Vers une procédure de destitution aujourd’hui du président Robert Mugabe
Le président Robert Mugabe ignore les appels à son départ de tout un pays. D’où la procédure de destitution.
Le parti au pouvoir au Zimbabwe s’apprête à engager, aujourd’hui, la procédure de destitution du président Robert Mugabe, rapporte l’AFP citant des députés de la Zimbabwe African National Union-Patriotic Front (Zanu-PF), formation politique du Président. Ce dernier a jusqu’ici ignoré les appels à la démission formulés par son propre parti. «Nous espérons une session des deux Chambres du Parlement demain (...). Nous espérons que la motion (lançant la procédure) passera demain», a déclaré, hier devant Paul Mangwana, un haut responsable de la Zanu-PF, avant une réunion d’urgence des députés et sénateurs du parti. «Nous voulons nous débarrasser de cet animal appelé Mugabe, il doit partir», a indiqué de son côté le député Vongai Mupereri, en ajoutant que le parti dispose des «voix suffisantes» pour le faire. La Zanu-PF a retiré dimanche à son chef toutes ses fonctions dans le parti et a menacé de le destituer s’il ne démissionnait pas avant lundi. L’ultimatum ayant expiré, le parti s’apprête à en tirer les conséquences. Selon la Constitution zimbabwéenne, l’Assemblée nationale et le Sénat peuvent engager à la majorité simple une procédure de révocation du Président pour «faute grave», «manquement à la Constitution », «violation délibérée de la Constitution» ou «incapacité». Une commission d’enquête conjointe est alors formée pour formuler une résolution de destitution, qui doit ensuite être approuvée à la majorité des deux tiers. La Zanu-PF compte accuser Robert Mugabe «d’avoir autorisé sa femme à usurper des pouvoirs» et de «ne plus être en capacité physique d’assurer son rôle compte tenu de son grand âge», a précisé le député Paul Mangwana. Le président Mugabe, à la tête du Zimbabwe depuis son indépendance en 1980, est accusé d’avoir favorisé sa femme Grace dans la course pour sa succession, au détriment de l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa. Le limogeage de celui-ci, il y a deux semaines, a entraîné un coup de force de l’armée, qui a pris le contrôle du pays dans la nuit de mardi à mercredi derniers.
APPELS IGNORÉS
Lors de son discours télévisé dimanche, le président Mugabe, âgé de 93 ans, a refusé de quitter ses fonctions. Il a même annoncé qu’il présiderait le mois prochain le congrès de son parti, malgré son expulsion de la direction de la Zanu-PF. Insistant sur le fait qu’il reste le «commandant en chef» du pays, il a reconnu «les problèmes» soulevés par les militaires, mais indiqué qu’ils doivent être résolus «dans un esprit de camaraderie zimbabwéenne». Déclaration qui ne tient pas compte de l’appel de tout un pays. Et de surcroît, le vieux dirigeant est lâché par tous ses soutiens. Très influents sur la scène politique du pays, les anciens combattants de la guerre d’indépendance lui ont à nouveau ordonné hier de partir. «Epargne d’autres troubles au pays. Sinon, nous allons ramener le peuple du Zimbabwe dans les rues», lui a lancé, hier, devant le chef des vétérans, Chris Mutsvangwa. Il a confirmé l’organisation demain d’une nouvelle manifestation antiMugabe dans la capitale Harare. Soutenues par l’armée, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient déjà envahi samedi les rues de la capitale Harare et de la deuxième ville du pays, Bulawayo au Sud-Ouest. Hier des centaines d’étudiants ont manifesté sur le campus de l’université de Harare pour exiger le départ du chef de l’Etat. Le chef historique de l’opposition, Morgan Tsvangirai, a également exprimé sa frustration après un discours du Président, selon lui, «totalement contraire aux aspirations du peuple». «La soi-disant négociation avec l’armée n’a pas abouti à la sortie digne que la nation espérait», a-t-il relevé. Depuis le coup de force des militaires, Robert Mugabe s’est retrouvé isolé. Ces derniers tentent de négocier à l’amiable son départ afin de lui préserver son statut de héros de la guerre d’indépendance. Lors de sa réunion d’urgence dimanche, la Zanu-PF l’a remplacé à sa tête par l’ancien vice-président Mnangagwa, présenté à cette occasion comme candidat à la présiden-