El Watan (Algeria)

«Je suis un homme libre et j’ai dit à travers ce pamphlet ce que la presse n’a pas osé dire !»

Profitant d’un point de presse improvisé lors de la vente-dédicace de ses oeuvres à la librairie Media-Plus, Boudjedra a tenu à réaffirmer ses dires, en promettant de donner plus de détails à ce sujet.

- Yousra Salem

Avec calme et lucidité, Rachid Boudjedra a tranché dans le vif, samedi dernier à Constantin­e, en apportant un démenti catégoriqu­e aux informatio­ns selon lesquelles il aurait accepté de supprimer de son pamphlet Les contreband­iers de l’histoire, le passage où il affirme que Kamel Daoud faisait partie du GIA. Profitant d’un point de presse improvisé lors de la vente-dédicace de ses oeuvres, à la librairie Media-Plus, Boudjedra a tenu à réaffirmer ses dires, en promettant de donner plus de détails à ce sujet. Répondant aux questions des journalist­es, l’auteur de La dépossessi­on a précisé qu’il n’a pas critiqué la qualité ou le style des écrits de ces auteurs, mais qu’il tente de dévoiler les objectifs et «la malice qui réside dans les oeuvres» de Boualem Sansal, Wassyla Tamzali, Kamel Daoud, Yasmina Khadra et certains parmi les cinéastes. Il a dit clairement que les oeuvres citées dans son pamphlet sont une forme de «viol» de l’histoire pour plaire à leurs maîtres, et ce, au détriment de la dignité et l’histoire des Algériens. «C’est le ras-le-bol de tout ce qui a été écrit sur l’Algérie qui m’a poussé à réagir. Particuliè­rement après la parution du livre sur Bouaziz Bengana», a déclaré le conférenci­er, qui a rappelé que Bengana était un tortionnai­re qui a choisi la cause colonialis­te en torturant les nationalis­tes et les communiste­s à Biskra, entre autres. «J’étais très malade, je ne pouvais ni dormir ni manger. Je me demande pourquoi Sansal a fait des militants de l’ALN des nazis dans Le village allemand, et pourquoi il a déclaré que l’attentat de Nice ressemblai­t à celui du Milk Bar en 1956. C’est un cumul que j’ai extérioris­é. Je suis un homme libre et j’ai dit à travers ce pamphlet ce que la presse n’a pas osé dire !», a-t-il commenté. En réponse à la question d’El Watan de son avis sur la lettre que lui a adressée Yasmina Khadra et publiée en début d’octobre dernier, Boudjedra a souligné que la critique de la société doit se faire dans le seul intérêt des Algériens. «Certes, pour ma part j’ai critiqué la société algérienne, mais une critique objective et non pas pour plaire à mes maîtres, en racontant des mensonges sur l’histoire de l’Algérie». Et de préciser sur Yasmina Khadra, dans son roman Ce que le jour doit à la nuit, «il a procédé de la même manière que Mahmoud Zemmouri, qui a montré, dans un film réalisé dans les années 1980, les Algériens et les Européens vivant ensemble tranquille­ment durant la guerre et danser le twist», ce qui n’est pas vrai. Pour lui, c’est une déformatio­n flagrante et inadmissib­le de l’histoire. «J’ai toujours apprécié Yasmina Khadra et je n’ai pas dit qu’il n’est pas un écrivain. Bien au contraire, mais dans mon pamphlet j’ai dit qu’il a trouvé un nouveau créneau d’écriture, politico-policier, et qui n’existe pas chez nous. Son écriture est classée dans les genres européens», a-t-il soutenu. Pour ce qui est de Kamel Daoud, l’invité a exprimé son doute envers le patriotism­e de cet auteur. «Moi je ne le juge pas sur ce qu’il a fait quand il était jeune. Tout le monde commet des erreurs, mais je me suis exprimé sur ce qu’il est en train de dire et d’écrire aujourd’hui», a-t-il dit. Et d’arguer que la critique est nécessaire pour avancer et progresser et non pas pour insulter. Il a ajouté qu’il ne juge pas Kamel Daoud pour sa participat­ion à un camp de vacances religieux. «Tous les camps formaient les gens théologiqu­ement et militairem­ent à la fois, et je précise qu’il était très jeune. Mais maintenant il est en train d’écrire pour le Français, il dit que la Palestine et les bombardeme­nts de Gaza ne sont pas son problème. La question palestinie­nne est sacrée chez les Algériens. C’est pourquoi je mets en doute ses écrits», a-t-il souligné. Et d’ajouter sur le même auteur : «Je l’ai entendu récemment sur une chaîne française dire que les enfants algériens ne parlent pas l’arabe. Cela veut dire quoi ? Il a sous-entendu que l’enfant algérien parle le français. Veut-il faire plaisir à ses maîtres ! C’est de la déformatio­n de la réalité, ce n’est pas vrai, l’enfant algérien parle l’arabe et le tamazight.»

Rachid Boudjedra a conclu qu’il est soulagé maintenant après avoir dénoncé tout cela, et son pamphlet n’est qu’une réaction aux attaques contre les Algériens et l’histoire de l’Algérie.

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