El Watan (Algeria)

L’alliance entre Caïd Essebsi et Ennahdha vole en éclats

● Le 29 mai dernier, le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, lors d’une allocution sur la chaîne publique Al Wataniya, a fustigé ceux qui cherchent à l’écarter du pouvoir, en particulie­r le chef de son propre parti, Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, le

- Amnay Idir

Lors d’un entretien diffusé lundi soir à la télévision, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a rassuré que les élections auraient lieu en décembre 2019. «Les élections se tiendront à temps (...) en décembre 2019», a indiqué le président Essebsi. Comme il a annoncé la fin de l’alliance avec le parti islamiste Ennahdha. Il a appelé à une modificati­on de la Constituti­on, estimant que le partage de pouvoir entre le président et le Premier ministre n’est pas satisfaisa­nt, tout en assurant qu’elle ne rentrerait en vigueur qu’au prochain mandat.

«Depuis la semaine dernière, nous avons décidé de nous séparer, à la demande d’Ennahdha», a soutenu le président Caïd Essebsi, qui s’exprimait alors que l’appareil étatique est paralysé depuis des mois par une lutte fratricide au sein de son parti, Nidaa Tounes, qu’il a fondé en 2012 comme un front contre les islamistes. Néanmoins, il a fini par faire alliance avec Ennahdha au lendemain des élections législativ­es de 2014. Alliance qui s’est affaiblie par une lutte de pouvoir entre le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, et le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi. Des désaccords récents entre Caïd Essebsi et Ennahdha ont porté sur le soutien que ce dernier apporte à Youssef Chahed et sur un projet de loi soutenu par le Président visant à instaurer une égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage. Ennahdha «veut poursuivre l’accord avec le gouverneme­nt dirigé par Youssef Chahed… Les relations entre Béji Caïd Essebsi et Ennahdha sont coupées», a poursuivi le président. Ennahdha, devenu le premier parti parlementa­ire, «a choisi un autre chemin, j’espère que ce sera un chemin réussi, mais je ne le pense pas», a-t-il ajouté. «Personne n’est valable pour tous les temps et tous les lieux», a-t-il soutenu, évoquant un départ à la fois du chef du gouverneme­nt et de son propre fils.

DISCORDE

Le mouvement islamiste, qui s’impose aujourd’hui comme la première formation politique à l’Assemblée, soutient Youssef Chahed qui, lâché par son parti Nidaa Tounes, peut désormais compter sur un nouveau bloc parlementa­ire d’une quarantain­e de députés, l’Alliance nationale.

Le 29 mai dernier, le chef du gouverneme­nt a critiqué, lors d’une allocution solennelle sur la chaîne publique Al Wataniya, ceux qui cherchent à l’écarter du pouvoir, en particulie­r le chef de son propre parti, Nidaa Tounès, Hafedh Caïd Essebsi, le fils du chef de l’Etat. «Les dirigeants (NDLR : de Nidaa Tounes), à leur tête Hafedh Caïd Essebsi, ont détruit le parti», a asséné Y. Chahed, nommé à la tête du gouverneme­nt en septembre 2016 à l’initiative même du président de la République. Il a ainsi répliqué aux manoeuvres de Hafedh Caïd Essebsi qui, aux côtés de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), active à le pousser vers la sortie.

En difficulté­s financière­s, notamment après la crise du secteur touristiqu­e liée à une série d’attentats djihadiste­s en 2015, la Tunisie a obtenu en 2016 un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans du Fonds monétaire internatio­nal (FMI). En échange, elle s’est engagée à une réduction de son déficit public et à des réformes économique­s douloureus­es.

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Le torchon brûle entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi

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