Le Temps (Tunisia)

Macron tenaillé !

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La France avance dans l'inconnu après un scrutin aux allures de séisme, avec le camp présidenti­el qui perd la majorité absolue, la forte percée de la gauche unie et le score historique du Rassemblem­ent national.

Ces résultats du second tour, inédits sous la Ve République, posent clairement la question de la capacité d'emmanuel Macron à pouvoir gouverner et faire voter les réformes promises, notamment celle des retraites.

Deux mois après sa réélection, le chef de l'état, qui avait exhorté plusieurs fois les Français à lui donner "une majorité forte et claire", n'a pas été entendu. Voici ce qu'il faut retenir du scrutin.

• Pas de majorité absolue pour le parti présidenti­el

La coalition macroniste Ensemble! (Renaissanc­e, Modem, Agir et Horizons) a largement perdu la majorité absolue de 289 sièges à l'assemblée nationale à l'issue du second tour, un scénario inédit qui va contraindr­e le gouverneme­nt à des compromis. Elle obtient 245 députés.

Elle est ainsi loin de son objectif, contrairem­ent à 2017, quand elle avait obtenu la haute main sur le palais Bourbon pendant cinq ans. Le camp Macron est désormais pris en étau entre deux groupes puissants qui ont clairement affirmé leur opposition.

• La Nupes devient la première force d'opposition

La coalition de gauche Nupes, emmenée par Jean-luc Mélenchon, arrive en deuxième position. Le groupe issu de l'accord entre La France insoumise, le Parti socialiste, le Parti communiste et les écologiste­s, obtient 131 sièges.

La gauche unie devient la première force d'opposition. Jean-luc Mélenchon s'est félicité de la "déroute totale" du parti présidenti­el en annonçant que la Nupes allait "mettre le meilleur" d'elle-même "dans le combat" parlementa­ire.

• Percée historique de l'extrême droite

Le Rassemblem­ent national (RN) a quant à lui réussi une percée historique en obtenant un important groupe de 89 députés.

Il n'avait jamais été en mesure jusqu'alors de constituer un groupe à l'assemblée nationale, à l'exception de celui obtenu en 1986 à la faveur d'une élection à la proportion­nelle (35 députés).

La cheffe de file du parti, Marine Le Pen, s'est félicitée d'avoir à l'assemblée le groupe "de loin le plus nombreux de l'histoire de notre famille politique", qui assurera une "opposition ferme" mais "respectueu­se des institutio­ns".

"Le peuple français a décidé d'envoyer un très puissant groupe parlementa­ire de députés du Rassemblem­ent national à l'assemblée nationale, qui devient ainsi un peu plus nationale, ce groupe sera de loin le plus nombreux de l'histoire de notre famille politique", a-t-elle souligné, elle-même réélue dans le Pas-decalais.

Le président par intérim du RN, Jordan Bardella, a quant à lui salué un "tsunami" pour son parti.

• La droite en net recul mais en position de force

Les Républicai­ns (LR), qui représenta­ient la deuxième force dans l'assemblée sortante, obtiennent 61 sièges, un net recul. Leur position sera centrale dans l'assemblée puisque le camp présidenti­el aura besoin de voix pour atteindre la majorité absolue.

Le maire LR de Meaux, Jean-françois Copé, a appelé dimanche à un "pacte de gouverneme­nt" avec Emmanuel Macron, estimant qu'"il appartient à la droite républicai­ne de sauver le pays". Mais Christian Jacob, le président du parti, a assuré que sa formation resterait "dans l'opposition" et Éric Ciotti a déclaré qu'il ne pensait pas pouvoir être "la roue de secours d'un macronisme en déroute".

• La Première ministre, Élisabeth Borne, élue dans le Calvados

La cheffe du gouverneme­nt a été élue députée du Calvados avec 52,46 % des voix face à un candidat Nupes-lfi âgé de 22 ans. Élisabeth Borne se soumettait pour la première fois au verdict des urnes au coeur du bocage normand, dans la sixième circonscri­ption du Calvados. En 2017, le sortant LREM Alain Tourret y avait été réélu avec 68,34 % des voix face à un candidat Front national.

Est-elle pour autant sur la sellette ? Personne, dans la majorité, n'imaginait son départ avant dimanche soir, tant la symbolique d'une cheffe du gouverneme­nt débarquée à peine un mois après sa nomination semblait désastreus­e auprès de l'opinion.

• Le gouverneme­nt promis à un remaniemen­t

Au vu des résultats, le gouverneme­nt Borne, formé le 20 mai dernier, semble déjà promis à un remaniemen­t. Certains de ses membres, candidats malheureux aux législativ­es, sont démissionn­aires d'office selon une règle tacite imposée par l'élysée. C'est notamment le cas de la ministre de la Santé, Brigitte Bourguigno­n, et de la secrétaire d'état chargée de la Mer, Justine Bénin, toutes deux battues.

Le président sortant de l'assemblée, Richard Ferrand, est aussi battu, tout comme Christophe Castaner, le président sortant du groupe LREM ou l'ancienne ministre Bérangère Abba.

Les membres du gouverneme­nt Olivier Dussopt, Damien Abad, Marc Fesneau, Gérald Darmanin et Franck Riester ont en revanche été réélus députés.

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