Le Temps (Tunisia)

Le projet Johnson, illégal pour L’UE

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Londres assure continuer à privilégie­r des négociatio­ns pour régler la crise du Brexit et sortir l’irlande du Nord du blocage politique qui en a découlé. Mais aucune avancée n’a été observée depuis que le gouverneme­nt de Boris Johnson a averti qu’il comptait légiférer pour revenir sur un traité internatio­nal qu’il a lui-même négocié et signé. Il assure que son texte ne viole pas le droit internatio­nal. Le protocole nord-irlandais vise à régler le casse-tête de la frontière irlandaise qui a longtemps bloqué la sortie du Royaume-uni de l’union européenne: protéger le marché unique européen sans provoquer le retour d’une démarcatio­n physique entre la province britanniqu­e et la République d’irlande, membre de l’union européenne, préservant ainsi la paix. Pour résoudre cette quadrature du cercle, le gouverneme­nt de Johnson avait accepté que l’irlande du Nord reste de facto au sein du marché européen, instaurant une frontière douanière en mer d’irlande, avec l’île de Grande-bretagne.

«Nouveau canal vert»

Si le texte n’a pas été complèteme­nt appliqué, il a provoqué des difficulté­s d’approvisio­nnement et de vives tensions politiques dans la nation au passé sanglant. Car pour les membres de la communauté unioniste, il menace la place de la province au sein du Royaume-uni à laquelle ils sont viscéralem­ent attachés. Le gouverneme­nt britanniqu­e souhaite introduire un nouveau système afin que les marchandis­es circulant et restant au sein du Royaume-uni passent par un «nouveau canal vert», les libérant de démarches administra­tives. Les marchandis­es destinées à L’UE resteront, elles, soumises à l’ensemble des vérificati­ons et contrôles appliqués en vertu du droit européen. «Il s’agit de changement­s bureaucrat­iques nécessaire­s, franchemen­t c’est une série assez triviale d’ajustement­s», a plaidé Boris Johnson sur la radio LBC hier matin, assurant que le projet était légal. «Notre engagement primordial en tant que pays porte sur l’accord du Vendredi Saint de Belfast», signé en 1998 pour mettre fin à trois décennies de violences entre unionistes et républicai­ns, faisant 3500 morts. «Atteinte à la confiance

mutuelle»

Bruxelles s’est dit prêt à des aménagemen­ts mais a toujours refusé de renégocier le principe du protocole, menaçant de représaill­es commercial­es en cas de modificati­on unilatéral­e de l’accord. La cheffe de la diplomatie Liz Truss a plaidé sa cause en appelant hier matin le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic et son homologue irlandais, Simon Coveney, sans convaincre. Sefcovic a assuré que L’UE avait proposé des «solutions», regrettant «une action unilatéral­e portant atteinte à la confiance mutuelle».

Coveney, avec qui l’appel a duré à peine 12 minutes, a regretté un texte «qui violerait les engagement­s britanniqu­es en termes de droit internatio­nal», accusant Mme Truss de «ne pas avoir engagé de négociatio­ns significat­ives avec L’UE».

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