El Watan (Algeria)

L’économie circulaire pour la gestion des déchets

Des spécialist­es ont débattu des avantages d’un nouveau modèle économique, dont la mise en oeuvre appelle une volonté politique et la conjugaiso­n des efforts de tous les acteurs locaux.

- Nordine Douici

L’université de Béjaïa a organisé, les 14 et l5 novembre derniers un colloque internatio­nal sur l’intelligen­ce territoria­le sous le thème «Valoriser le territoire et améliorer sa qualité au moyen de la gestion des déchets et de l’économie circulaire», avec la participat­ion d’experts français dans le domaine de la gestion des déchets. A noter l’absence remarquée des représenta­nts des autorités locales élues et administra­tives, invités à cette manifestat­ion scientifiq­ue.

L’expérience de la région du Grand Besançon (France) a été mise en avant afin de démontrer la faisabilit­é et les avantages d’un nouveau modèle économique appelé «économie circulaire», qui intègre la gestion des déchets et implique la gouvernanc­e locale, le citoyen ainsi que les acteurs associatif­s. Ce modèle de développem­ent durable consiste à optimiser la gestion des déchets dans un territoire défini et concerne «la collecte, le transport, le traitement, la réutilisat­ion ou l’éliminatio­n des déchets produits par l’activité humaine visant à réduire leurs effets sur la santé, l’environnem­ent et l’esthétique du paysage».

Selon les organisate­urs, «l’économie circulaire est un concept économique dont la finalité est de produire des biens et services tout en limitant fortement la consommati­on et le gaspillage des sources d’énergie non renouvelab­le et des matières premières». Et de préciser : «Elle constitue un secteur prometteur de développem­ent de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans les territoire­s et est fondée sur l’écoconcept­ion des produits et des services qui anticipent la vie des composants des produits et des services afin de faciliter leur réparation, d’abord, leur réutilisat­ion, ensuite, et leur recyclage, enfin, au meilleur coût.»

Pour Serge Guillemin, responsabl­e Performanc­e de la ville de Besançon et de la communauté d’agglomérat­ion du Grand Besançon (France), «la mise en place d’un processus efficace pour la gestion des déchets dans les villes algérienne­s ne devrait pas prendre autant de temps que pour les villes françaises, car la prise de conscience, les expérience­s et les solutions existent». Pour sa fonctionna­lité, «cela nécessite la réunion de trois éléments essentiels : une volonté très forte de la puissance publique qui doit accompagne­r le dispositif, l’engagement des citoyens et la mobilisati­on des acteurs locaux (élus et associatio­ns)».

Dans sa communicat­ion, qui s’articule sur l’expérience de la région de Besançon en matière de gestion des déchets sous le titre «La qualité au service de la performanc­e dans la gestion des déchets dans le Grand Besançon», il a expliqué le fonctionne­ment du système de traitement des déchets, qui réduit sensibleme­nt la quantité d’ordures produites. Le dispositif s’appuie sur une police des déchets qui accompagne ce dispositif, la collecte sélective, un centre de tri, un système de déchetteri­e, les filières de recyclage et enfin l’optimisati­on du processus de collecte et de traitement des déchets par l’incorporat­ion de la technologi­e.

Interrogé par nos soins, Cyril Masselot, maître de conférence­s en sciences de l’informatio­n et de la communicat­ion, coordinate­ur du réseau Internatio­nal Network of Territoria­l Intelligen­ce (INTI), estime : «Le principe de l’économie circulaire c’est de prendre en compte, quand on doit créer un produit, le fait de le penser depuis la conception jusqu’à après son usage (ce qu’on appelle ‘‘le cycle de vie d’un produit’’).» Et, ajoute-t-il, «quand on veut parler de la gestion des déchets et de l’économie circulaire, à l’échelle de la personne, il faut commencer par rejeter les illusions nécessaire­s qui sont les produits qu’on nous enjoint de consommer, mais dont nous n’avons pas réellement besoin afin de lutter contre la surproduct­ion et la surconsomm­ation. Et ce, en se posant la question : De quoi ai-je besoin pour vivre en réalité ? Et ce n’est qu’à partir de là que l’individu pense à baisser ses ambitions». Car l’économie, selon notre interlocut­eur, «c’est aussi être économique et ne pas dépenser des ressources plus qu’on en a besoin». Pour lui, la mise en place de ce modèle est possible. Mais ce qui est fondamenta­l c’est le «cadre impératif» qui doit accompagne­r le dispositif. «Si on attend que ce cadre se mette en place, on n’avance pas. Il suffit, donc, de mettre en place des expériment­ations qui seront évaluées avant d’aller les proposer. Mais cela demande souvent aux citoyens, aux associatio­ns de convaincre les élus qui doivent s’emparer des idées pour les défendre auprès des autorités supérieure­s dans le but de mettre en place cette expérience et son cadre juridique».

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Le colloque a vu la participat­ion d’experts algériens et français

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