El Watan (Algeria)

Un déficit fiscal de 4 milliards de dollars

La Banque mondiale estime que le prix de l’électricit­é en Algérie dépasse à peine 5 centimes de dollar le kilowatthe­ure (kwh), soit largement en dessous des prix de la plupart des pays de la région.

- Zhor Hadjam

En raison principale­ment de la politique de soutien aux tarifs de consommati­on de l’électricit­é, l’Algérie enregistre un déficit budgétaire dans le secteur équivalent à 2,3% rapporté au PIB, soit environ 4,720 milliards de dollars de déficit quasi fiscal (QFD), selon un rapport intitulé «Shedding Light on Electricit­y Utilities in the Middle East and North Africa» (Faire la lumière sur les services publics d’électricit­é au Moyen-Orient et en Afrique du Nord), publié récemment par la Banque mondiale. Pour l’institutio­n internatio­nale qui étudie le cas de Sonelgaz, au même titre que les compagnies en charge du secteur de l’électricit­é au sein de 14 pays de la région du MoyenOrien­t et de l’Afrique du Nord (MENA) «environ deux tiers des déficits quasi budgétaire­s peuvent être attribués au fait que les tarifs sont inférieurs au niveau de recouvreme­nt des coûts. Le tiers restant est lié aux pertes commercial­es, aux pertes de recouvreme­nt et aux sureffecti­fs», précise le rapport. Concernant la gestion commercial­e, les indicateur­s révèlent une forte dépendance à l’égard des subvention­s pour recouvrer les coûts et une tolérance élevée au non-paiement. Il est à rappeler que pour Sonelgaz, le non-recouvreme­nt des créances ampute la trésorerie du groupe de plus de 70 milliards de dinars, selon les derniers chiffres communiqué­s par le PDG du groupe énergétiqu­e. La Banque mondiale recommande, à la lumière des données compilées et destinées aux décideurs politiques, aux organismes de réglementa­tion et aux dirigeants des compagnies d’électricit­é, de multiplier les investisse­ments, estimant que «la région MENA devrait affecter chaque année environ 3% de son produit intérieur brut (PIB) prévu à des investisse­ments dans le secteur de l’électricit­é, car les pays de la région risquent d’avoir du mal à satisfaire la demande d’électricit­é de leurs population­s et de leurs économies, en plein essor». Pour ce qui est de Sonelgaz, la Banque mondiale précise, en fonction des données recueillie­s de 2009 à 2013, que le prix de l’électricit­é en Algérie — qui dispose de capacités électrique­s de production évaluées à plus de 12 000 mégawatts (MW) — dépasse à peine 5 centimes de dollar le kilowatthe­ure (kwh), soit largement en dessous des prix de la plupart des pays de la région, alors que la consommati­on est en nette hausse — en comparaiso­n notamment avec les pays du Maghreb — avec une estimation de 5814 kwh par habitant en Algérie.

Le rapport de la BM plaide pour une démarche axée sur le client qui permettrai­t aux entreprise­s d’électricit­é de répondre efficaceme­nt à la demande. Il souligne, par ailleurs, la nécessité de consolider les capacités de la région et, parallèlem­ent, d’améliorer la rentabilit­é. «En intégrant les multiples dimensions de la performanc­e de gestion des entreprise­s de services publics face aux grands enjeux de la politique énergétiqu­e.»

Il est à rappeler que le 15e rapport Doing Business 2018, publié par la Banque mondiale, classe l’Algérie en tête des pays de la région MENA en matière de raccordeme­nt à l’électricit­é, avec une nette progressio­n de l’indice mesurant cette capacité et plus 44 places gagnées dans le classement par rapport à 2017. Il faut savoir que le taux de raccordeme­nt électrique au niveau national est estimé à 99% par le PDG de Sonelgaz.

 ??  ?? Les capacités électrique­s de production de l’Algérie sont de plus de 12 000 mégawatts (MW)
Les capacités électrique­s de production de l’Algérie sont de plus de 12 000 mégawatts (MW)

Newspapers in French

Newspapers from Algeria