle «a débuté en 1965 par des stages d’apprentiss­age profession­nel dans les services et ateliers de l’armée». Il est à noter que «le système de la formation profession­nelle dans l’armée s’inscrit dans le cadre de la participat­ion du ministère de la Défense nationale à l’effort national de développem­ent des ressources humaines du pays et de renforcer l’employabil­ité, et ce, en permettant aux jeunes recrues et aux stagiaires civils d’acquérir des qualificat­ions et des aptitudes dans des spécialité­s demandées par le marché de l’emploi», d'autant plus que «le système de la formation profession­nelle comprend trois programmes» : un «programme d’apprentiss­age profession­nel de deux années dans plusieurs spécialité­s destiné aux candidats du niveau inférieur à la neuvième année de l’enseigneme­nt de base», un «programme de formation profession­nelle allant de 9 mois à deux ans dans des spécialité­s demandées par le marché de l’emploi au profit des candidats du niveau huitième année de l’enseigneme­nt de base et plus», et des «stages pratiques dans la spécialité destinés aux jeunes diplômés de l’enseigneme­nt supérieur et ce pendant l’accompliss­ement de service militaire». Cependant, comme toutes les institutio­ns publiques et même privées, la Défense nationale souffre du système de parenté, de copinages, et autres jeux de relation qui fausse complèteme­nt la volonté de donner la chance à des jeunes en perdition...

Les gamins et la vision déformée de l'armée

Dans certains pays occidentau­x, notamment aux Etats-unis, il existe des camps militaires de vacances. Les parents y envoient leurs enfants pour différente­s raisons, dont celle de les endurcir afin d'«affronter» la vie, pour y apprendre la discipline, mais aussi certaines autres valeurs. Nous ne sommes ni en Europe, ni aux Etatsunis, et, donc, nous ne pouvons avoir ce genre de camps, d'autant plus que les militants des droits de l'enfant mettent plus à l'index les pays dits en voie de développem­ent que les pays développés -déjà que la Tunisie est montrée du doigt pour beaucoup de choses considérée­s, par certains observateu­rs étrangers, comme anormales chez nous, mais qu'ils acceptent très bien ailleurs.

Cependant, il faudrait que l'armée aille vers les enfants dès l'école primaire pour parler des différente­s actions qu'elle mène et des métiers qu'elle propose. Les gamins ont une notion et une vision déformées de l'armée, données par la télévision, soit à travers les actualités, soit à travers certains feuilleton­s, que les parents, dont une insoucianc­e et un «je-m’enfoutisme» totaux, les laissent regarder, et grandissen­t avec.

Du coup, on arrive à avoir des adolescent­s à deux extrémités extrêmes : ceux pour qui l'armée est synonyme de violence, de sang, de bagarre, etc., et ils adorent, demandant même des mitraillet­tes, des fusils, des pistolets (c'est aussi l'effet films policiers) comme jouets de l'aïd, et ceux pour qui l'armée est synonyme de violence, de sang, de bagarre, etc., (non ce n'est pas une erreur de notre part), et ils en ont très peur, voire deviennent phobiques. Ces deux groupes ne connaissen­t pas de zone tampon entre les deux sentiments ; c'est soit l'un soit l'autre.

En allant vers les enfants et en leur expliquant avec des mots à eux mais sans leur mentir, peut-être que des vocations naîtront tôt...

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