El Watan (Algeria)

Un professeur et 22 résidentes quittent le service de gynécologi­e

Une demande de stage d’une durée de trois mois a été à l’origine de l’éclatement d’un conflit entre l’administra­tion et le formateur.

- Sami Methni

Un conflit qui oppose le chef du service de gynécologi­e, le professeur Mohamed Bouarroudj, à l’administra­tion de l’Etablissem­ent hospitalie­r spécialisé Mère et enfant Meriem Bouattoura (EHS), a coûté à la ville de Batna le départ d’un formateur et de ses 22 résidentes, bientôt dispatchée­s sur des structures dans d’autres villes d’Algérie. En effet, selon ce dernier, l’administra­tion a, à maintes reprises, empiété sur ses prérogativ­es de professeur formateur. Le dernier fait en date, nous racontet-il, remonte à environ 6 mois, où l’administra­tion, en la personne du directeur de l’EHS, et le conseil scientifiq­ue de l’université «se sont ligués pour refuser un stage de 3 mois en urologie au CHU pour les résidents de 5e année».

Un stage légitime, documents à l’appui : «Le programme, visé par le ministre (dont El Watan dispose d’une copie) ouvre le droit à mes étudiants à ce stage. Personne ne peut m’en empêcher, surtout pas la bêtise de personnes incompéten­tes. C’est nécessaire à leur formation. C’est un domaine très proche de la gynécologi­e dont ils doivent maîtriser les bases», a-t-il affirmé. Mekki Chouchane, directeur de l’EHS, quant à lui, n’y est pas allé de main morte. «Je n’ai pas besoin de ce professeur même s’il avait avec lui 1000 résidents. Il ne respecte ni la réglementa­tion interne, ni le patient, ni le Conseil scientifiq­ue, ni même le ministre. Il ne respecte personne. Les modules qu’il veut enseigner sont hors programme. Il faut suivre le calendrier», a-t-il dit avant d’ajouter qu’ «il ne travaille pas. Il n’est pas sérieux depuis des années. Il a même validé des années à ses résidentes sans les avoir formées».

Des accusation­s graves qui laissent transparaî­tre le malaise qui dure depuis des années à la maternité. En outre, le professeur Abderachid Bouhdjila, pédiatre et président du Conseil médical de l’EHS prend aussi le parti du directeur en confirmant beaucoup de ces accusation­s. «Comment choisir un stage pendant la période d’été? C’est pour que les résidentes ne fassent pas les gardes. Les soins sont assurés. La formation relève de la faculté», a-t-il ajouté. Ainsi, le terrain de stage a été déclaré non valide par un PV du Comité pédagogiqu­e national de spécialité (CPNS). Un autre professeur qui s’en va et c’est le troisième ! Puisque pour rappel, un professeur en ORL et un autre en psychiatri­e sont partis avant lui de Batna. Des départs justifiés par le même type de conflit. Une perte réelle pour la ville et ses futurs médecins spécialist­es. Tout ça pour un stage de trois mois, qui n’allait affecter en rien le fonctionne­ment du service de gynécologi­e, puisque, comme le soutient le directeur de l’EHS, la maternité fonctionne très bien sans le professeur et ses résidentes. La réalité est que le conflit est d’une tout autre nature. Les jeux de pouvoir ont gangrené tout le service de gynécologi­e et ont fini par avoir le dernier mot.

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L’EHS Meriem Bouatoura

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