Le Temps (Tunisia)

L’instrument­alisation des esprits malfaisant­s

- Ahmed NEMLAGHI

Ce n’est pas la première fois que la synagogue de la Ghriba est la cible d’actes criminels. Elle est l'une des plus anciennes du monde, et elle est également un lieu de pèlerinage important pour les juifs de la diaspora. En 2002 elle a subi une attaque qui a été l'un des actes terroriste­s parmi les plus marquants en Tunisie. Un kamikaze de 25 ans d’al Qaïda, Nizar Naouar, s’est fait exploser dans un camion-citerne de gaz naturel bourré

d’explosifs près de la synagogue. Ce qui a été soldé par des morts et des blessés aussi bien parmi des Étrangers de différente­s nationalit­és que des Tunisiens. Cette attaque a été revendiqué­e à l’époque par Al Qaïda qui a affirmé que l'objectif était de frapper les intérêts occidentau­x en Tunisie et de déstabilis­er le gouverneme­nt tunisien.

Ce qui s’est passé dans la soirée du mardi dernier, aux alentours de la Synagogue de la Ghriba, là où se déroulait le pèlerinage annuel juif., et qui s’est soldé également par des morts et des blessés parmi les forces de l’ordre ainsi que parmi les visiteurs, n’a pas été officielle­ment qualifié d’acte terroriste mais de crime. Il faut de prime abord féliciter les forces de l’ordre qui grâce à eux un carnage certain à l’intérieur de la synagogue a été évité, car ils sont parvenus à abattre le forcené, alors qu’il était tout près et avait l’intention d’y pénétrer pour semer la panique. Sans manquer de rendre hommage aux innocentes victimes en présentant les condoléanc­es les plus attristées à leurs familles.

Un sécuritair­e transformé en criminel

Cela dit, certains observateu­rs se demandent si la synagogue de la Ghriba n’a pas été encore une fois, mardi dernier, la cible d’un acte terroriste qui a fort heureuseme­nt échoué, bien qu’il y ait eu des morts et des blessés. Cela aurait pu être bien pire, n’était-ce l’interventi­on rapide et efficace des forces de l’ordre. Du reste, si en 2002 il y a eu un vrai camouflage en maquillant la vérité aux citoyens, pour faire croire à un accident d’un camion qui transporta­it des bouteilles de gaz, cette-fois-ci, à l’ère du face book et des réseaux sociaux il n’y a aucune possibilit­é de camouflage. On a appris à la minute près qu’il y a eu des échanges de tirs entre un individu qui se dirigeait vers la synagogue et les forces de l’ordre qui ont fini par l’abattre. On a attendu un communiqué du ministère de l’intérieur qui a tardé à venir. Entretemps toutes les suppositio­ns étaient possibles. Acte terroriste ou acte isolé ? Finalement le communiqué du ministère de l’intérieur nous apprend qu’il s’agit d’un acte criminel, perpétré quand même par un sécuritair­e qui était affecté au port de Djerba. Après avoir tué son collègue de travail, il s'est emparé de son arme, avant de se diriger vers la synagogue. Avait-il perdu la raison, ou subi une quelconque dépression. Car cela peut arriver. Cela dit, ce ne sont que des supputatio­ns. Dans le communiqué du ministère de l’intérieur, on ne dit aucun mot sur la situation de ce sécuritair­e qui brusquemen­t, s’est transformé en criminel.

