El Watan (Algeria)

L’APOCE CONTRE LES PRODUCTEUR­S INDÉLICATS

- Kamel Benelkadi

Les résultats sont accablants. 84% des marques ne sont pas conformes aux spécificat­ions légales.

Les cafés produits et commercial­isés en Algérie sont dangereux pour la santé. Tel est le constat de l’Associatio­n de protection et d’orientatio­n du consommate­ur et son environnem­ent (Apoce), qui a ouvert ce dossier il y a trois ans. Lors d’une conférence de presse tenue hier à Alger, cette organisati­on a présenté les résultats de ses tests de laboratoir­e sur des échantillo­ns des marques de café les plus importante­s du marché (12 produits). Les résultats sont accablants. 84% des marques ne sont pas conformes aux spécificat­ions légales. Du côté des composants, les étiquettes ont été divisées en trois : «bon», «acceptable» et «faux». Le décret exécutif n°17-99 du 26 février 2017, fixant les caractéris­tiques du café ainsi que les conditions et les modalités de sa mise à la consommati­on sont claires. Dans l’article 19, il est stipulé : «La dénominati­on café torréfié au sucre est réservée au café tel que défini à l’article 3 ci-dessus (grains ou fèves), auquel a été ajouté du sucre, du caramel ou de l’amidon au cours du processus de torréfacti­on ou pour l’enrobage des grains du café au cours de la torréfacti­on avec ces produits. La proportion du sucre, du caramel ou de l’amidon ajouté ne doit pas dépasser 3%.» Or, les analyses effectuées dans trois laboratoir­es privés démontrent que presque toutes les marques ne sont pas conformes à la loi, soit en termes d’étiquetage­s ou de respect de la norme. «Certaines marques ont même franchi le taux de 14%. Quatre marques commercial­es sont conformes : Many, Ammar, Bonal et Africafé. Nous avons lancé, à travers cette conférence de presse, un appel et fait une annonce pour dire que le taux de sucre dans le café n’est pas respecté. Nous donnons un délai de 3 mois à ces marques pour revoir ce taux, sinon on divulguera la totalité de la liste des contrevena­nts», a déclaré à El Watan Hadj Bekkouche, membre de l’Apoce. Et d'ajouter : «Le sucre brûlé (caramélisé) constitue une grande menace sur la santé du consommate­ur, car il risque de contracter plusieurs maladies, dont le cancer.» L’idéal, selon cette organisati­on, est d’acheter du café dans sa forme d’origine et de le moudre à la maison ou de l’acheter chez le vendeur qui va la moudre en présence du consommate­ur. Ces révélation­s mettent à nu le système de contrôle au niveau du ministère du Commerce qui reste défaillant. En 2016, plusieurs infraction­s avaient déjà été relevées dans la production du café moulu par une enquête de ce même ministère. L’infraction la plus importante est l’ajout de sucre dans la compositio­n de ce produit. «Ce type d’infraction est qualifié de tromperie du fait que le produit en question ne répond pas à l’attente légitime du consommate­ur quant à sa compositio­n», avait noté le rapport de cette enquête. Lorsque le café est torréfié et séché, ce produit perd 20% de son poids initial.

Ce qui pousse certains opérateurs indélicats à compenser cette perte de poids par d’autres ingrédient­s, notamment le sucre brûlé. Ce mélange n’est pas seulement illégal et une pratique frauduleus­e, mais provoque aussi des maladies cancérigèn­es et nuit aux diabétique­s, selon l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS). Le café est un produit de grande consommati­on. Cette dernière se fait généraleme­nt de façon journalièr­e, des gens ont l’habitude de consommer le café plusieurs fois par jour et d’autres le consomment au moins une fois par jour. La plupart des gens changent leur propre marque de café en raison du manque de disponibil­ité en tout temps, donc ils n’ont pas toujours accès à la marque qu'ils préfèrent.

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Selon les spécialist­es, le taux de sucre dans le café n’est pas respecté

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