Une vedette nommée Hela Ouardi
C’est une véritable haie d’honneur qui a été réservée à l’auteure tunisienne, Hela Ouardi, jeudi après-midi, au stand Koukou éditons, au Salon international du livre d’Alger. Une foule qui l’attendait depuis 13h.
Ils étaient nombreux à faire le pied de grue pour acheter l’ouvrage intitulé Les derniers jours de Muhammad au stand Koukou éditions, depuis le matin. Un livre dont tout le monde parle, et puis de cette Tunisienne, Hela Ouardi, professeure de littérature et de civilisation françaises et chercheure associée au Laboratoire d’études sur les monothéismes (LEM) au (Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Celle qui a osé commettre un livre sur le Prophète Mohamed. «Une enquête sur la mort mystérieuse du Prophète», précise le bandeau rouge de la couverture. Du coup, cela se vendait comme des petits pains. Hela Ouardi devait être attendue à 14h et un point de presse était prévu à 13h. Mais il y a eu un contretemps. «L’avion à bord duquel était Hela Ouardi et qui devait arriver à 11h à Alger depuis Tunis a fait du retard. Il est arrivé à 15h. Il semble que Tunis Air et Air Algérie sont en train de se concurrencer pour décrocher la palme du plus long retard, quoi…», nous confiera le journaliste et directeur de Koukou éditions, Arezki Aït Larbi. Malgré cela, les éventuels lecteurs de Hela Ouardi n’ont pas été dissuadés par cette longue attente.
LONGUEMENT APPLAUDIE
Quand Hela Ouardi fit son apparition, elle a été longuement applaudie. C’est un véritable comité d’accueil qui s’est spontanément constitué pour saluer la vedette de ce jeudi au SILA. Aussi, le stand de Koukou éditions sera littéralement assailli par des dizaines et des dizaines de personnes, livre en main. La fébrilité était dans l’air. Elle remercia tous les gens présents. Tout ce monde pour elle ! Elle s’assoit, chausse ses lunettes, un sourire large, tout de go elle consignera sa première dédicace : «Chère Amina, un hommage amical, en souhaitant que ce livre…». Et ce sera la chaîne pour décrocher une signature. Des piles d’exemplaires de Les derniers jours de Muhammad sont déposés avec des petits papiers sur lesquels sont griffonnés des prénoms, des noms d’absents… Et ce, sans discontinuer. C’est sûr, les éditions Koukou ont frappé fort. Et ils ont vu juste.
«LES ANSARS SE PRÉPARENT DÉJÀ À L’APRÈS-MUHAMMAD»
Le livre-événement Les derniers jours de Muhammad de Hela Ouardi s’ouvre sur ceci : «Médine, lundi 8 juin 632. Le soleil à son zénith enflamme l’horizon. La chaleur de cette journée d’été en Arabie semble bien clémente comparée à la fièvre qui consume le corps de Muhammad. Allongé sur son lit, Abûl Qâcim, comme aiment à l’appeler ses amis intimes, agonise. Depuis quelques jours déjà, sa famille et ses Compagnons savent que le Prophète se meurt. Une ambiance lourde pèse sur Médine, la tension est partout palpable. Muhammad ne sait rien de ce qui se passe dehors ; cela fait un moment qu’il est devenu l’otage de son lit. Mais il devine à l’agitation de ses Compagnons et de ses femmes qu’ on vient le voir pour savoir s’il respire encore. Lui est ailleurs, ne pensant qu’au moment où il sera délivré des affres de cette agonie. L’homme n’a même plus la force de gémir. En silence, il implore Dieu de l’appeler auprès de lui. Ce jour-là pourtant, l’ambiance est étrangement calme. Muhammad est seul avec sa femme Aïsha. Le père de celle-ci, Abû Bakr, ami du Prophète et futur premier calife, lui rend une visite furtive très tôt le matin, puis part vers sa maison de Sonh, non loin de Médine. Umar, autre Compagnon de la garde rapprochée et futur deuxième calife, est dehors dans la mosquée attenante à la chambre de Muhammad, faisant les cent pas devant la porte, en serrant son sabre d’une main tremblante. Les Ansars de Médine, réunis autour de Sa‘d Ibn ‘Ubâda, se retirent à la saqîfa du clan des Banû Sâ‘ida où, à l’abri de la chaleur et des regards indiscrets, ils se préparent déjà à l’après-Muhammad. A la fin de la journée, la tête posée sur le giron de Aïsha, le Prophète quitte ce monde. La nouvelle s’abat sur Médine comme un grondement de tonnerre qui déchire le ciel. Les musulmans accourent affolés vers la maison d’Abûl Qâcim…».
EN VENTE LIBRE AU LIBAN, EN TUNISIE ET EN ALGÉRIE
Bien que le mardi 30 octobre vers 18h cinq personnes se déclinant «membres de la commission de lecture du ministère de la Culture» se soient présentés au stand de Koukou Editions, au SILA, prétextant un problème de coordination entre le commissariat du SILA et le ministère de la Culture, ont tenté de saisir l’ouvrage Les derniers jours de Muhammad, qui, pourtant, est légalement édité en Algérie. «Les derniers jours de Muhammad de Hela Ouardi est en vente libre au Liban, en Tunisie et en Algérie, les seuls pays musulmans où il est édité et vendu librement. Cet ouvrage n’est pas blasphématoire, c’est une recherche universitaire…», nous précisera Arezki Aït Larbi, directeur de Koukou éditions. Une enseignante de langue arabe qui est venue spécialement de Chebli pour rencontrer Hela Ouardi nous confiera : «Ce livre n’est pas tabou. Mais il faut avoir du courage pour l’écrire et le publier. Et puis, ce n’est pas facile de parler de ça en Algérie. Finalement, Hela Ouardi est une belle et élégante femme.»
Les derniers jours de Muhammad Hela Ouardi ; Koukou éditions (octobre 2018) 357 pages.
Prix : 1200 DA