Vers un marché du travail flexible, moderne, durable et intégré
Emploi. Le Vietnam est actuellement dans sa période démographique dite “en or”, mais la qualité de ses travailleurs laisse toujours à désirer. Le ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales Ðào Ngoc Dung échange avec VnEconomy.
Monsieur le ministre, le marché du travail du Vietnam a été évalué ces dernières années comme se développant bien. Mais récemment, il a souffert de l’impact synergique de la pandémie de COVID-19. Comment l’expliquez-vous ?
Le marché du travail vietnamien a été officiellement formé et développé depuis 1986 (l’année de lancement de la politique de Renouveau). Ces dernières années, il s’est développé de manière assez synchrone dans tous les aspects. Premièrement, le système juridique a été perfectionné de manière relativement synchrone et complète, créant un cadre juridique favorable au développement du marché du travail.
Deuxièmement, l’offre et la demande de maind’oeuvre se sont accrues, la qualité de l’emploi s’améliore de jour en jour.
Troisièmement, nous avons progressivement formalisé une partie du secteur du travail informel. La structure de la main-d’oeuvre a connu une évolution positive dans le sens d’une réduction du taux de travailleurs dans le secteur agricole, d’une augmentation de celui dans les secteurs de l’industrie et des services ; d’une diminution des emplois vulnérables et d’un accroissement des emplois protégés.
Quatrièmement, les salaires se sont nettement améliorés, la productivité du travail et la compétitivité de la main-d’oeuvre ont été rehaussées. Cependant, outre les aspects positifs, le marché du travail vietnamien a récemment souffert de l’impact synergique de trois éléments : la pandémie de COVID-19, la 4e révolution industrielle et la transformation numérique. La bonne nouvelle, après les impacts de l’épidémie sur les deux années 2020-2021, c’est que le marché de l’emploi s’est redressé et s’est stabilisé en 2022 plus rapidement que les prévisions. La population active âgée de 15 ans et plus a atteint environ 51 millions de personnes, le revenu moyen des travailleurs s’est également amélioré, atteignant plus de 7 millions de dôngs par mois, ce qui témoigne des grands efforts des entreprises et des salariés après la pandémie.
Par ailleurs, la 4e révolution industrielle pose de nouveaux problèmes, dont la réduction, voire la disparition de nombreux anciens emplois et techniques, l’apparition de nouveaux emplois et nouvelles compétences ; l’intelligence artificielle, les robots et les machines jouant un rôle de plus en plus important dans la production et remplaçant plusieurs postes actuels. Par rapport aux pays développés de la région et du monde, le Vietnam compte une proportion modeste de travailleurs titulaires de diplômes et de certificats (26,2%), ce qui constitue un défi important pour accroître la productivité. Dans le contexte actuel d’intégration internationale où le marché accepte la mobilité de la main-d’oeuvre entre les pays,
les Vietnamiens désireux de travailler à l’étranger doivent se conformer aux “règles du jeu” communes, c’est-à-dire aux normes internationales du travail.
Alors, avec les effets synergiques des trois questions susmentionnées, notamment de la pandémie de COVID-19, quelles limites et faiblesses le marché du travail vietnamien a-t-il révélé, Monsieur ?
La pandémie de COVID-19, sans précédent, et l’influence inévitable de la 4e révolution industrielle et de la transformation numérique ont révélé certaines limites du marché du travail vietnamien : Primo, l’offre et la demande de main-d’oeuvre n’ont pas satisfait le marché du travail moderne, flexible, durable et intégré, ce qui se reflète dans le nombre encore très modeste de travailleurs hautement qualifiés. De plus, il n’y a pas suffisamment d’emplois durables pour répondre à la demande des travailleurs, ce qui se traduit par la forte proportion de main-d’oeuvre dans l’agriculture et la sylviculture, mais faible dans l’industrie. Secundo, le marché du travail vietnamien est encore excédentaire et connaît un développement inégal. Il existe toujours un déséquilibre entre l’offre et la demande de main-d’oeuvre locale entre les régions et les secteurs économiques. Le mécanisme de connexion offre-demande et d’auto-équilibrage du marché est encore faible en raison d’un système d’information pas complètement développé.
Tertio, la gestion du marché présente de nombreuses limites tant au niveau des méthodes que des administrateurs, ce qui conduit à des prévisions inexactes et à la proposition de solutions inefficaces.
Quarto, le système de sécurité sociale n’est pas encore capable de prévenir, de surmonter et de faire face durablement aux risques pour les salariés.
Quelles solutions le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales propose-t-il pour résoudre les problèmes du marché du travail, en 2023 et les années suivantes ?
Notre objectif primordial est d’investir dans l’homme, de développer des ressources humaines de haute qualité et un marché du travail flexible, moderne, durable et intégré.
Cette année, nous continuerons à mettre en place des mesures afin d’assurer la capacité à fournir du personnel aux entreprises en fonction des exigences du marché.
Afin de développer un marché du travail flexible, moderne, durable et intégré, il faut continuer à déployer des mesures fondamentales à long terme. Premièrement, continuer à perfectionner les institutions, politiques et lois de manière synchrone et unifiée afin que le marché du travail se développe de manière flexible et efficace ; à spécifier les normes du travail conformément aux conditions du Vietnam et aux normes internationales, aux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), aux accords de libre-échange de nouvelle génération que le Vietnam a engagés et ratifiés ; à améliorer l’efficacité de l’organisation et du fonctionnement du marché du travail ; à se concentrer sur son développement et la formation de nouvelles compétences, à lier l’offre à la demande, et tendre vers des emplois verts et durables.
Deuxièmement, assurer les droits des salariés sur leur lieu de travail, promouvoir la création d’emplois durables et à revenu élevé, garantir la sécurité humaine, l’égalité des opportunités et la justice sociale, en ne laissant personne de côté. Investir dans la prévision de l’offre et de la demande, développer un système d’information sur le marché du travail avec pour tâche principale d’établir une base de données nationale de main-d’oeuvre moderne, synchrone, connectée et partagée avec les bases de données sur la population, les entreprises, les assurances.
Troisièmement, soutenir le développement du réseau de sécurité et d’assurance en fournissant des informations et des services de conseil juridique gratuits aux employés ; les aider à participer aux marchés du travail nationaux et étrangers ; élaborer des politiques d’assistance au développement des marchés du travail spécifiques, en particulier le marché du travail rural et celui hautement qualifié.