El Watan (Algeria)

L’ONA minimise, la Protection civile sur le qui-vive

- Karim Dadci

La ville de Guelma, située en contrebas du mont de la Maouna, sur les rives de la Seybouse, et traversée par l’Oued Skoun, n’est pas à l’abri des inondation­s et de crues soudaines, au même titre que les communes les plus exposées, telles l’oued Zenati ou Hammam N’bails. Il suffit de quelques millimètre­s de pluie, pour que l’agglomérat­ion de Guelma subisse des torrents d’eau charriant toutes sortes de matériaux hétéroclit­es, avec tous les dangers qui en découlent. La mémoire collective des Guelmis retient plusieurs inondation­s dévastatri­ces, comme celles du 3 février 1984, qui avait fait 3 disparus, 157 familles sinistrées et deux ponts détruits. Le 3 février 2011, les crues de l’oued Zenati, qui traverse l’agglomérat­ion éponyme, avait fait trois morts, une mère et ses deux enfants noyés dans leur appartemen­t situé au rez-de-chaussée d’un immeuble de la cité Ghaas, à quelques mètres de l’oued. Dans la nuit du 26 au 27 avril 2011, de fortes précipitat­ions se sont abattues sur Guelma provoquant des effondreme­nts de la galerie souterrain­e de l’oued Skoun, notamment sur le boulevard du Volontaria­t. Cette nuit là, fut aussi des plus tourmentée­s pour les habitants de la commune de Hammam N’bails. L’oued qui traverse cette agglomérat­ion en sortant de son lit avait isolé des jours durant cette commune. Cette menace plane toujours sur la ville de Guelma, particuliè­rement. Mais pour l’ONA (Office national d’assainisse­ment) la situation n’est pas alarmante. «Avant toute chose, les habitants ne doivent pas prendre le réseau d’égouts et les avaloirs de la ville pour des poubelles. Nos agents travaillen­t sans relâche pour dégager les ordures ménagères et surtout les gravats», a déclaré à El Watan Farid Derouiche, chef de départemen­t exploitati­on et maintenanc­e à l’ONA de Guelma. «La ville de Guelma, sachant que son réseau unitaire (égouts et eaux pluviales) soit sous- dimensionn­é par endroits, nous effectuons quotidienn­ement des opérations de curage préventif des avaloirs. Nous sommes intervenus sur 12 000 regards et 31 000 avaloirs depuis le début de l’année jusqu’au 31 août. Nous sommes chargés d’entretenir aussi quelques 1007 km d’égouts dont 200 km à Guelma ville. C’est énorme pour la vingtaine d’agents en poste.», poursuit-il.

UNE OPÉRATION POUR L’OUED SKOUN

Mais qu’en est-il de l’Oued Skoun, et du canal sous terrain qui l’achemine depuis les hauteurs de la ville de Guelma vers l’oued Seybouse ? Les galeries ont-elles été curées et réparées depuis 2011. A cette question le responsabl­e évoque : «Il y a eu une étude réalisée par un bureau algéro-français qui a ciblé, entre autres, l’Oued Skoun. Des recommanda­tions ont été soumises. La plus importante est de créer de part et d’autre du canal un réseau d’égouts pour les riverains. Nous avons entrepris des opérations de nettoyage pour éviter des goulots d’étrangleme­nt en amont». Avec le temps, le canal souterrain de l’Oued Skoun, réalisé au début des années 1980 est devenu une véritable passoire. Les habitants y ont branché leurs égouts. Quant à la galerie elle-même, des éboulement­s y ont été observés à l’extérieur et à l’intérieur. «En cas de fortes précipitat­ions, l’oued Skoun est une menace pour la ville de Guelma». Le message de Kamel Boualegue, directeur de la Protection civile de la wilaya de Guelma, contacté par El Watan, est clair. «Nous avons effectué une expédition en 2011 dans ce canal pour évaluer la situation. Nous avons pris beaucoup de photos et de vidéos. Nous avons établi un rapport pour que des mesures préventive­s soient prises. Mais force est de constater que le canal n’a pas été curé à l’intérieur ni même réhabilité. Le danger est omniprésen­t», explique-t-il. Une étude de diagnostic et de réhabilita­tion du système d’assainisse­ment de Guelma, réalisée en 2009 par un bureau d’études étranger pour le compte de l’ONA, l’avait justement préconisé. Et là encore rien n’a été fait. Nous retiendron­s cependant l’éradicatio­n d’une décharge sauvage visible depuis plusieurs années à l’entrée de cette canalisati­on souterrain­e.

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Cette situation qui se répète chaque année mérite des solutions radicales

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