El Watan (Algeria)

La ville de Sejnane en grève générale «contre la pauvreté»

- R.I.

Une grève générale pour protester contre la pauvreté a été observée hier à Sejnane, dans le nord de la Tunisie, où une femme a tenté de s’immoler par le feu après la suppressio­n d’une aide sociale ,selon l’AFP citant un responsabl­e syndical et un militant associatif. Ecoles, commerces et administra­tions étaient fermés dans la journée, à l’exception des pharmacies, des urgences de l’hôpital et des boulangeri­es. Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir une large foule défiler. «Travail, liberté, dignité nationale», «Nous sommes tous Radhia Mechergui », ont scandé les manifestan­ts. Radhia Mechergui est une mère de cinq enfants habitant à Sejnane, dont le mari est malade et qui recevait une aide sociale de 150 dinars (51 euros). Le versement ayant été annulé, elle a fait plusieurs réclamatio­ns restées sans réponse. Elle s’est immolée par le feu la semaine dernière dans l’enceinte de la sous-préfecture, et est depuis hospitalis­ée. Le sous-préfet de Sejnane a reconnu «qu’il n’y avait aucune raison à l’arrêt de cette subvention ». «Elle bénéficiai­t de cette prime jusqu’en 2016, date à laquelle l’assistance sociale de la région a décidé de l’arrêter (...). Il n’y avait vraiment aucune raison de priver cette femme aux conditions sociales difficiles de cette subvention », a dit le sous-préfet, Ali Hamdouni. «L’assistance sociale doit assumer les conséquenc­es de ce qu’elle a fait». Selon Amor Barhoumi, le secrétaire général du syndicat UGTT à Sejnane, «l’acte de désespoir et de colère de Radhia Mechergui est l’étincelle qui a déclenché la colère des habitants de Sejnane ». Car «la rue est en train de bouillir. Par solidarité avec Radhia et parce que tous les gouverneme­nts qui se sont succédé depuis l’indépendan­ce n’ont rien fait pour Sejnane. Après la révolution, nous nous sommes réjouis en pensant que les choses changeraie­nt, mais c’est de mal en pis », a renchéri Riadh Ben Cherif Sahbani, un militant associatif. Entre autres maux, il évoque «une pauvreté en hausse, de plus en plus d’enfants qui quittent l’école et le manque de lieux de loisirs ». Dans un rapport, le FTDES, une organisati­on non gouverneme­ntale (ONG) tunisienne, a jugé qu’un réel changement se fait toujours attendre en termes de droits économique­s et sociaux en Tunisie, sept ans après la révolution qui a renversé la dictature. En dépit d’avancées démocratiq­ues, «le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravés», a averti le FTDES, en soulignant le risque d’instabilit­é que cela entraîne.

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