Le chômage lamine les jeunes
Seules les huileries, en cette période de cueillette des olives, permettent aux jeunes chômeurs de dénicher un emploi saisonnier.
Le chômage atteint un seuil alarmant à Ath Laâziz, une commune de haute montagne, située à 10 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Bouira. Les jeunes endurent un chômage endémique.
Cette région rurale compte une population dépassant les 18 000 habitants, sans oublier les non-résidents, répartis sur 34 hameaux et bourgs. Des élus de la collectivité ont déclaré que le nombre de personnes inactives ne cesse d’augmenter en raison de l’absence de projets pouvant absorber un tant soit peu le taux de chômage. «La spécificité de la région, connue notamment pour son relief difficile, a été toujours brandie par les pouvoirs publics comme étant un prétexte pour ne pas implanter des projets structurants», a regretté un ex-P/APC, qualifiant l’argument en question de «fuite en avant».
En l’absence de statistiques fiables sur le taux de chômage laminant cette frange de la société, la réalité sur le terrain reste la seule référence. A Ath Laâziz, comme ailleurs en zone de montagne, la situation des chômeurs reste inchangée. «Le dernier projet qui avait permis à des centaines de personnes de dénicher un emploi remonte à plus de dix ans. Une entreprise allemande avait procédé à la réhabilitation d’un tunnel de la voie ferrée. Nous avons travaillé comme ouvriers pour une durée dépassant une année. Depuis, aucun projet n’a été implanté», se rappelle Saïd, la cinquantaine passée, qui négocie sa rémunération journalière avec le propriétaire d’une huilerie dans la localité de Zeboudja relevant de la commune de Aïn Turk. En cette période de cueillette des olives, qui bat son plein dans la wilaya, ce sont les huileries qui offrent de plus en plus l’opportunité à ces chômeurs de dénicher un emploi saisonnier, mais sans bénéficier des avantages de la Sécurité sociale.
Hormis les personnes recrutées comme chauffeurs de camion, en charge de l’acheminement des olives depuis les villages, étant déclarés par les propriétaires des huileries à la Sécurité sociale, les autres ne bénéficient d’aucune couverture sociale, a-t-on témoigné. Pour ce père de famille, comme beaucoup d’autres jeunes rencontrés au niveau de
quelques huileries de la région, le recours à cette activité est un moyen pour subvenir aux besoins de la famille. «Nous avons deux équipes chargées de l’acheminement des sacs d’olives», a indiqué le nouvel employé de ce père de famille, refusant de s’exprimer sur le salaire négocié. La population se plaint de la marginalisation de leur localité.
Cette région, qui avait payé un lourd tribut durant la guerre de Libération nationale, est quasiment oubliée des pouvoirs publics. «Le wali effectue une seule visite durant tout son passage à la tête de l’exécutif. Aucun membre du gouvernement n’a jamais inscrit dans son agenda une sortie dans notre commune», se désole un enseignant en retraite. La question mérite bien d’être posée. Pourquoi ?
La commune est délaissée sur tous les plans. Interrogé, l’expert en développement, Akli Moussouni, a estimé au sujet du manque de projets de développement dans cette bourgade totalement montagneuse que «les pouvoirs publics ont au lieu d’engager des actions d’aménagement du territoire et ce, par la consolidation des sites, procèdent par l’annulation des opérations», tout en regrettant que les autorités aient souvent opté pour des solutions simplistes dans le choix des terrains d’implantation des infrastructures sur des terres agricoles qui, sous d’autres cieux, sont protégées par la loi.