Rapprochement sincère ou provocation de Moscou ?
La Russie a annoncé ce mercredi le rétablissement des vols commerciaux avec la Géorgie, et la levée de son régime de visa pour tous les citoyens de ce pays du Caucase. Une décision vécue comme une provocation par Tbilissi.l'annonce de Moscou intervient alors que Tbilissi a été secouée en mars par d'importantes manifestations en opposition à un projet de loi controversé sur les « agents étrangers ».La grande majorité des Géorgiens soutient l'intégration européenne. En décembre, la Commission européenne décidera si Tbilissi obtiendra le statut d'état candidat à L'UE.
Le Kremlin a fait savoir que Vladimir Poutine avait annulé les décrets par lesquels il avait restauré le régime de visa pour les citoyens géorgiens et interdit les vols directs entre les deux pays, en 2019.Ces deux décisions vont « dans le sens de notre approche de principe pour une facilitation progressive des échanges et des contacts » entre les citoyens des deux pays, a indiqué dans un communiqué la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. La porte-parole a ajouté que cette approche était défendue « malgré l'absence de relations diplomatiques » entre Tbilissi et Moscou, rompues depuis la guerre d'août 2008.Entre l’annonce publique et les éloges des dirigeants russes adressés au gouvernement géorgien pour sa politique jugée « sage » de rapprochement avec Moscou, ce geste du Kremlin apparaît comme une récompense faite aux autorités géorgiennes, soupçonnées de rompre les liens avec l’occident et de ramener le pays dans l’orbite russe.
Après l’annonce, le ministère russe des Transports a aussitôt fait savoir que les compagnies aériennes du pays relanceront sept vols hebdomadaires entre Moscou et Tbilissi. Et selon un décret présidentiel russe, les citoyens géorgiens pourront, à partir du 15 mai, entrer en Russie et y rester sans visa pour des séjours inférieurs à 90 jours, à l'exception des séjours pour raison professionnelle.le gouvernement géorgien, lui, s’est félicité du caractère bénéfique que la décision de M.
Poutine aura sur l’économie nationale, notamment le tourisme. Mais ce n’est pas ainsi que l’entendent les opposants au parti au pouvoir, le « Rêve géorgien » de l’oligarque Bidzinaivanichvili, qui ont manifesté ce mercredi soir, dénonçant un pas de plus vers l’intégration de leur pays dans la sphère d’influence russe. De son côté, la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, a qualifié ces décisions russes de « provocation ». Lors d'une conférence de presse, Salomezourabichvili, présidente de Géorgie a déclaré : « Nous n'avons pas besoin d'un régime sans visa, nous n'avons pas besoin de vols directs, rien de tout cela n'est bienvenu tant que la Russie est un agresseur, ce geste de la part des occupants est inopportun et malvenu. »
La Géorgie et la Russie n'entretiennent aucune relation diplomatique depuis l'invasion russe du Nord du pays en 2008.A partir du 15 mai, les citoyens géorgiens seront autorisés à rester en Russie pendant 90 jours. Mais Tbilissi a déclaré qu'aucune entreprise russe sanctionnée n'aura le droit d'opérer dans le pays. « En ce qui concerne les compagnies et les avions non sanctionnés, ceux-ci auront évidemment la possibilité d'opérer et de voler commercialement en Géorgie. Environ un million de nos concitoyens vivent en Russie et cette décision facilitera certainement leurs déplacements », précise Mariam Kvrivishvili, Vice-ministre de l'économie.