Sociétés animale et sociétés des humains
6.38. Nulle bête rampant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne vive en société à l’instar de vous-mêmes. Et Nous n’avons rien omis dans le Livre éternel. Puis c’est vers leur Seigneur qu’ils feront tous retour.
Nous n’avons pas la prétention par cette rubrique se faire de l’exégèse du Coran. Nous rapportons simplement les explications des exégètes les plus réputés tels que le Cheikh Tahar Ben Achour, Azzamakhchari ou Ibn Kathir, qui relatent les récits concernant les épreuves qu’ont endurées les prophètes et les enseignements du Coran d’une manière générale.
«Il n’y a de bêtes sur terre ou d’oiseaux volant de leurs ailes qui ne vivent en société comme vous» Ces sociétés, comme a dit Moujahed, sont des espèces classifiées dont chacune porte un nom particulier. Mais Qatada précise que hommes, bêtes, oiseaux et génies forment des communautés différentes. Enfin As-souddy a dit que bêtes et oiseaux forment des sociétés comme les humains. « Nous n’avons rien omis dans le Livre du Coran » c’est à dire que Dieu connaît parfaitement ce qu’il a créé sans en rien oublier, comme Il pourvoit à leurs besoins soient-elles de bêtes terrestres ou aquatiques, comme II a dit : « Il n’y a pas de créature sur terre qui n’attende d’allah sa nourriture, dont Allah ne connaisse à la fois la demeure et le lieu de sa mort.
Par ailleurs, le cheikh Tahar Ben Achour ,dans son ouvrage de l’exégèse du Coran, interprète la comparaison des humains avec certaines espèces animales, comme concernant certains aspects de la vie tels que les besoins naturels mais non le niveau intellectuel et civilisationnel. Il attire l’attention également sur le fait que ce verset appelle à protéger et à prendre soin des animaux tels que les animaux domestiques qui peuvent être reconnaissants par leur fidélité. Ce qui prouve qu’ils ont également des sentiments et sont capables de discerner entre le mal et le bien.
C’est dire l’importance qu’accorde l’islam aux animaux. Selon un Hadith rapporté par Muslim ; « Se levant un jour pour la prière, le Prophète Mohammed trouva son chat favori endormi sur son bras. Plutôt que de le perturber, il prit une paire de ciseaux et coupa la manche de son vêtement pour le laisser dormir alors qu’il dégageait doucement son bras. Cette forme de compassion dont fit preuve le Prophète correspond à la vision de l’islam dans son ensemble. Selon un livre sur les animaux en Islam de Hafiz Al Masri, islamologue d’origine indienne, « les chiens n’ont pas été toujours condamnés en Islam et la consommation par les hommes de la nourriture que les chiens amenaient aux chasseurs dans leur gueule était permise. Dieu réprimanda Mohammed parce qu’il ne prêtait pas assez attention à son cheval. Avant que le Prophète n’arrive à̀ Médine en 622, les habitants de la ville avaient pour habitude de couper les bosses des chameaux vivants pour les manger ».
Dans le Saint Coran les fourmis et les abeilles sont particulièrement cités en tant qu’êtres organisés qui travaillent, procréent et produisent en groupes harmonieux et ordonnés.
Ainsi dans la sourate An Nahl il est énoncé : « [Et voilà] ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les treillages que [les hommes] font ».
La philosophie grecque antique avait fait des ruches un objet d’étude ou plus précisément un objet d’usages mythiques, assimilant l’abeille ouvrière à la femme, emblème des vertus domestiques. Aristote (-384 à -322 avant notre ère) disciple de Platon dans sa pratique de la philosophie donne une place importante à la nature et s’est lui-même largement intéressé aux abeilles dans la perspective d’une recherche de savoir et de compréhension du monde. Selon un mémoire de Leila Boudra, chercheuse au conservatoire national des Arts et Métiers à Paris : « Les insectes sociaux sont des insectes vivants, s’organisant en colonies et démontrant une intelligence collective leur permettant de retirer un bénéfice de leur instinct grégaire, (c’est-à-dire qui vit par troupeaux). Parmi les insectes sociaux, on compte : toutes les espèces de fourmis et de termites et certaines espèces d’abeilles et de guêpes par exemple. En effet, certaines espèces d’abeilles sont sociales, notamment les abeilles domestiques ou mellifères. Mais la plupart des abeilles sauvages sont solitaires. Les insectes sociaux et particulièrement les abeilles ont été le sujet d’innombrables réflexions scientifiques. Peu d’autres espèces du monde animal ont davantage fasciné les Hommes ; La ruche par exemple a été largement utilisée comme une métaphore d’un modèle ou d’un contre modèle d’organisation politique et sociale (et cela dès Aristote dans la Grèce antique) ».