El Watan (Algeria)

Le Premier ministre Saad Hariri suspend sa démission

- AMNAY IDIR

Hariri a fait allusion à l’influence politique du Hezbollah sur l’échiquier politique du pays.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé hier qu’il suspendait sa démission, annoncée de Ryadh le 4 novembre, rapporte l’AFP. Lors d’une brève allocution télévisée à l’issue d’un entretien avec le président Michel Aoun, le chef du gouverneme­nt a appelé au «dialogue» entre les forces politiques du pays, où deux blocs s’affrontent. «J’ai discuté de ma démission avec le président de la République qui m’a enjoint d’attendre avant de la présenter (...) pour permettre davantage de consultati­ons (...) j’ai accepté cette requête», a indiqué S. Hariri. Comme il a appelé à éloigner le Liban des conflits qui déchirent le Moyen-Orient en respectant une «politique de distanciat­ion», allusion aux interventi­ons du mouvement Hezbollah, membre de son gouverneme­nt, dans des guerres régionales, notamment la Syrie. Et d’ajouter:«J’aspire aujourd’hui à un véritable partenaria­t avec toutes les forces politiques en vue de mettre les intérêts du Liban au-dessus de tout autre». La démission de Hariri, annoncée en novembre depuis Ryadh sur une chaîne à capitaux saoudiens, a provoqué une vague d’interrogat­ions et spéculatio­ns sur sa liberté de mouvement lors de son séjour dans le royaume wahhabite. Le président Aoun a même accusé Ryadh de retenir Hariri en «otage».Ce que l’intéressé et Ryadh ont ensuite démenti. Lundi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, adoptant un ton conciliant, s’est dit «ouvert à tout dialogue ». Le chef du gouverneme­nt Hariri, qui porte aussi la nationalit­é saoudienne , a justifié sa démission en dénonçant la «mainmise » de l’Iran et du Hezbollah sur les affaires du Liban et leur «ingérence» dans les conflits de la région. Il a également affirmé craindre pour sa vie.

L’ÉCUEIL HEZBOLLAH

Poids lourd de la politique libanaise, le Hezbollah est le seul mouvement à ne pas avoir déposé les armes après la guerre civile (1975-1990) et son arsenal divise les Libanais. Michel Aoun a refusé jusqu’à présent d’accepter la démission de Hariri, la tradition voulant que celle-ci soit remise en main propre et sur le sol libanais. La démission d’un Premier ministre à partir d’un sol étranger est sans précédent dans l’histoire du Liban. Dans son discours la veille de la fête de l’Indépendan­ce, le président Aoun a appelé les Libanais à «l’unité» et à s’éloigner des dissension­s.

Saâd Hariri, a été déjà Premier de 2009 à 2011. Un gouverneme­nt de coalition qui a fini par s’écrouler suite à la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés. La crise gouverneme­ntale est provoquée par le bras de fer engagé depuis des mois par le camp de Hariri soutenu par l’Occident et l’Arabie Saoudite et celui du parti chiite proche de la Syrie et de l’Iran. Et cela, sur la question du tribunal de l’Organisati­on des nations unies (ONU) chargé d’enquêter sur l’assassinat de Rafik Hariri en 2005. Assassinat dans lequel le parti chiite s’attend à être mis en cause. L’Occident, Ryadh et Israël ne souhaitent pas voir à la tête du gouverneme­nt libanais un proche du Hezbollah. Ce qui à leur vision renforcera l’influence de Téhéran et de Damas dans la région. Début mars 2016, le Hezbollah, accusé de servir de tête de pont à l’Iran, est classé «terroriste» par les monarchies arabes du Golfe. De son côté, son chef Hassan Nasrallah a accusé l’Arabie saoudite d’oeuvrer pour une «sédition entre musulmans sunnites et chiites». En novembre 2016, Hariri revient au pouvoir sans pour autant réussi à maîtriser le Hezbollah.

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Le retour de Hariri est une demande unanime malgré les divisions

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