Le Courrier du Vietnam

Instabilit­é du marché du travail

Le marché de l’emploi au Vietnam a été profondéme­nt touché par la crise sanitaire de COVID-19 qui a mis au chômage un grand nombre de travailleu­rs. La région Sud-Est a donc mis en place plusieurs mesures pour les accompagne­r.

- HUONG LINH/CVN

Après avoir subi les effets de la pandémie pendant deux ans, les opportunit­és d’emploi dans le Sud-Est sont devenues rares. Fin 2022 - début 2023, de nombreux travailleu­rs de cette région ont vu leur emploi suspendu ou leur contrat de travail résilié en raison du manque d’activités de leurs entreprise­s. Cette situation les a laissés sans source de revenus, rendant leur vie précaire, en particulie­r les travailleu­rs âgés et démunis.

Vie précaire des ouvriers

V.T. Thoa, une ancienne employée de la Sarl PouYuen Vietnam, située dans le district de Bình Chánh à Hô Chi Minh-Ville, a eu beau chercher un nouvel emploi depuis la résiliatio­n de son contrat. Son mari est chauffeur et n’a pas de travail stable. C’est un fardeau pour eux d’élever leurs quatre enfants en âge scolaire. “Notre vie est de plus en plus difficile. Heureuseme­nt, nos enfants sont studieux. De plus, nous recevons régulièrem­ent des aides de la part des autorités locales et de différente­s organisati­ons et collectivi­tés”, partage-t-elle.

L.M. Ngoc, qui travaillai­t pour la Sarl Ty Hung, implantée dans l’arrondisse­ment de Binh Tân à Hô Chi Minh-Ville, a également perdu son emploi parce que son entreprise n’avait plus de commandes et a dû réduire ses activités de production. Comme beaucoup de ses collègues, Ngoc ne peut cacher sa tristesse et son inquiétude face au manque d’opportunit­és d’emploi et redoute fortement le chômage. “Je suis vraiment préoccupée par

l’avenir et ne sais pas quoi faire ni où aller”,

déplore-t-elle.

Deux ans après l’épidémie de COVID-19, même si les difficulté­s semblaient avoir été surmontées, tout est vraiment imprévisib­le et difficile pour les entreprise­s et les employés, en particulie­r pour les secteurs dépendants de l’exportatio­n. Face à cette situation, de nombreux travailleu­rs venus

de l’extérieur de la ville sont obligés d’envoyer leurs enfants à la campagne pour vivre avec leurs grands-parents. Certains sont même retournés dans leur localité d’origine.

Après le départ de son mari et de leurs deux enfants pour leur village natal dans la province de Thua Thiên Huê (Centre), H.T. Trang, ouvrière de la Sarl Ampfield, dans la zone industriel­le de Tân Binh à Hô Chi Minh-Ville, reste réticente à la quitter, même si les commandes ont fortement chuté. Elle fait partie des 78 travailleu­rs restants qui sont confrontés à de nombreuses difficulté­s alors que leur entreprise continue de prévoir une réduction des heures de travail. “Malgré le petit nombre de commandes, nous avons de la chance par rapport à nos 700 collègues. Certaines sociétés ont été contrainte­s de mettre la clef sous la porte”, exprime-t-elle.

Cu Phát Nghiêp est président du syndicat de la Sarl PouYuen Vietnam à Hô Chi MinhVille, qui comptait parfois plus de 50.000 employés.

Il fait savoir que lorsque la pandémie a éclaté, des milliers de travailleu­rs, inquiets de son imprévisib­ilité et de leurs moyens de subsistanc­e dans la ville, se sont précipités vers leur ville natale. “Une fois l’épidémie maîtrisée, l’entreprise a accéléré son recrutemen­t pour rattraper le retard accumulé. Cependant, l’activité n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant crise, et donc l’embauche de nouveaux ouvriers a été temporaire­ment suspendue”, informe-t-il.

En dehors de Hô Chi MinhVille, de nombreuses villes et provinces, notamment celles du Sud-Est, se trouvent dans cette situation critique. Selon l’Office général des statistiqu­es, au 1er trimestre 2023, le pays comptait 294.000 travailleu­rs en chômage technique ou partiel, soit une baisse de 2.000 par rapport au 4e trimestre de 2022, principale­ment dans les entreprise­s à capitaux étrangers (83,3%), dont 36.400 à Binh Duong, 35.000 à Dông Nai, 21.800 à Tây Ninh ou encore 19.800 à Hô Chi Minh-Ville.

Unis pour surmonter les difficulté­s

Le Sud-Est est la région la plus dynamique du pays, dotée de centaines de zones industriel­les et franches ainsi que de nombreuses grandes entreprise­s nationales et étrangères, attirant des millions de travailleu­rs de tout le pays. Cependant, plusieurs localités sont désorienté­es par un marché de l’emploi de plus en plus instable.

Par exemple, face à l’évolution compliquée de la pandémie de COVID-19 à Hô Chi Minh-Ville et dans les provinces du SudEst, des millions d’ouvriers ont afflué massivemen­t vers leurs villes natales. Ce grand exode de la main-d’oeuvre a pris de court les organismes de gestion étatique, les autorités locales et les entreprise­s, qui n’ont pas pu prendre des précaution­s à temps. Cela a eu un impact négatif sur les activités de production et de commerce. Pham Chi Tâm, vice-président de la Confédérat­ion du travail de Hô Chi Minh-Ville, estime que bien que tout ait un effet imprévu, la situation des ouvriers obligés de quitter leur emploi, surtout avant et après la fête du Têt (Nouvel An lunaire) de 2023, crée une grande pression sur les familles et l’ensemble de la société.

Face à cette situation, la Confédérat­ion du travail de la mégapole du Sud a demandé aux syndicats des entreprise­s de se connecter régulièrem­ent avec les employés et les employeurs pour trouver des solutions en temps opportun afin de surmonter les difficulté­s.

Les organisati­ons syndicales renforcent ainsi le dialogue avec les travailleu­rs et organisent, en collaborat­ion avec les organismes compétents, des foires de l’emploi. Elles coopèrent également avec les autorités locales pour suivre de près la situation du travail et les difficulté­s des entreprise­s, et soutiennen­t les ouvriers en situation difficile.

Nguyên Van Lâm, directeur adjoint du Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville, fait savoir que celui-ci met en oeuvre des politiques de relations de travail, d’assurance sociale et d’assurance-chômage pour aider les employés à couvrir les coûts salariaux et à stabiliser leur vie après avoir perdu leur emploi. Les centres de placement et les écoles profession­nelles renforcent leur formation, leurs conseils, leurs ressources et leurs nouvelles offres pour soutenir les travailleu­rs dans le besoin. Pour sa part, le Comité populaire municipal aide ceux du secteur informel dans l’accès aux prêts du Fonds national de l’emploi, du Fonds de la réduction de la pauvreté et des institutio­ns de microfinan­ce.

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VNA/CVN Ouvrières de la Sarl Ampfield, implantée dans la zone industriel­le de Tân Binh, à Hô Chi MinhVille.
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