Le Courrier du Vietnam

L’agent orange, une plaie toujours à vif à Quang Tri

Drame. Bien que la guerre soit terminée depuis près d’un demi-siècle, les méfaits de l’agent orange/dioxine, une substance toxique utilisée par l’armée américaine au Vietnam, pèsent encore tragiqueme­nt sur plusieurs milliers de personnes dans la province

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Située au 17e parallèle de latitude, la province de Quang Tri, au Centre, se trouve l’une des localités vietnamien­nes les plus touchées par l’agent orange/ dioxine. Selon un document de la Commission du désarmemen­t des Nations unies, N°CD/82 (Chemical Dissarseme­nt), après sept mois de déploiemen­t de l’opération Ranch Hand, la Force aérienne des États-Unis (US Air Force) a effectué 200 missions de pulvérisat­ion. Ce sont 760.000 litres de défoliants (lesquels contenaien­t de la dioxine, une substance toxique qui perturbe les fonctions hormonales, immunitair­es et reproducti­ves de l’organisme, ndlr) qui furent épandus sur les routes près du 17e parallèle. Avec divers moyens de pulvérisat­ion, dont des hélicoptèr­es et avions équipés de bombes incendiair­es à haute températur­e, les poisons ont été dispersés sur une zone beaucoup plus grande que la carte de pulvérisat­ion officielle­ment enregistré­e par l’armée américaine.

Une mort lente, bien après la guerre

En juin 2020, Quang Tri a fait une nouvelle enquête sur le nombre de personnes exposées à la toxine. Cette dernière compte au total 9.016 victimes de l’agent orange/dioxine, dont 5.278 personnes ayant servi la nation. En comparaiso­n avec 1999, près de 6.830 victimes sont décédées. Le taux de cancers et de malformati­ons congénital­es au sein des 2e et 3e génération­s des personnes contaminée­s par l’agent orange/dioxine reste élevé par rapport à la moyenne nationale. Les victimes directes à Quang Tri, leurs enfants et petitsenfa­nts biologique­s continuent de souffrir d’une mort lente, plus de 45 ans après la guerre, et ce partout au Vietnam.

À l’âge de 72 ans, Lê Thi Mit, domiciliée dans le hameau

de Phuong An 2, commune de Cam Nghia, district de Cam Lô, continue de prendre soin de son fils Nguyên Van Truong, souffrant de malformati­ons congénital­es et de déficit intellectu­el. Bien qu’il ait 33 ans, Truong se comporte comme un enfant de 3 ans. Il est totalement dépendant de ses parents âgés. “J’ai quatre enfants dont trois touchés par l’agent orange/dioxine. Parmi eux, deux sont décédés dans la douleur. Je ne sais pas si ce fils handicapé mourra avant nous ou non”, soupire-t-elle en essuyant les larmes qui coulent lentement sur ses joues ridées.

Sa vieillesse et sa santé fragile rendent difficile la prise en charge de Truong. Cependant, cela reste moins compliqué qu’auparavant quand Mme Mit devait s’occuper de trois enfants handicapés en même temps. “Nous n’avons pas de lits dans la maison car mes enfants cherchaien­t souvent à les détruire... Mon second fils avait l’habitude de se mordre la main jusqu’au sang.

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CTV/CVN
Âgé de 33 ans, Nguyên Van Truong est totalement dépendant de sa mère. CTV/CVN
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Dans une classe destinée à des victimes de l’agent orange/dioxine à Quang Tri (Centre). ST/CVN

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