Les paradoxes de l'ubiquité
Une nouvelle fois, Faten Rouissi surprend en exposant ses oeuvres dans un lieu inattendu. Après le showroom Ford à
Tunis, c'est au tour de l'espace parisien Duvivier Canapés d'accueillir une nouvelle série de l'artiste tunisienne.
Commissaire d'expositions et animatrice de la galerie africaine, Aude Minart accompagne l'artiste tunisienne Faten Rouissi dans son parcours actuel. Elle organise ainsi plusieurs événements qui permettent non seulement de découvrir les multiples approches plastiques de Faten Rouissi mais aussi de saisir les oeuvres de cette artiste dans des espaces inattendus.
Le versant chromatique de Faten Rouissi
Après une exposition intitulée Correspondances du temps présent à la galerie Mille feuilles, Faten Rouissi a ainsi investi le showroom Ford aux Berges du lac, avec une collection rugissante et traversée de traits d'humour.
C'est maintenant à Paris que la complicité entre Aude Minart et Faten Rouissi se matérialise une nouvelle fois. En effet, inaugurée hier, l'exposition portant le titre "Écho" rassemble des oeuvres de trois artistes africains qui sont Yao Metsoko, Zian Alabdeen et Faten Rouissi.
C'est avec une série fraîchement sortie de son atelier à Carthage et intitulée "Ubiquité" que Faten Rouissi expose dans le cadre du parcours artistique "Traversées africaines", une manifestation d'art contemporain qui se déroule à Paris. Le vernissage de cette exposition se déroule dans un lieu original puisqu'il s'agit d'un showroom, situé à Saint Germain, dans la rue Mazarine, là où se concentrent galeries d'art et espaces innovants. Le vernissage a eu lieu jeudi 11 mai et l'exposition se poursuivra jusqu'au mois d'août à l'espace Duvivier Canapés qui se mobilise ainsi pour l'art et pour l'afrique.
Dans sa nouvelle série, Faten Rouissi cultive les fondamentaux qui font le versant chromatique de sa démarche singulière. Pour Faten Rouissi, une oeuvre plastique se doit d'être porteuse de luminosité. C'est ainsi dans la couleur que la matière s'exprime, que les traces se superposent et instaurent le paradoxe d'un ailleurs qui se trouverait in situ. Cette ubiquité est jubilatoire.
La jubilation des couleurs fraîches
Espace autonome, suspendu à des points d'appui qui hésitent entre échappées et matrices, la couleur gicle dans une sarabande de sédiments enchevêtrés.
À rebours, des fragments de fraîcheur jaillissent, lumineux, en rupture avec des plages plus compactes où des éclats traversent la couleur souveraine.
Cette ubiquité est fondatrice. Car pour Faten Rouissi, elle se confond avec un flux, une énergie, des correspondances, des oxymores et des hiatus. Elle est le virtuel dans l'immanence, l'essence d'une dualité toujours éphémère, l'insaisissable qui se répand en toute chose, ce qui est celé en tout lieu siamois.
Ce dédoublement qui se révèle aussi bien dans une sculpture murale que dans le plissé d'une couleur, est d'abord une offrande à la lumière. Il est aussi l'émanation du génie d'un lieu, ce qui, entre un canapé et un guéridon, transfigure un intérieur, y instille une joie vibrante et habille le quotidien de voyelles éminemment rimbaldiennes.
Une nouvelle initiative à mettre à l'actif du duo Rouissi et Minart dont les contributions à la vie artistique sont multiples, à l'image de l'ubiquité de la galerie africaine qui a instauré un réseau nomade d'espaces d'art et une méthode d'exposition qui sublime les oeuvres en les montrant dans les lieux les plus inattendus et remarquables.