Amour et mariage des Vietnamiens d’hier et d’aujourd’hui
Changement. Ces dernières années, les concepts d’amour et de mariage des Vietnamiens ont évolué. Mères célibataires, mariage homosexuel, concubinage et sexe avant mariage sont de plus en plus acceptés.
Dans la société vietnamienne moderne, parents et proches imposent de moins en moins à leurs enfants le choix d’un conjoint. Les jeunes ont plus de liberté pour se rencontrer et choisir leur partenaire. Et le mariage est établi en se basant sur l’amour. L’attitude à l’égard de ces choses est très différente de celle du passé. Au Vietnam, il y a eu une période où deux jeunes tombaient amoureux en chantant et en échangeant des poèmes lors des fêtes du village. Les voix douces et emplies d’émotions des chanteurs et chanteuses interprétant la chanson Muoi thuong (Dix souvenirs) servaient à exprimer leurs sentiments. Ce n’est pas par hasard que la culture folklorique vietnamienne contient autant de chansons et de proverbes louant l’amour et le mariage. L’adage «Aimer, c’est se marier» est intégré chez la plupart des Vietnamiens depuis le conte d’amour populaire de Lac Long Quân et Âu Co, le couple légendaire ayant donné naissance au peuple vietnamien. Le Docteur Trân Trong Duong, de l’Institut d’étude du han-nôm (écritures en idéogrammes chinois et sinovietnamiens), a réalisé plusieurs travaux et projets sur les concepts vietnamiens d’amour et de mariage durant l’histoire du pays. Il raconte que «dans l’histoire vietnamienne, il y a eu plusieurs histoires d’amour célèbres, dont celle du héros national Trân Quôc Tuân, qui a eu un coup de foudre».
Amours légendaires des ancêtres
Le héros national Trân Hung Dao, Trân Quôc Tuân de son vivant (1228-1300), le commandant en chef des armées vietnamiennes (Quôc công tiêt chê) de la dynastie des Trân (12251400), a vaincu à trois reprises les envahisseurs Yuan (dynastie chinoise sous la domination mongole). «Son amour pour la princesse Thiên Thành est légendaire, et a été salué et consigné dans le +Dai Viêt su ký toàn thu+ (Annales complètes du Dai Viêt)», fait savoir le Docteur. «Le roi Trân Thai Tông (1218-1278) avait formellement promis de donner
en mariage la princesse Thiên Thành à un autre général, mais Trân Quôc Tuân a ouvertement exprimé et affirmé son amour pour la princesse, et projeté d’enlever la promise. Finalement, le roi Trân Nhân Tông a dû accepter leur amour et les autoriser à se marier». Selon Nguyên Kim Nhu, cofondatrice du projet Thu
Phât Thanh Dài (Sous la mousse verte en français), qui a pour objet de promouvoir l’histoire du Vietnam chez les jeunes générations grâce à des vidéos interactives, l’amour et le mariage ont un rôle central dans l’histoire du pays. Pour nombre de jeunes, l’histoire semble être ennuyante, mais les histoires d’amour et de mariage sont très intéressantes pour n’importe quel âge. Dans le passé, les Confucéens ont souligné que pour gérer un pays et assurer la paix, il fallait maintenir l’ordre de la famille. Autrefois, les parents utilisaient le mariage de leurs enfants à des fins politiques. Selon Nguyên Kim Nhu, les Vietnamiens suivaient strictement les règles et les coutumes, même si elles étaient obsolètes. Néanmoins, l’histoire regorge de légendes d’amants audacieux surmontant tous les obstacles pour protéger leur amour, comme le roi Lê Thanh Tông (1460-1497) et la reine Truong Lac, ou le roi Ly Thanh Tông (1000-1054) et sa concubine Y Lan. Dans la tradition vietnamienne, le mariage est l’un des trois événements les plus importants de la vie, avec l’achat d’un buffle et la construction d’une maison, car, outre la cérémonie rituelle, le mariage vietnamien exprime nettement l’esprit du peuple, les coutumes, ainsi qu’un sens esthétique. Autrefois, les familles devaient demander au chef du village l’autorisation de marier et d’organiser le mariage pour leurs enfants.
Des coutumes d’autrefois
Ngô Duyên est une des membres du Dai Viêt Cô Phong, le Groupe ancien du Dai Viêt, un des anciens noms du pays, qui est un projet de jeunes lancé en 2014 pour préserver et valoriser des coutumes des Vietnamiens du passé. Elle explique que pour un mariage, les futurs conjoints et leurs familles devaient exécuter six rites de la cérémonie du mariage : le 1er rite, le Nap Thai ou
Cham Ngo, durant lequel la famille du fiancé offre les présents rituels du mariage en les portant au chef de famille de la future mariée ; le Van Danh, ou cérémonie d’échange des noms, avant les fiançailles qui sont une période transitoire durant le processus de mariage ; le Au Nap Cat, qui est effectué devant l’autel par les deux familles afin d’informer leurs ancêtres respectifs que les parties peuvent former un beau couple et sont prêtes pour le mariage ; le Nap Trung, ou fiançailles ; le Thinh Ky, où la famille du futur époux demande à celle de l’épouse confirmation du jour et de l’heure fixés pour la cérémonie principale de mariage ;