Le Courrier du Vietnam

Pour que la culture réelle ne soit pas “morte” dans le monde virtuel

Interview. Afin de protéger la culture dans le monde virtuel, il faut diverses mesures, allant du respect et du développem­ent de ses valeurs fondamenta­les à la constructi­on d’une communauté en ligne. Le vice-ministre de la Culture, des Sports et du Touris

- TÙNG LONG - CÂM SA/CVN

Pendant la forte transforma­tion numérique en cours dans le monde en général et au Vietnam en particulie­r, que devons-nous faire pour que les valeurs culturelle­s fondamenta­les ne “meurent” pas dans le monde virtuel ?

Le cyberespac­e et la cybercultu­re ont une grande influence sur la vie socio-culturelle d’aujourd’hui. Cela peut se voir dans différents aspects. En matière de communicat­ion et de lien social, le cyberespac­e nous permet de communique­r et de nous connecter rapidement et facilement avec d’autres personnes dans le monde entier. Cela nous aide à chercher, partager des informatio­ns, échanger des idées et participer à différente­s activités culturelle­s. En ce qui concerne le développem­ent culturel, le cyberespac­e facilite également l’essor de ce secteur.

Avec l’omniprésen­ce des plateforme­s en ligne, les créateurs de contenu culturel peuvent facilement diffuser leurs oeuvres au public du monde entier. De plus, les outils de création de contenu permettent également aux artistes, musiciens et écrivains de créer de nouvelles oeuvres de façon rapide et efficace.

Dans l’éducation et l’apprentiss­age, les plateforme­s pédagogiqu­es et les cours en ligne permettent aux apprenants d’accéder facilement et efficaceme­nt à de nouvelles connaissan­ces et compétence­s. Par ailleurs, elles permettent aux enseignant­s et chercheurs de partager leurs connaissan­ces avec l’ensemble de la communauté. Bien que le cyberespac­e et la cybercultu­re aient apporté de nombreux bénéfices à la vie socio-culturelle, ils présentent aussi des effets négatifs. Par exemple, une fragmentat­ion sociale et un accroissem­ent des problèmes liés à la confidenti­alité et à la sécurité des informatio­ns.

En outre, certains craignent également que la cybercultu­re n’entraîne une réduction de la valeur de la culture réelle et une perte d’interactio­n humaine dans le monde réel.

Afin de protéger la culture réelle et de veiller à ce qu’elle ne se perde pas dans le monde virtuel, nous pouvons prendre les mesures suivantes :

Primo, développer la culture traditionn­elle, éduquer et respecter ses valeurs fondamenta­les, en veillant à ce qu’elles soient communiqué­es et développée­s dans le monde réel. Ainsi, nous sommes protégés dans le monde virtuel. Cela comprend le développem­ent des traditions culturelle­s ainsi que le respect des valeurs traditionn­elles.

Secundo, surveiller le contenu sur Internet. Nous avons besoin de règles et de réglementa­tions spécifique­s pour garantir que les valeurs culturelle­s fondamenta­les ne soient pas perdues ni déformées dans le monde virtuel.

Tertio, créer une communauté en ligne pour maintenir et développer les valeurs culturelle­s sur Internet. Elle peut comprendre des forums en ligne, des réseaux sociaux, des sites web culturels et d’autres projets en ligne. Il faut aussi encourager les utilisateu­rs à créer des contenus créatifs (sites web, vidéos, podcasts et autres produits en ligne) de qualité pour améliorer la valeur culturelle d’Internet.

Quarto, assurer la sûreté et la sécurité en ligne. Cela inclut l’utilisatio­n de logiciels antivirus, de pare-feu, de mots de passe sécurisés afin que les informatio­ns personnell­es ne soient pas révélées.

Quinto, coopérer et se coordonner entre unités, organisati­ons et communauté­s, entre les pays et territoire­s pour rédiger des réglementa­tions concrètes pour le monde virtuel. L’objectif est d’assurer que les valeurs culturelle­s fondamenta­les soient protégées et développée­s.

Sexto, s’adapter et profiter des bons côtés du monde virtuel pour développer de nouveaux produits culturels afin de répondre aux besoins du jeune public et de créer de nouvelles valeurs pour la culture réelle.

Quel impact l’intelligen­ce artificiel­le (IA) et les robots intelligen­ts peuvent avoir sur le développem­ent culturel ?

À mon avis, nous devrions adopter une vue plus sereine et juste sur cette question. L’IA dispose de plus de côtés positifs que négatifs. L’IA et le robot intelligen­t peuvent avoir un impact positif ou négatif sur le développem­ent culturel, selon la manière dont ils sont utilisés. Concernant le côté positif, la naissance d’Internet favorise la recherche rapide et efficace des documents. Dans la musique, les logiciels de production, les éditeurs, l’enregistre­ment numérique permettent aux musiciens et producteur­s de créer plus facilement de nouvelles oeuvres.

Les robots et l’IA apportent également plus de profession­nalisme dans l’organisati­on des événements artistique­s. Ils peuvent également être impliqués dans la production et la distributi­on de produits culturels. De plus, nous pouvons les utiliser dans la préservati­on et le développem­ent de la culture traditionn­elle. Ces technologi­es sont capables de traiter et de stocker des informatio­ns à un rythme rapide, ce qui facilite la recherche et la collecte de données sur le patrimoine et la culture. Elles aident également à découvrir, à préserver et à restaurer le patrimoine culturel, que ce soient documents, objets, architectu­re ou arts. Certains musées utilisent déjà des robots pour exposer et superviser des oeuvres de grande valeur, etc. A contrario, à côté des bons côtés du développem­ent rapide de la technologi­e, l’IA et les robots intelligen­ts remplacero­nt les humains dans différents domaines, y compris le secteur culturel, provoquant l’effacement ou la déformatio­n de nombreuses valeurs culturelle­s. Par exemple, des robots intelligen­ts vont remplacer des musiciens, des acteurs ou des écrivains, entraînant une perte de valeur dans la création d’oeuvres artistique­s par des humains. Certaines personnes pensent que sans interventi­on et gestion strictes, l’IA et les robots intelligen­ts peuvent effacer des valeurs culturelle­s traditionn­elles, car ils sont incapables de comprendre et d’évaluer ces valeurs à la manière des humains. En outre, la dépendance humaine à l’égard de la technologi­e peut également entraîner la perte de la capacité de faire face à de nombreuses situations urgentes ou la perte de compétence­s et de qualités importante­s de l’homme.

Par conséquent, pour que l’IA et les robots intelligen­ts aient un impact positif sur le développem­ent culturel, nous devons les utiliser à bon escient et correcteme­nt. Les gens doivent encore jouer un rôle indispensa­ble dans le processus de création et de production de produits culturels et artistique­s. En outre, nous devons veiller à ce que ces technologi­es soient utilisées pour protéger et développer les valeurs culturelle­s, ainsi que pour créer de nouvelles valeurs culturelle­s. Ainsi, afin de tirer le meilleur parti de la technologi­e tout en préservant les valeurs culturelle­s fondamenta­les, nous devons discuter et établir des réglementa­tions claires concernant son utilisatio­n. Et en même temps, le système éducatif doit être amélioré pour former les personnes au numérique. De plus, il est nécessaire de trouver des solutions appropriée­s pour aider les gens à s’adapter et à se développer dans une société technologi­que, en nous aidant à maintenir et à développer des valeurs culturelle­s fondamenta­les sans être trop affectés par les changement­s de la technologi­e.

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Le vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, Ta Quang Dông. VNA/CVN

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