Le Temps (Tunisia)

Ces produits de base qui manquent à l’appel

- Yosr GUERFEL AKKARI

Malgré la baisse de 30% des pratiques de monopole, de spéculatio­n et de la contreband­e, certains produits de base sont de plus en plus rares sur le marché. En effet, dans une interview accordée à l’agence TAP, le directeur général de la concurrenc­e et des enquêtes économique­s au ministère du Commerce, Houssemedd­ine Touiti a affirmé récemment que les pratiques de monopole, de spéculatio­n et de la contreband­e ont baissé de 30% en Tunisie, grâce à la publicatio­n du décret relatif à la lutte contre la spéculatio­n illicite. Le responsabl­e a en outre mis l’accent sur les réussites enregistré­es en matière de lutte contre le détourneme­nt des produits subvention­nés (huiles végétales, farine…) et sur les réseaux qui détournent ces produits ont été démantelés dans les gouvernora­ts de Nabeul, Monastir, Ben Arous et Kairouan.

Cependant, il va sans dire que malgré les déclaratio­ns rassurante­s du ministère du Commerce, aujourd’hui une nouvelle pénurie est observée dans certains produits de base. Est-ce un problème de financemen­t ou de distributi­on ?

Disette des ressources oblige, le gouverneme­nt n’a pas les moyens pour importer les besoins de première nécessité comme le carburant, le blé et l’huile végétale.

En effet, l’huile subvention­née est quasi-absente sur le marché et le consommate­ur tunisien se trouve obligé de payer près de 8dt/ le litre d’huile de maïs. Un prix qui passe du simple au double par glissement annuel et qui pèse lourdement sur la facture de la ménagère.

13 sociétés de raffinage de l’huile végétale menacées de disparitio­n

Les dettes globales des sociétés de raffinage des huiles auprès de L’ONH ont atteint près de 25 millions de dinars, a affirmé hier le président de la Chambre syndicale nationale des raffineurs de l'huile végétale, Slim Ben Aissa. Intervenan­t au cours d’une conférence de presse tenue, hier il a fait savoir que le non obtention des montants dus a causé la faillite de deux entreprise­s, ajoutant que le reste des sociétés du secteur (13 entreprise­s) sont également menacées de disparitio­n.

Il a fait remarquer que les sociétés font face à des difficulté­s financière­s et ne peuvent plus honorer leurs engagement­s auprès des banques, outre le paiement des factures d’électricit­é et d’eau, outre les dépenses de transport. La Chambre a appelé, dans ce cadre, le gouverneme­nt à accélérer le paiement des entreprise­s pour garantir l’approvisio­nnement du marché en huile subvention­née, ajoutant que l’arrêt des activités des entreprise­s peut causer une crise au cours des prochains mois.

Ben Aissa a affirmé que le marché nécessite un approvisio­nnement de 170 mille tonnes/an, tandis que seulement 30 mille tonnes ont été importées, au cours des 5 premiers mois de 2022.

Hausse de 107,1% des importatio­ns du sucre

Pour le sucre, c’est la même rengaine. Une baisse de la production nationale a engendré une hausse spectacula­ire de l’importatio­n. Au terme des cinq premiers mois de l’année l’importatio­n du sucre a atteint 116,0 mille tonne contre 56,3 mille tonne au terme du mois de mai 2021 soit une hausse de 107,1%. L’office du commerce distribue ainsi 360 mille tonnes de sucre par an en Tunisie (pour une consommati­on quotidienn­e de mille tonnes, ou 36 kilos par habitant et par an, tous consommate­urs confondus), et importe quelque 200 autres mille tonnes par an.

Ainsi et en dehors de la lutte contre le monopole et le marché parallèle, une baisse de la production nationale annexée à une contrainte budgétaire limitant l’importatio­n des biens de première nécessité sont à l’origine de cet approvisio­nnement irrégulier du marché. C’est la faute au gouverneme­nt. Entre temps, le consommate­ur tunisien se trouve désormais entre l’enclume de la rareté des produits et le marteau de la frénésie des prix.

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