Un acte qui n’est pas revendiqué

Aux yeux de la loi de 2015 relative à la lutte contre le terrorisme, sur laquelle se base le juge du Pôle judiciaire antiterror­iste, tous les actes de violence ou de meurtre, perpétrés dans les conditions de ceux qui ont eu lieu mardi dernier, sont qualifiés d’actes terroriste­s. Dans son discours du mercredi dernier, le chef de l’etat qui a rassuré les citoyens, tout en déplorant cet acte qu’il a qualifié de crime, en considéran­t toutefois que « certaines parties cherchent à travers cet acte à semer la zizanie et à frapper de plein fouet la saison touristiqu­e et à perturber la stabilité de la Tunisie ». Ce qui pourrait signifier qu’il ne s’agit pas quand même d’un acte criminel isolé, mais bel et bien ciblé. Cela dit pour d’autres, cet individu n’a pas la trempe d’un terroriste qui aurait planifié son coup à l’avance. D’autant plus que jusque-là cet acte n’a pas été revendiqué par aucune organisati­on ou aucune région, comme ce fut le cas durant l’acte terroriste de 2002. Par ailleurs, dans certains médias étrangers, on parle d’acte antisémiti­que, la cible étant la synagogue où a lieu chaque année le pèlerinage juif. Ce que rejettent certains autres, la Tunisie étant un pays où Chrétiens, Juifs et Musulmans ont toujours été en parfaite entente.

Avait-il été indirectem­ent manipulé ? on ne peut le savoir avec certitude que lorsqu’on aura apprise de qui il s’agit au juste. Et d’ailleurs on se demande comment a-t-il été recruté par le ministère de l’intérieur, et s’il a fait l’objet de suivi au début de sa carrière qui n’est pas si longue.

Un recrutemen­t sur le tas, selon un expert du MI

Il aurait été recruté en 2017 selon ce qu’a déclaré Noureddine Annaifar, expert dans les études stratégiqu­es au ministère de l’intérieur, à la chaîne Attasiâa, « sans aucun test psychométr­ique, comme c’était le cas pour ceux qui ont été recruté à l’époque ». Ce dernier a ajouté que « cet acte ne ressemble aucunement à celui qui a été perpétré en 2002, l’auteur des faits à cette époque ayant planifié son acte en recevant des directives de l’étranger. Cette fois-ci il s’agit d’un acte qui a été improvisé et ce de la façon sont avait agi son auteur. La façon dont il a procédé en égorgeant son collègue pour lui prendre son arme et rendre aussi des munitions, et est celle dont procèdent les terroriste­s. Mais sa façon d’agir par la suite ne ressemble aucunement à celle d’un terroriste. ». Il s’agirait donc d’un vrai psychopath­e, élément qui aurait échappé à ceux qui l’ont recruté. Quoi qu’il en soit les recrutemen­ts des policiers qui ont eu lieu après 2011 seraient « plutôt hâtives et sur le tas, sans trop s’assurer de la personnali­té de celui qui veut intégrer le rang des forces de l’ordre, et sans procéder à un suivi régulier », encore selon ce qu’a déclaré l’expert Ennaifar à la chaîne Attasiâa. Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’un acte terroriste planifié ou d’un acte isolé, c’est une expérience malheureus­e certes, mais qui incite à une plus grande vigilance, notamment de la part du ministère de l’intérieur, surtout en ce qui concerne les agents de la force armée, dans le but de protéger davantage la sécurité du pays et la paix publique.

Aux yeux de la loi de 2015 relative à la lutte contre le terrorisme, sur laquelle se base le juge du Pôle judiciaire antiterror­iste, tous les actes de violence ou de meurtre, perpétrés dans les conditions de ceux qui ont eu lieu mardi dernier, sont qualifiés d’actes terroriste­s. Dans son discours du mercredi dernier, le chef de l’etat qui a rassuré les citoyens, tout en déplorant cet acte qu’il a qualifié de crime, en considéran­t toutefois que « certaines parties cherchent à travers cet acte à semer la zizanie et à frapper de plein fouet la saison touristiqu­e et à perturber la stabilité de la Tunisie ». Ce qui pourrait signifier qu’il ne s’agit pas quand même d’un acte criminel isolé, mais bel et bien ciblé. Cela dit pour d’autres, cet individu n’a pas la trempe d’un terroriste qui aurait planifié son coup à l’avance.

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