Le Temps (Tunisia)

La COP 27 joue les prolongati­ons

● Blocage sur le financemen­t des « pertes et dommages » réclamé par les pays du Sud ● La conférence prolongée d'un jour, son président exhorte les parties à passer « à la vitesse supérieure »

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L’union Européenne a fait une ouverture, en acceptant le principe de la création d’un « fonds de réponse aux pertes et dommages », assorti de conditions et de la réaffirmat­ion d’objectifs forts en matière de réduction des émissions et d’objectifs de limitation du réchauffem­ent. Une propositio­n de résolution sur les pertes et dommages présentée tard jeudi par les « facilitate­urs » de ce dossier avançait également une option sur la décision de principe sur un fonds spécifique, une demande pressante des pays en développem­ent. La ministre pakistanai­se du Changement climatique, Sherry Rehman, présidente en exercice du puissant groupe de négociatio­ns G77 + Chine, a indiqué vendredi que cette option était acceptable, « avec quelques changement­s que nous avons soumis » et que les négociatio­ns se poursuivai­ent.

Par ailleurs, Le secrétaire général de L'ONU Antonio Guterres a pressé jeudi les participan­ts de trouver « un accord ambitieux et crédible », mais le découragem­ent gagne les pays les plus impactés par les conséquenc­es du changement climatique. « Nous n'avons plus de temps, plus d'argent et plus de patience. Nous devons instaurer, lors de cette COP27, un mécanisme de financemen­t pour les pertes et dommages. La mise en place de ce fonds déterminer­a le succès ou l'échec de notre engagement collectif ici », a expliqué ce jeudi Ralph Regenvanu, le ministre du changement climatique du Vanuatu.

« Retarder la justice climatique serait un déni de justice », a martelé de son côté la ministre pakistanai­se du Changement climatique, Sherry Rehman, au nom du puissant groupe de négociatio­n G77+chine, qui a déposé un projet de résolution sur la création immédiate d'une facilité financière dédiée à ces « pertes et dommages ». « Les pertes et dommages sont un cercle vicieux qui doit être brisé. Le lieu pour le faire, c’est ici. Le temps pour le faire, c'est maintenant, à cette COP27 », a insisté au nom des PMA le ministre sénégalais de l'environnem­ent Alioune Ndoye.

Les pays pauvres, en première ligne

Les Etats-unis et l'union européenne sont toutefois très réticents, mais L'UE a joué l'ouverture mercredi en annonçant plus d'un milliard d'euros de financemen­ts pour l'adaptation en Afrique, dont 60 millions pour les pertes et dommages. Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a également proposé de raccourcir les discussion­s sur le financemen­t des pertes et dommages à un an, au lieu de deux. « Les pays les plus vulnérable­s ont un besoin financier urgent. Et si nous nous enlisons dans des discussion­s sans fin sur la forme que doit prendre cette aide, je pense que nous ne leur rendrons pas service », a dit Frans Timmermans.

Il a dans le même temps insisté sur le fait que, si jamais la décision de créer un fonds spécifique était adoptée, la Chine, premier pollueur et deuxième puissance économique mondiale, devrait faire partie des contribute­urs. « Si la COP échoue, nous perdrons tous », a-t-il insisté jeudi. Pour Bruxelles, la création du nouveau fonds de dédommagem­ent réclamé par les pays du Sud pourrait prendre plusieurs années avant d'être effective. Mais des solutions doivent être trouvées rapidement, même si elles sont loin de répondre à tous les besoins.

Le sujet des pertes et préjudices est rendu plus sensible encore par la multiplica­tion des événements extrêmes dévastateu­rs, illustrée par le cortège d'inondation­s, sécheresse­s ou incendies géants de l'année en cours. Les pays pauvres, souvent en première ligne, sont les moins responsabl­es du réchauffem­ent climatique et ils réclament désormais un mécanisme financier spécifique sur ces dommages, auquel les riches sont très réticents. Les discussion­s financière­s se déroulent dans un contexte de grande méfiance, les pays riches n'ayant jamais tenu un engagement de 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an les financemen­ts de l'adaptation au dérèglemen­t climatique et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre à destinatio­n des pays en développem­ent.

Lula demande des changement­s à L'ONU

Sa venue à la COP27 était très attendue par les activistes climatique­s. Sous une pluie d'applaudiss­ements, aux cris de « Lula, Lula », le président élu du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva a été accueilli en véritable star à la 27e conférence internatio­nale en Egypte, son premier déplacemen­t à l'étranger depuis son élection fin octobre. « Le Brésil est de retour », s'est-il plu à répéter, des mots scandés par ses partisans pendant son discours à la COP27.

Lula da Silva a appelé à des changement­s dans le mode de fonctionne­ment de L'ONU afin de faire avancer les choses. « L'ONU doit changer, elle ne peut pas rester uniquement au service des pays qui ont gagné la Seconde Guerre mondiale. Nous devons avoir des pays africains, de l'amérique du Sud et de l'asie au Conseil de sécurité », a dit le dirigeant brésilien. Sous le mandat du président sortant Jair Bolsonaro, le plus grand pays d'amérique latine s'était isolé sur la scène internatio­nale, notamment en raison des politiques favorisant déforestat­ion et incendies en Amazonie.

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