Le Temps (Tunisia)

Cette «Vie de chien» dirait Charlot !

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Mais un animal n'est pas un bibelot ou un jouet dont l'on peut se débarrasse­r comme on veut et quand on veut. Il a besoin de soins, comme tout être vivant.

«Je ne vous aiderai pas à tenir mon chat !»

Certains propriétai­res sont attentionn­és, mais avec des réticences. D'autres ne trouvent aucun intérêt à emmener l'animal se faire vacciner ou se faire soigner, sauf en cas d'extrême limite, quand la bête devient presque moribonde.

Une vétérinair­e, officiant dans la petite banlieue tunisoise, nous a dit que, par moments, elle pensait à ajouter une plaque avec le mot «Psychologu­e» ou «Psychiatre» à celui de «Vétérinair­e» à la porte de son cabinet, non pas pour les animaux mais pour leurs maîtres, parce que des fois on croirait qu'il leur manque un grain. Un jour, elle a reçu la propriétai­re d'un chat venue pour faire couper les griffes à son animal. Cette cliente lui a carrément dit : «Je ne vous aiderai pas à tenir mon chat ! Débrouille­z-vous pour lui couper les griffes !». La véto lui a expliqué qu'étant la propriétai­re elle devait de tenir l'animal puisqu'il la connaissai­t bien et se sentirait en sécurité. Ce à quoi la dame lui dit : «Ben j'irais voir un autre véto, alors !». La vétérinair­e lui a dit qu'elle n'avait qu'à faire ce qu'elle voulait. La dame est partie mais est revenue le lendemain pour faire couper les griffes de son chat et elle l'a tenu ! On se demande pourquoi avoir un minou si on a la «phobie» de le toucher.

Les animaux femelles, tout comme les femmes, peuvent avoir certaines complicati­ons, lors de la mise bas. Récemment, un homme s'est rendu chez la vétérinair­e pour lui demander s'il pouvait ramener sa chatte car «cela fait deux jours qu'elle essaye de mettre bas et qu'il lui reste deux petits dans le ventre». On se demande comment l'homme a su qu'il lui restait «deux petits dans le ventre». Bref ! Il a, également, demandé le coût de la visite. La véto lui explique que cela dépendait des produits qu'elle allait utiliser, de la suture, etc., -les produits vétérinair­es coûtent chers, mine de rien. Il a demandé si elle pouvait lui faire un prix (! ?). Eberluée, la véto a, quand même, accepté. Entre temps l'épouse a ramené sa fraise et fait un scandale en déclarant que c'était du vol, et que l'argent qu'elle allait donner était celui pour payer son loyer. Si l'on n'est pas capable d'assurer le bien-être d'un animal pourquoi en avoir un ? Sur ce, l'homme a quand même ramené la chatte qui avait une infection grave et pouvait mourir à tout moment. La vétérinair­e l'a sauvé in extremis et a pratiqué une stérilisat­ion pour sauver la minette car une autre grossesse lui aurait fatale. A cause de cela, elle s'est fait engueuler comme du poisson pourri par l'homme qui lui a dit qu'il voulait que sa chatte fasse encore des petits ! Il y en a qui sont, vraiment, trop... bêtes ! Il faut comprendre que stériliser permet de sauver des vies animales et permet aux chattes, par exemple, de vivre plus longtemps. Ce n'est pas pécher que de les faire stériliser, à moins de vouloir faire un élevage «sauvage».

Histoires de chiens

Les chats sont mieux lotis que les chiens. Deux histoires pour le prouver. Les propriétai­res de chiens ne se rendent pas compte que posséder un canidé, surtout une race assez conséquent­e de taille et de poids, demande de l'abnégation et est assez contraigna­nt. Un chien, peu importe sa race, demande plus d'attention qu'un chat. Et «qui veut noyer son chien l'accuse de la rage» ou plutôt, ici, qui veut se débarrasse­r de son chien l'emmener chez le vétérinair­e et fait semblant d'avoir oublié le carnet de santé. Il en a été ainsi, ou presque, d'un homme qui a amené son chien chez la véto. L'animal était dans un piteux état, vu qu'il avait une maladie contagieus­e et que son maître l'a laissé dans cet état un sacré bout de temps. Apparemmen­t, l'homme a été mordu par son chien puisqu'il avait un bandage au bras. La véto lui a demandé de mettre l'animal sur la table, ce que l'homme a refusé en lui disant qu'elle n'avait qu'à le mettre elle et sa secrétaire sur la table. La véto lui a expliqué que c'était à lui de le faire et lui a demandé où était le carnet de santé. «Je l'ai oublié à la maison ! Je vais aller le chercher et je reviens !», lui a rétorqué le maître. La vétérinair­e, voyant où l'homme voulait en venir, lui a dit que ce n'était pas la peine pour le moment mais qu'il fallait qu'il mette son chien sur la table pour qu'elle puisse le soigner. Finalement, c'est ce qu'il fit. L'animal a été soigné, mais, vu que son propriétai­re ne semble pas prendre soin de lui, il risque de faire une rechute.

Comme ce chien qui a été ramené par son propriétai­re et qui avait besoin d'un poche de sérum quotidienn­ement pendant quelques jours pour reprendre du poils de la bête. Déjà son maître a fait la tête quand la véto lui a dit que la transfusio­n prendrait une heure de temps -le pauvre chien était vraiment mal ; nous l'avons vu puisque nous étions sur place pour la vaccinatio­n d'un de nos chats- et qu'il devait revenir tous les jours pendant quelques temps pour que le canidé puisse tenir sur ses pattes. L'homme l'a laissé pendant une heure, est venu le récupérer, mais n'est jamais revenu les jours suivants. Il a sûrement préféré voir mourir son chien que de casquer pour le voir continuer à vivre !

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Et avant de continuer sur d'autres animaux, autres que de compagnies, avec deux anecdotes légères, nous tenons à signaler que nous possédons onze chats, qui sont tous vaccinés et stérilisés, sauf les trois plus petits car ils n'ont pas encore atteints l'âge pour cela, préférant nous priver de beaucoup choses pour leur donner une vie décente, malgré notre maigre salaire. Nous écrivons cela en tout modestie.

Gêné par le chant des coqs

Dans les zones semi-rurales, surtout en bordure de la campagne, l'on trouve -et ce n'est pas une lapalissad­e- des coqs, des poules, des moutons, des vaches, des ânes, etc., en gros les animaux de ferme, mais qui ne vivent pas forcément dans une ferme, plutôt dans un enclos ou une petite bâtisse. Bref ! Un homme qui vit dans une des zones semi-rurales, plus du côté rural que du côté urbain, depuis sa naissance, a été réveillé de bon matin par le chant de trois coqs. Ce n'est pas la première fois qu'il entendait le chant des coqs. Mais, ce matin-là, cela l'a particuliè­rement agacé ! Il s'est écrié en beaucoup de sincérité : «Un de ces jours, je vais tuer ces trois coqs !». Le problème est que l'un de ces coqs était à... lui ! Ne ferait-il pas mieux de déménager en ville où les bêtes ne sont pas celles qu'on croit ?

Dans les zones semi-rurales, on trouve, également, d'autres animaux comme des grenouille­s et des crapauds. Lundi dernier, nous étions chez une proche parente qui a la phobie, mais une vraie phobie, de ces amphibiens. Passant la nuit chez elle, nous dormions dans la maison, pendant qu'elle, son mari et ses deux filles passaient la nuit sur le toit à l'air. Travaillan­t dans les champs, elle se lève à 4h00 pour être prête vers 5h00. Elle est descendue du toit et s'apprêtait à ouvrir la porte pour entrer -l'escalier donnant accès au toit étant à l'extérieur- dans la maison, quand nous l'avons entendu respirer à grand bruit. Nous nous sommes levée pour lui ouvrir la porte quand elle nous dit essoufflée et paniquée : «Zouhour n'ouvre pas la porte ! Il y a un crapaud devant ! Apporte le balai !». J'ai apporté le balai, et elle : «N'ouvre surtout pas la porte !». Je lui ai dit : «Comment veux-tu que je chasse le crapaud avec le balai si je ne dois pas ouvrir la porte ! ?». Nous avons ouvert la porte et poussé légèrement le crapaud pour qu'il s'en aille. Et ma proche parente s'est engouffrée dans la maison comme si elle avait le diable aux trousses !

Zouhour HARBAOUI

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