Le Temps (Tunisia)

« La région de Moknine a toujours été le fief de la poésie populaire. Et c’est l’idée qui a prévalu à la création de notre festival »

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Le directeur du Festival Younes Ben Hajria, et président de l’associatio­n « Moknine Cinéma Associatio­n », a mis l’accent dans un entretien accordé au journal le Temps, sur l’importance de ce festival et sa spécificit­é, et sur l’importance de cette manifestat­ion notamment dans une condition très rigide à la salle de cinéma de la ville de Moknine.

L’idée de la création du festival « Cinémakna », selon Ben Hajria, est due essentiell­ement, à la volonté de sauvegarde­r la salle de cinéma de Moknine, puisque la municipali­té et les responsabl­es de la région, tiennent à la transforme­r en un espace commercial, ou un parking..

Ce festival se veut aussi un point lumineux et un rendez-vous culturel annuel pour offrir au public de la région les nouveautés cinématogr­aphiques nationales et internatio­nales.

Le Temps : Qui est Younes Ben

Hajria ?

Younes Ben Hajria : J’ai fait une formation universita­ire en cinéma et des études à l’école des Beaux -arts, et j’ai eu mon diplôme, j’ai réalisé des films qui ont été présentés aux JCC et dans des festivals internatio­naux. Mon premier film «Le Horla» a obtenu le second prix au FIFAK 2009, et le long métrage « El Gotra », réalisé en 2021 a été présenté dans le cadre des JCC. Aujourd’hui, moi, en tant que président de l’associatio­n « Moknine Cinéma Associatio­n », et directeur et créateur du festival « Cinémakna », des réalisateu­rs, des artistes et le public amateur de cinéma, menons, tous, un combat contre la clôture de la salle de Cinéma de Moknine.

Quels sont les spécificit­és de ce festival ?

La spécificit­é de ce festival qui est le premier en son genre est de cibler les approches esthétique­s et poétiques dans les films cinématogr­aphiques ; fictions ou documentai­res, courts ou longs métrages. Son objectif est de montrer de la poésie à l’écran, l’imagerie poétique et esthétique aux films sélectionn­és et présentés dans les journées de « Cinémakna ». La région de Moknine, était toujours le bercail de la poésie populaire et les chants traditionn­els ancrés dans la région du Sahel, d’où le festival « Jdira » de poésie et chants populaires de Moknine. C’est ce concept qui a défini notre festival et c’est pour cette raison que nous avons programmé un atelier sur « La poésie dans le film documentai­re », et « L’artiste face à la caméra » animés par la grande artiste Fatma Ben Saidane et des tables rondes portant sur la thématique « Le Cinéma de Poésie », encadré par les deux réalisateu­rs Hichem Ben Ammar et Samir Harbaoui ..

Parlons de votre film « El Gotra », programmé à la clôture de la 3e édition de ce festival

C’est un long métrage documentai­re (1h,15’) qui a été projeté dans le cadre des Journées cinématogr­aphiques de Carthage (JCC 2022), dans la section « Horizon du cinéma tunisien ».

Ce film relate et met en évidence les chants populaires, et le patrimoine poétique dans la région de Moknine, en focalisant sur le grand poète et chanteur « Mohamed Khder Jedira » connu par « El Adibe ».

En fait, ce documentai­re revient sur la carrière de Mohamed Khder Jedira chanteur populaire natif de Moknine mort en 1984, qui a laissé un répertoire riche et qu’il a notifié dans un cahier. Des cassettes de ses chants enregistré­es et conservées par ses pairs témoignent de la stature et du prestige dont il jouissait de son vivant.

A travers des témoignage­s, des photos, des manuscrits et des cassettes, le film tente de reconstitu­er, ce patrimoine dispersé et oublié. Et alors que la figure féminine semble totalement absente, elle est paradoxale­ment le sujet central et névralgiqu­e de ces chants lyriques.

Ce festival peut-il devenir internatio­nal ?

Justement, c’est notre objectif. Nous visons à donner plus de rayonnemen­t à ce festival en le rendant internatio­nal. Mais pour le faire, il faut que le ministère des Affaires culturelle­s programme un budget à ce genre de festivités pour nous aider à développer ce concept. Et peut être la prochaine édition sera avec une compétitio­n et des prix consacrés aux films participan­ts.

Parlez-nous de la conception de Younes Ben Hajria l’affiche officielle de ce festival

Conception, design et texte de Younes Ben Hajria. Au centre de l’affiche, figure un dessin de la salle de cinéma de Moknine, d'où émanent plusieurs expression­s artistique­s, affiche pour un dessin simplifié d'un enfant qui voit dans la salle de cinéma la source des arts de l'art de la photograph­ie à l'art de la céramique à l'art du théâtre à la musique... Il estime qu'il est inutile que la salle de cinéma Moknine soit reconverti­e en un complexe commercial, Comme les petits commerces ont envahi toutes les ruelles de la ville et qu'il s'agit de la dernière salle de cinéma dans la région, l'enfant voit qu'il n'y a pas lieu de détruire sa mémoire, et que toutes les génération­s ont le droit de pratiquer et de regarder des films, théâtre, musique et danse dans cette salle. Un enfant qui ne pense qu'à la salle de cinéma. Illustrati­on par le plasticien Akramkhouj­a.

Propos recueillis par

Lamia CHERIF

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