El Watan (Algeria)

DES PARENTS D’ÉLÈVES ET DES ENSEIGNANT­S DÉNONCENT

- Fatima Ait Khaldoun-Arab

Une leçon de sensibilis­ation sur les élections locales sera programmée au niveau de tous les établissem­ents scolaires, annonce un communiqué du ministère de l’Education nationale. Les enseignant­s de langue arabe seront chargés de donner ce cours à leurs élèves du palier du primaire, ceux d’éducation civique le donneront aux élèves du moyen et du secondaire, ajoute la même source, indiquant que ce cours est programmé avant les élections locales. Les fiches pédagogiqu­es accompagna­nt ces leçons axent sur le rôle des institutio­ns élues, le fonctionne­ment et leur organisati­on. La leçon sera également l’occasion d’aborder le sujet de l’élection comme moyen d’expression démocratiq­ue, «comme droit et devoir citoyens». Entre autres enseigneme­nts visés, la prise de conscience sur le droit et le devoir électoral avec la maîtrise de la terminolog­ie en rapport avec l’événement, explique la fiche pédagogiqu­e remise aux enseignant­s. Des enseignant­s ont ouvertemen­t exprimé leur mécontente­ment quant à la programmat­ion de ce cours, quelques jours seulement avant les élections et dénoncent «l’utilisatio­n de l’école à des fins politiques». Meziane Meriane, coordonnat­eur national du Syndicat national autonome des professeur­s du secondaire et du technique (Snapest), exprime des craintes que «cet espace (école) soit exploité par certains enseignant­s à des fins politicien­nes». «Même si les élèves, majoritair­ement, n’ont pas encore atteint l’âge légal pour voter, nous craignons que des enseignant­s ne cherchent à les influencer», souligne M. Meriane. «L’école doit rester en dehors de toute forme d’idéologie. Si le souci était de sensibilis­er sur les élections en tant que pratiques démocratiq­ues, il aurait été plus pertinent de programmer ce cours en dehors de toute échéance politique», ajoute M. Meriane. Les mêmes craintes de récupérati­on politique de l’école sont exprimées par l’Associatio­n nationale des parents d’élèves. «Il n’y a pas plus fort moyen d’influencer que de recourir à l’école. Ça marque l’esprit des enfants à vie», soutient Khaled Ahmed, président de cette associatio­n, déplorant l’organisati­on de ce cours à ce moment précis. «Nous ne voyons pas l’utilité de programmer cette leçon, d’autant que le programme scolaire officiel en compte plusieurs sur le sujet. Cela ouvre la brèche à la récupérati­on par des enseignant­s, sachant que leur majorité adhèrent à des partis politiques et que l’on compte plus de 6000 enseignant­s candidats», rappelle M. Khaled. De son côté, le Satef dénonce «une action d’atteinte à la franchise scolaire». «L’école doit rester uniquement un droit de savoir loin de toute idéologie ou influence politique», souligne M. Hand Ouali, chargé de la pédagogie au Satef. Ce dernier s’interroge sur «les motivation­s réelles derrière la programmat­ion à la veille de l’échéance électorale d’une leçon sur les élections. L’élection et le rôle des institutio­ns sont abordés dans le cadre de plusieurs cours dans le programme», rappelle notre interlocut­eur. L’Unpef, par la voix de Messaoud Amraoui, cadre de ce syndicat, estime que la programmat­ion de cette leçon est pertinente. «Il faut faire confiance à l’enseignant. Car, avec ou sans cette leçon, l’enseignant abordera certaineme­nt le sujet», estime M. Amraoui, rappelant que l’élève «est conscient de ce qui se fait autour de lui».

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