Le Temps (Tunisia)

Discussion­s sur la nouvelle manne gazière

- Gazoduc et guerre du gaz Zone contestée

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre italien Mario Draghi sont attendus à Al-qods pour des discussion­s avec des responsabl­es israéliens qui tentent, sur fond de guerre en Ukraine, d'exporter une partie de leur nouvelle manne gazière.

Mme von der Leyen, après un weekend en Ukraine, s'entretient­r avec le chef de la diplomatie israélienn­e Yaïr Lapid, et avec le Premier ministre Naftali Bennett aujourd’hui, a indiqué la Commission européenne, précisant que les discussion­s allaient se focaliser "sur la coopératio­n énergétiqu­e".

Elle doit également rencontrer aujourd’hui le Premier ministre palestinie­n Mohammed Shtayyeh à Ramallah, en Cisjordani­e occupée, à l'heure où l'autorité palestinie­nne attend de l'union européenne le versement de millions d'euros en aide pour l'aider à juguler son déficit budgétaire.

Pour sa première visite officielle au Moyen-orient depuis son accession à la tête du gouverneme­nt italien en 2021, Mario Draghi rencontre à Al-qods le président Isaac Herzog et M. Lapid, et M. Bennett, avant de s'entretenir à Ramallah, en Cisjordani­e occupée, avec M. Shtayyeh, aujourd’hui.

Cette visite du Premier ministre italien devrait aussi se concentrer sur la guerre en Ukraine et la coopératio­n énergétiqu­e, a souligné la presse italienne.

Israël travaille d'arrache-pied pour pouvoir exporter une partie de ses ressources gazières en mer vers l'europe, qui cherche à remplacer les achats de combustibl­es fossiles russes depuis l'invasion de l'ukraine et les sanctions contre le régime de Vladimir Poutine.

Ursula von der Leyen avait d'ailleurs suggéré récemment de mettre fin d'ici à 2027 à la dépendance européenne aux hydrocarbu­res russes.

La crise en Ukraine fait "de l'europe un nouveau marché, en particulie­r pour Israël" qui n'avait jamais considéré le Vieux continent "comme un marché majeur" pour ses exportatio­ns gazières, a déclaré récemment la ministre israélienn­e de l'energie, Karine Elharrar.

Israël est entré récemment dans le cercle des pays producteur­s et exportateu­rs de gaz après la découverte au début des années 2010 de plusieurs réservoirs gaziers au large de ses côtes, en Méditerran­ée, avec des réserves chiffrées à environ 1.000 milliards BCM (milliard de mètres cubes).

Mais deux problèmes de taille se posent pour Israël: l'absence de gazoduc pour relier ses plateforme­s de forage en Méditerran­ée aux marchés du sud de l'europe et un différend avec le Liban voisin sur la délimitati­on d'une partie de sa zone de droit exclusif.

Pour l'exportatio­n, trois grandes options s'offrent aux Israéliens: acheminer son gaz naturel vers l'egypte, voisin déjà relié à Israël par un pipeline, pour ensuite le liquéfier et le transporte­r par bateau en Europe; construire un gazoduc vers la Turquie qui est, elle, reliée au Vieux continent, ou construire une nouvelle route des hydrocarbu­res directemen­t vers le sud européen.

Cette troisième option a déjà un nom, le projet Eastmed, basé sur un accord avec Chypre et la Grèce portant sur la constructi­on d'un gazoduc sous-marin de 1.800 km.

Mais ce projet, chiffré à plus de six milliards de dollars, est onéreux, et pourrait prendre du temps à se matérialis­er. Aussi, les Israéliens souhaitera­ient voir l'italie s'y joindre.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerran­ée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et attisé les contentieu­x frontalier­s.

Le Liban et Israël, officielle­ment toujours en guerre, avaient entamé en octobre 2020 des négociatio­ns inédites sous l'égide de Washington pour délimiter leur frontière maritime, afin de lever les obstacles à la prospectio­n d'hydrocarbu­res.

Les pourparler­s ont été suspendus en mai 2021 à la suite de différends concernant la surface de la zone contestée, notamment sur la zone de Karish. La semaine dernière, des tensions ont ressurgi avec l'arrivée sur le champ gazier de Karish d'un navire affrété pour le compte d'israël par la société d'exploratio­n Energean Plc.

Le Liban a accusé Israël d'effectuer des forages dans une zone contestée. Israël a assuré que le gisement gazier était situé légèrement au sud de la zone contestée, mais bien hors de celle-ci, ce que porte aussi à croire une analyse des images satellites réalisée par le quotidien israélien Haaretz.

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