Nécessité d’un mécanisme de gestion des ressources humaines
La pandémie et les évolutions compliquées du marché du travail national et international ont soulevé la question de renforcer la gestion étatique de la main-d’oeuvre ainsi que d’améliorer les prévisions.
De nombreuses entreprises du Vietnam, notamment celles dans le Sud-Est, font face à une pénurie de commandes en raison de la conjoncture économique mondiale défavorable. Beaucoup de travailleurs sont donc obligés de prendre des congés par rotation, de réduire leurs heures de travail, voire de démissionner. Cette situation perturbe non seulement le marché du travail et de l’emploi de toute la région, mais affecte également la gestion de la main-d’oeuvre.
Selon le vice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, Lê Tân Dung, le Sud-Est comptait, en 2021, 10,487 millions de salariés, représentant 20,31% du total national, répartis dans plus de 353.000 entreprises, soit 41,2% du pays. En 2021, il a été fortement touché par la pandémie de COVID-19, impliquant deux tiers des travailleurs.
Pour surmonter les obstacles, d’après le vice-ministre Lê Tân Dung, il est nécessaire d’améliorer le mécanisme de gestion des ressources humaines, de mettre l’accent sur la formation d’un personnel qualifié, conforme aux orientations de développement socio-économique de la région. La priorité doit être donnée aux filières de pointe, capables de stimuler et de favoriser le développement d’autres secteurs, notamment les nouveaux métiers et les compétences d’avenir.
Manque de données
Hô Chi Minh-Ville est actuellement l’une des localités ayant le plus grand nombre d’entreprises en activité et de travailleurs tous secteurs économiques confondus. Une proportion significative de cette main-d’oeuvre provient d’autres provinces, représentant environ 20% de la population de la ville. Compte tenu de l’impact de l’épidémie de COVID-19 ainsi que de l’évolution récente du marché international, le Comité populaire municipal a identifié de nombreuses questions concernant la gestion étatique des ressources humaines. “Le défaut est que la base de données de suivi et de gestion de la maind’oeuvre ne répond pas encore aux exigences de la gestion de l’État”, a indiqué un responsable de la mégapole du Sud.
En effet, selon la réglementation, les organisations et les entreprises doivent informer l’agence chargée de la main-d’oeuvre du changement de leurs employés. Mais en réalité, seules 10% d’entre elles s’y conforment.
“Le manque d’un mécanisme de gestion des travailleurs entraîne des limitations dans la mise en oeuvre des politiques de soutien en matière
de bien-être social en leur faveur du niveau central au local. Il faut plus de temps aux autorités locales pour recenser, établir la liste des personnes qui ont besoin d’une assistance urgente de l’État faute de données disponibles, en particulier celles relatives aux travailleurs migrants et aux employés dans le secteur informel”, selon le représentant du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville.
Par conséquent, il est important de renforcer l’application des technologies de l’information dans la gestion de la population et de la main-d’oeuvre. Il faut aussi mettre à jour périodiquement les informations sur les changements de statut de résidence, d’emploi, ainsi que sur les politiques de soutien de l’État.
Améliorer les prévisions
D’après les experts de l’emploi, ces derniers temps, les prévisions sur l’évolution du marché du travail présentaient encore des limites en raison d’un système incomplet de données, d’un manque de coordination entre secteurs et localités dans la fourniture d’informations.
Trân Anh Tuân, spécialiste en prévision de la main-d’oeuvre et président du conseil scientifique de l’Institut vietnamien de formation et de développement des ressources humaines, a mis l’accent sur la mise en place d’un système d’informations complètes et précises sur le marché du travail, limitant le déséquilibre entre l’offre et la demande de maind’oeuvre locale.
Selon le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, il est important d’évaluer pleinement la situation du marché du travail non seulement au niveau local mais aussi au niveau régional. Cela facilitera la régulation des ressources humaines selon les besoins.
Pour Ngo Duy Hiêu, viceprésident de la Confédération générale du travail du Vietnam, dans le contexte de nouvelles technologies et plateformes numériques, le système d’information sur le marché du travail et les centres de services pour l’emploi jouent un rôle de plus en plus crucial dans la connexion de ce marché. Par conséquent, il est nécessaire de renforcer le placement en ligne, ainsi que d’innover en matière de collecte d’informations sur le marché du travail en réalisant des enquêtes en ligne.
Les experts du marché de l’emploi ont recommandé d’établir des applications de collecte d’informations sur l’offre et la demande de travail qui sont connectées à des bases de données nationales communes telles que celles sur la population, l’assurance sociale, l’enregistrement de la création d’entreprises et les données fiscales. Cela permettra de mieux comprendre les activités des entreprises et des salariés, en particulier des travailleurs migrants.
Au niveau régional, les localités du Sud-Est doivent gérer efficacement leurs ressources humaines, mettre à jour les informations sur le chômage, le déplacement des lieux de travail, les besoins en formation professionnelle et les secteurs qui recrutent.
Les services compétents ont besoin de renforcer la gestion étatique de l’offre et de la demande de main-d’oeuvre, en établissant une base de données sur le marché du travail dans la Région économique clé du Sud comme dans chaque localité.