Davantage de ressources humaines à hauteur des objectifs
Le 8 mai dernier, la Banque africaine de développement (BAD) a publié le rapport d'achèvement du projet du programme d'appui à la relance économique et l'inclusion sociale (PAREIS) pour notre pays. Parmi les enseignements
tirés, il est noté que notre gouvernement devrait renforcer la capacité de coordination du programme, notamment en allouant davantage de ressources humaines aux programmes de réformes.
Le projet du programme d'appui à la relance économique et l'inclusion sociale (PAREIS) vient d'être achevé pour notre pays. Ce programme multi-secteur, dont l'exécuteur est notre ministère du Développement et de la Coopération internationale, a un plan de financement de la Banque africaine de développement (BAD) de 60 millions d'euros.
Un accompagnement aux efforts d'atténuation
Comme indiqué dans le document de la BAD, disponible sur son site, le PAREIS vise à contribuer à la relance économique par l'amélioration du climat de l'investissement, la préservation de l'emploi et l'inclusion sociale. Son objectif principal est d'accompagner notre gouvernement dans ses efforts d'atténuation des impacts économiques et sociaux de la COVID-19 par le biais d'une accélération de la relance économique, de la préservation des emplois et de l'inclusion sociale.
Il est également indiqué que pour consolider les réalisations et mobiliser le secteur privé afin qu'il assure pleinement sa contribution à une croissance forte et inclusive, le PAREIS a misé, entre autres, sur la levée des barrières à l'investissement et l'accélération de la création d'emplois. Ce programme a contribué à la suppression de 15 autorisations d'exercice d'activités économiques et de 10 autorisations administratives, au parachèvement de l'élaboration du plan de développement 2023-2025 en garantissant sa cohérence avec la vision et la Stratégie Tunisie-2035, au lancement du programme RAIDET (RAIDA II) visant à promouvoir l'inclusion et l'entrepreneuriat féminin en couvrant l'économie numérique en plus d'autres domaines innovants, à l'élargissement des activités du Fonds d'indemnisation des Dégâts Agricoles causés par les Catastrophes Naturelles (FIDAC) élargies à l’arboriculture et le maraîchage.
Le document précise que PAREIS fait partie des programmes mis en oeuvre dans le cadre des réponses aux défis et aux besoins que connaît notre pays sur le court terme en contexte postpandémique. Il est aligné avec la Stratégie nationale de riposte à la COVID-19 et avec le Plan de soutien économique et social. Il ajoute que cet alignement, dès sa conception, est encore valable à son achèvement, car il demeure encore pertinent. Et le document d'expliquer que le plan de développement pour la période 2023-2025, adopté lors d'un conseil ministériel tenu le 27 décembre 2022, s'appuie sur des mesures sectorielles inscrivant dans la continuité plusieurs mesures d'orès et déjà intégrées dans le PAREIS et, précédemment, dans le Programme d'appui à la réponse à la COVID-19 par l'inclusion sociale et l'emploi (PARISE).
24 mesures réalisées sur les 36
D'autre part, le PAREIS s’aligne sur les deux piliers du Document de stratégie pays (DSP) Tunisie 2017-2021, prorogé à 2023. Ces piliers sont l'ndustrialisation et le développement des chaînes de valeur, et l'amélioration de la qualité de vie des populations des régions prioritaires. Des progrès ont été réalisés dans la mise en oeuvre du PAREIS. Sur les 36 mesures que compte le programme, 24 sont entièrement réalisées et 11 sont en cours de réalisation. Des progrès sont également atteints concernant la réalisation des objectifs et produits du programme.
Pour la BAD, la conception du PAREIS est jugée très satisfaisante parce qu'elle répond aux besoins identifiés et a permis la réalisation des résultats escomptés. En effet, la conception du PAREIS répond à l’urgence humanitaire et économique en contexte de pandémie en évolution rapide et à la nécessité pour notre pays de mobiliser rapidement des ressources budgétaires supplémentaires pour faire face aux effets de la crise.
Ce programme a permis de prêter assistance à plus de de familles à revenu limité ainsi qu'à plus de familles nécessiteuses bénéficiant d'une aide monétaire exceptionnelle temporaire pour faire face aux répercussions de la COVID-19. Ainsi,et selon le document, en plus des 263 mille ménages déjà bénéficiaires de transferts permanents, les transferts exceptionnels en espèces de 200 dinars ont été accordés à 450 mille ménages à revenu limité ayant terminé et validé leur inscription dans le nouveau registre numérique du programme AMEN Social.
D'autre part, afin de réduire le risque d'exclusion, un mécanisme simplifié a permis à 300 mille autres ménages vulnérables supplémentaires non enregistrés dans la base AMEN Social de bénéficier d'un transfert monétaire de 200 dinars. Au total, ce sont donc environ 1.013.000 ménages bénéficiaires soit environ 3,7 millions d'individus qui ont bénéficié directement ou indirectement de ce transfert monétaire.
Des lacunes à combler
Bien que,pour la BAD, dans l’ensemble, la viabilité financière du programme est jugée satisfaisante, il n'en reste pas moins que certaines lacunes restent à combler. Ainsi, selon le document, il serait nécessaire de renforcer la capacité de coordination des réformes dans les départements sectoriels et transversaux concernés, à la fois en s'assurant de l'implication d'autres fonctionnaires en tant que suppléants que les points focaux et en renforçant de manière spécifique les capacités institutionnelles et les ressources humaines aux fins du pilotage et du suivi des réformes dans les départements concernés.
Ce problème de coordination été soulevé maintes fois dans les recommandations. Ainsi, l'on peut lire, dans le document, que le rôle de coordination et de suivi des mesures définies dans les programmes d'appui budgétaires devrait être assuré par un Comité interministériel (réunions périodiques) appuyé par une Unité de suivi technique chargée de la collecte d'informations, de l'élaboration de rapports d'avancement de la matrice des mesures (trimestriels) et de l'évaluation des impacts des mesures. Il est, également, signalé, que notre gouvernement, qui est l'emprunteur, doit apporter une attention particulière aux engagements définis dans le programme, notamment le suivi de la coordination entre les parties prenantes afin de réaliser les objectifs du programme, et que le rôle de l'agence d'exécution -rappelons-le notre ministère du Développement et de la Coopération internationale- dépasse celui de la simple coordination ou de la constatation de l'état d’avancement des mesures dans les ministères sectoriels et transversaux. D'autre part, il a été noté que les progrès apportés par le programme sont néanmoins atténués par des retards dus à la lenteur de la publication de textes d'application et de mise en place du cadre institutionnel adéquat prévu dans des lois, parfois avant-gardistes, dont l'adoption fait partie de la batterie de mesures du programme. Le document préconise l'implication de partenaires économiques et sociaux et de la société civile dans le processus des réformes, et ce, afin de contribuer positivement à l'avancement des réformes et à leur mise en oeuvre. Le document indique que cette mise à contribution des organisations nationales, des ONG et des associations les plus actives et les plus qualifiées pourrait améliorer le degré d'appropriation par les bénéficiaires en intervenant au niveau de la formulation et de la vulgarisation des mesures de réformes ainsi que dans la conception, l'identification et la priorisation des besoins nécessitant un tel investissement.