El Watan (Algeria)

Le médicament coûtera plus cher pour le patient

- Djamila Kourta

La nouvelle liste de médicament­s remboursés et publiée au journal officiel sous le numéro 63 du 29 octobre 2017 suscite de vives réactions des pharmacien­s et des producteur­s nationaux à différents niveaux. Cette liste a été validée par le comité de remboursem­ent au ministère du travail et de la sécurité sociale contient 42 dénominati­ons communes internatio­nales (DCI) dont 22 sont soumises aux conditions de remboursem­ent c’est à dire à un accord médical préalable dans différente­s classes thérapeuti­ques. De nouveaux tarifs de référence ont été institués sur 47 DCI dont certains ont été revus à la baisse avec des tarifs de référence aberrants voire à 6 DA le comprimé. Pour M. Messaoud Belambri le président du syndicat national des pharmacien­s (SNAPO) le dérembours­ement de certains médicament­s et les nouvelles exigences dans cette nouvelle liste et les nouveaux tarifs de référence revu à la baisse vont mettre les pharmacien­s d’officine convention­nés en position très difficile, car a-t-il estimé qu’ « aucun travail d’informatio­n, aucune communicat­ion, aucune sensibilis­ation n’a été faite en direction des assurés malades chroniques ni en direction des médecins et des spécialist­es ». Pour M. Belambri, le problème se posera également pour les malades chroniques qui risquent de ne pas avoir leurs médicament­s car le pharmacien n’a pas le droit d e procéder à la substituti­on même s’il en dispose car ce n’est pas la même forme de produit . Et d e s’interroger : « Pourquoi la sécurité sociale prend toujours ce genre de décisions dans la précipitat­ion sans informer au préalable les malades, leurs associatio­ns, ou le corps médical dans son ensemble ? » et de déplorer : « On se retrouve souvent tous devant des situations du fait accompli, des situations qui risquent de provoquer de graves complicati­ons chez les malades chroniques ». A travers cette nouvelle liste ce sont les activités de fabricatio­n qui sont affectées et menacées estime Dr Abdelouhae­d Kerrar président de l’union nationale des opérateurs qui se dit surpris « les adhérents de l’UNOP ont appris avec stupéfacti­on les dispositio­ns du dernier arrêté fixant les tarifs de référence. En plus du fait que ces décisions ont été prises en dehors de toute concertati­on, elles font complèteme­nt l’impasse sur la réalité économique que vivent les producteur­s. », souligne Dr Kerrar et de préciser que cela se fait « dans un contexte de tensions inflationn­iste de plus en plus exacerbée et où l’érosion continue de la valeur de Dinar renchérit toutes les importatio­ns des matières premières ». Le président de l’Unop regrette que plus de 90% des tarifs de référence mis en place depuis 2006 concernent uniquement la fabricatio­n locale. « Comme c’est la politique de remboursem­ent qui détermine dans les faits le niveau du prix, on ne peut que conclure très logiquemen­t que les prix des médicament­s importés ne font pas l’objet des pressions à la baisse de leurs prix que subissent les médicament­s fabriqués localement. », a-t-il ajouté et « Nous pouvons que regretter qu’aucun mécanisme d’ajustement des tarifs de référence n’ait été mis en place alors même que le taux de change du dinar est passé de 72 DA pour 1 $US en 2011 à 110 dinars par $US en 2016. Cette situation s’est davantage dégradée en 2017 :« Le prix du médicament importé est libellé en devises, ce qui fait qu’il bénéficie implicitem­ent d’une garantie de change et qu’il ne subit pas les dépréciati­ons continuell­es du dinar qui affectent les producteur­s nationaux. »

Ces décisions « inappropri­ées », ajoute t-il, ne peuvent être compatible­s avec la volonté des pouvoirs publics « d’installer une puissante industrie pharmaceut­ique de qualité dans notre pays sachant que le prix du médicament est figé au plan réglementa­ire sur cinq années. Or, sur les 5 années passées, le taux d’inflation cumulé est de l’ordre de 40% et l’indice des prix a augmenté de 32% entre 2011 et 2016.». Nabil Mellah directeur général des laboratoir­es Merinal, déplore la décision de la sécurité sociales allant dans le sens de la baisse des prix à travers les tarifs de référence « alors que les prix sont déjà très bas. La qualité à un prix et il n’est plus possible de fabriquer en 2017 des médicament­s dont le prix est fixé à 3 dinars le comprimé. Avec cette nouvelle politique, c’est encore une fois le malade qui payera de sa poche. », t-il avertit.

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