«La Confédération, un contre-pied à l’arrogance du patronat et à l’allégeance au pouvoir»
Une nouvelle confédération syndicale est créée. Qu’en pensez-vous ?
C’est un moment historique important dans l’histoire du mouvement syndical en Algérie. C’est la première fois que nous avons une confédération qui représente quelque chose sur le terrain. Nous sortons du cadre classique, traditionnel et historique de l’UGTA. Une organisation syndicale qui s’affaiblit d’ailleurs. Cette confédération, qui a une expérience sur le terrain, est composée de syndicats autonomes qui sont plus proches des travailleurs et du mouvement social en général. S’ils arrivent aujourd’hui à confédérer et jumeler leurs efforts dans le cadre de cette confédération, cela ne peut être qu’une bonne chose pour le mouvement syndical et pour l’Algérie. Elle est importante vu le contexte socioéconomique dans lequel vit notre pays, où une telle organisation représente un poids lourd pour stabiliser et gérer toute défaillance, comme cela a été le cas en Tunisie, où la force de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a contribué à la stabilité du pays.
Croyez-vous que l’UGTA ait perdu son sens critique ?
Oui ! L’UGTA a complètement perdu pied. Elle a besoin d’un véritable sursaut, qu’elle se démocratise de l’intérieur et coupe ce lien d’allégeance au pouvoir. Il est inconcevable qu’une centrale syndicale d’un tel poids voit son secrétaire général entre les mains du patronat et du gouvernement. Même au niveau international, ce problème est posé. Ce n’est plus un syndicat mais plutôt un appoint à la politique de l’Etat et au patronat. Donc, la première étape pour cette organisation est sa démocratisation intérieure. Le départ de Abdelmadjid Sidi Saïd, s’il est confirmé, représente une chance pour l’UGTA d’entamer un nouveau départ.
Quelles sont les principales missions de cette nouvelle confédération ?
Parce qu’elle représente la force active et militante du pays et qui sont la main politique de l’Etat, la présence d’une nouvelle confédération apportera un grand équilibre à l’activité syndicale et la vie sociale. Elle sera également contre-pied à l’arrogance du patronat. C’est un grand handicap pour le pays que l’absence d’un mouvement syndical dans le secteur privé. L’autre handicap que devra contrecarrer cette confédération est la faiblesse de la représentation féminine dans le mouvement syndical. Cette organisation devra travailler sur ces deux axes en plus de jouer son rôle principal que d’être une syndicale qui porte la voix des travailleurs à l’Etat dans une totale crédibilité.