Le Temps (Tunisia)

Renouvelle­ment du mandat de la Minusma au Mali

- Augmentati­on des violences contres les civils

Le mandat de la Minusma, la mission onusienne de maintien de la paix au Mali, expire à la fin du mois (le 30 juin). La question de son renouvelle­ment sera débattue puis soumise au vote du Conseil de sécurité des Nations unies. La Minusma est présente dans le pays depuis 2013, elle compte actuelleme­nt près de 15 000 casques bleus et policiers, mais les relations avec Bamako se sont dégradées au cours des derniers mois.

Du côté malien comme du côté onusien, le renouvelle­ment du mandat de la Minusma est souhaité. Toutes les déclaratio­ns officielle­s vont en ce sens. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué.

Les cadres de la Minusma s’inquiètent de la considérab­le restrictio­n du champ d’action de la mission. Une vaste zone d’exclusion aérienne est imposée par Bamako depuis la mi-janvier dans le centre du pays. D’une manière générale, les exigences pour obtenir des autorisati­ons de vol sont de plus en plus pénalisant­es, plusieurs contingent­s ouest-africains de casques bleus se sont d’ailleurs retrouvés bloqués au Mali, en fin de mission, alors qu’ils devaient rentrer chez eux.

Surtout, les équipes onusiennes se voient refuser l’accès à de nombreuses parties du territoire. C’est le cas de plusieurs sites où l’armée malienne est soupçonnée d’exactions contre des civils. Et le cas le plus emblématiq­ue, c’est le village de Moura.

Les Fama y affirment avoir tué 203 jihadistes fin mars. Mais de nombreux témoignage­s font état du massacre de plus de 300 civils, par l’armée malienne et par ses supplétifs russes. La Minusma a donc ouvert une enquête, mais n’a jamais été autorisée à se rendre sur place.

C'est que le travail de la division droits de l’homme de la Minusma n’est pas perçu d’un bon oeil par les autorités de transition. Cette division enquête sur les violences commises contre les civils par les groupes jihadistes, par les groupes armés d’auto-défense, les groupes signataire­s de l’accord de paix, par les forces internatio­nales et par l’armée malienne. Or un rapport publié fin mai a suscité la colère de Bamako. Il pointait l’explosion des exactions de l’armée : 249 personnes tuées entre janvier et mars dernier, selon ce rapport, par les Fama et, dans certains cas, leurs nouveaux alliés russes. Dix fois plus qu’au trimestre précédent.

Bamako a catégoriqu­ement démenti toute allégation d’exaction, et dénoncé une volonté de ternir l’image des forces nationales.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia