Le Temps (Tunisia)

La bataille s’ouvre pour les postes en or

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A peine les législativ­es terminées, une autre bataille commence. Les 577 députés élus dimanche dernier ont pris cette semaine leurs marques au sein de l'assemblée nationale. A droite et à gauche, les parlementa­ires ont rejoint le palais Bourbon ces dernières heures pour la traditionn­elle photo de groupe.

Mais derrière les sourires, de nombreuses tractation­s sont déjà en cours. Présidence­s de commission, taille de bureaux, groupes d’amitié… « Il faut parfois aller arracher les postes avec les dents », s’amuse un député de la majorité. On fait le point sur les postes en or très disputés au sein de l’hémicycle.

Le plus honorifiqu­e : la présidence de l’assemblée nationale

« Il y a des bagarres pour tout. Mais la première qu’on a eue à l’époque, c’est pour la présidence de l’assemblée nationale, la mère de toutes les batailles », se souvient Alexis Bachelay, ancien député socialiste entré dans l’hémicycle après la victoire de François Hollande en 2012. Avec la défaite de l’ex président Richard Ferrand au second tour des législativ­es dimanche dernier, ce poste très prestigieu­x devrait de nouveau attirer les convoitise­s. Du haut de son perchoir, le quatrième personnage de la République, qui conduit les débats dans l’hémicycle et veille au règlement, dispose de nombreux pouvoirs.

« C’est un poste très politique, avec une notion diplomatiq­ue non négligeabl­e puisqu’il peut recevoir des chefs d’etat. Il revient traditionn­ellement à une personnali­té d’envergure. Le plus souvent, c’est tranché à l’avance avec le soutien du président de la République, mais il y a parfois des élections internes très disputées », assure Olivier Rozenberg, professeur à Science Po, et spécialist­e de la vie parlementa­ire. Le perchoir est connu pour être le siège le plus inconforta­ble de l’hémicycle, mais il a un atout indéniable : un petit boitier magique, qui permet au président de couper la chique de n’importe quel député. C’est donc traditionn­ellement une personne consensuel­le, issue de la majorité, qui s’y assoit. Barbara Pompili, Joël Giraud et Éric Woerth (Ensemble !) sont déjà candidats pour la majorité. Un vote des députés prévu lors de la première séance mardi prochain, dévoilera le nom de l’heureux élu.

Le plus stratégiqu­e : questeur de l’assemblée

C’est l’un des postes les plus prisés au sein de l’hémicycle. Les trois questeurs (deux pour la majorité, un pour l’opposition) « sont chargés des services financiers et administra­tifs ». Autrement dit, ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse, un budget de plus de 600 millions d’euros, tout comme la gestion du personnel, du parc automobile, des restaurant­s ou encore du régime de Sécurité sociale des députés. En clair, rien ne se décide entre les murs du palais Bourbon sans leur accord. « Le poste était très demandé en 2017 car le questeur a quand même la main sur toute l’administra­tion de l’assemblée, il est au coeur de la grosse machine et le salaire de député y est doublé… », confie un député macroniste réélu dimanche.

Le questeur bénéficie d’une indemnité spéciale de plus de 5.400 euros bruts mensuels, qui s’ajoute à l’indemnité de député de base, d’un peu plus de 7.200 euros. Le poste offre aussi des avantages matériels non négligeabl­es : un secrétaria­t particulie­r, une voiture avec chauffeurs ou encore un logement de fonction de 400 mètres carrés à l’hôtel de la Questure. « C’est un poste prestigieu­x, plutôt réservé à des membres séniors, qui s’accompagne­nt en effet de privilèges important. Mais il est surtout question de prestige. L’appartemen­t permet ainsi de tenir des réceptions, d’animer des réunions, et atteste de leur importance politique », ajoute Olivier Rozenberg. Au sein de ces salons, loin de l’agitation parlementa­ire et des caméras, se nouent parfois les tractation­s les plus secrètes. C’est dans ces appartemen­ts que François Hollande aurait noué un pacte de non-agression avec Martine Aubry juste avant son intronisat­ion à l’elysée, rapporte le Point. C’est ici aussi que certains politiques se retrouvent pour des matchs de foot ou des soirées bien alcoolisée­s.

Le plus pratique : un bureau avec couchette

C’est une bataille moins politique mais tout aussi cruciale pour les nouveaux députés. Pour les bureaux, c’est un peu la loterie. « Moi si je pouvais avoir un bureau plus grand, j’essaierais car c’est pratique pour recevoir du monde. Il faut être assez malin avec le président de groupe pour obtenir ce qu’on souhaite », ironise un député Modem réélu. Certains sont équipés du minimum syndical, quand d’autres offrent un cabinet de toilette et un lit. Le site de l’assemblée précise que « 242 députés disposent d’une possibilit­é de couchage dans leur bureau ». Pas inutiles quand les débats s’éternisent jusqu’au bout de la nuit.

« Il y a une dimension pratique, mais encore une fois beaucoup de prestiges. Certains bureaux sont réservés à des fonctions, comme les vice-présidence­s de l’assemblée, ou les présidence­s de commission­s proches de l’hémicycle. Pour le reste, il y a une logique d’ancienneté », indique Olivier Rozenberg.

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