La ville sous la menace de ses cours d’eau
Région à relief accidenté entourée de montagnes qui ont perdu l’essentiel de leur couvert végétal, la ville d’El Milia est aux prises avec une anarchie urbanistique qui a eu raison de ses cours d’eau. Des cadres des services de l’urbanisme ont fait part de leur crainte d’un réel risque d’inondation en cas d’averses torrentielles. «On y a construit des maisons, des villas, des garages et même une mosquée dont on vient de lancer les travaux», révèlent-ils pour décrire une situation qui risque de déboucher sur une catastrophe. De grands canaux «chaaba», dont quelques esquisses d’aménagements ont été entamées avant de s’arrêter, ont disparu sous la pression des constructions illicites. On ne peut d’ailleurs douter que ces voies de passage naturelles des eaux avaient pour vocation l’évacuation des eaux de pluie vers l’oued El Kébir (le Rhumel). De cette vocation, il ne reste plus rien. Tout a été obstrué par le béton.
Le plus grave encore est que ces constructions ont étendu leurs tentacules aux réseaux d’eau, d’assainissement et de gaz, qu’ils ont agressé, rendant encore plus inextricable la situation. C’est le cas à Menkouche, Lakhnak, et Adjenak, où les cours d’eau les traversant ont quasiment disparu ou ont été déviés de leurs itinéraires. Le plus incongru est que de nouveaux quartiers ont pris forme sur ces canaux, exposant toute la ville aux risques des inondations. Tant d’années de laxisme et de laisser-faire ont donné lieu à cette situation confuse. Lors de sa dernière visite à Jijel, le ministre de l’Intérieur a laissé entendre que les responsables qui seront rendus coupables de laxisme face aux phénomènes des inondations seront traduits en justice. «Mais qui sont ces responsables quand on sait que c’est un cumul de longues années qui a rendu la situation ainsi compliquée», s’interrogent des élus locaux. Les mêmes élus ont déploré que les projets prévus pour l’aménagement des «chaaba» de cette ville aient été mis au placard dans cette période de crise.