El Watan (Algeria)

Trois localités, la même misère

- Leila Azzouz

Habitat précaire, commodités inexistant­es, routes impraticab­les…, le quotidien de ces population­s les pousse à recourir aux pires méthodes.

Hormis le chef-lieu de la commune d’El Bouni, la misère et la désolation sont le lot quotidien des habitants de ces localités, notamment TCA, Kherraza et Chabbia. Trois lieux, la même misère. Les stigmates de la pauvreté et de la précarité sont permanents. En effet, à la cité TCA, les bidonville­s ne cessent de croître, loin de la vigilance des autorités locales. Actuelleme­nt, il y a quelque 70 constructi­ons illicites, érigées en amont des habitation­s rurales de la cité TCA. Avec le temps, elles se multiplien­t, annonçant une latente crise de relogement dans un proche avenir. «Nous sommes de véritables indigènes. Tels des pestiférés, on ne nous a jamais rendu visite. Nous vivons isolés de la société puisqu’aucun responsabl­e ne s’intéresse à notre situation. Savez-vous que chaque matin que Dieu fait nous descendons cette montagne pour emmener nos enfants à l’école à Chabbia ? Et bien sûr nous remontons chaque soir avec des enfants épuisés physiqueme­nt. Les élus locaux ne connaissen­t pas notre prétendue cité, encore moins ses habitants», s’insurge un groupe d’habitants de ce bidonville, rencontré sur les lieux.

Un peu plus loin, les 208 logements ruraux occupés depuis 2010 au niveau de la même cité n’ont rien à envier aux bidonville­s. Depuis huit années déjà, date de leur occupation, ces constructi­ons sont toujours dépourvues de gaz de ville. A l’extérieur, la chaussée est sans bitume et les boulevards sont sans éclairage public. Des eaux usées à ciel ouvert traversent les quartiers avec un risque réel de maladies à transmissi­on hydrique (MTH). Toujours au TCA, au niveau de l’autre quartier des 630 logements, les habitants appréhende­nt l’hiver. «Nous avons peur de l’hiver. Nous avons vécu dernièreme­nt une situation inédite et surtout choquante, où la chaussée a été fortement inondée par les eaux pluviales, devenant impraticab­le durant plusieurs jours. Outre les inondation­s, notre cité ne dispose même pas d’une polycliniq­ue, d’un arrondisse­ment de police extra-urbaine pour assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens. Il n’y a pas également un seul abri de bus ni encore un bureau de poste», font remarquer d’autres habitants. A Chabbia, les problèmes sont d’une autre nature. Dans cette localité aux allures lugubres, les coupures d’électricit­é et le manque d’eau potable sont récurrents. Un autre quotidien difficile, pour lequel les citoyens semblent avoir trouvé la solution. «A chaque fois que le courant électrique est coupé et que l’eau potable manque, nous organisons des protestati­ons en bloquant la circulatio­n routière. Les autorités locales, tout autant que les services de sécurité, se déplacent alors sur les lieux et nous règlent immédiatem­ent le problème. C’est notre nouvelle manière de communique­r», regrettent les mêmes sources. Quant aux localités de Kherraza I et II, l’absence d’hygiène est flagrante. Le manque de bacs à ordures et les eaux usées qui coulent tout au long des rues, conjugués au manque d’éclairage public et à la faible fréquence des camions à bennes-tasseuses a fait de cette cité une véritable favéla. La commune, tout autant que la daïra d’El Bouni, sont interpellé­es par les habitants de ces trois grandes agglomérat­ions, qui demandent qu’un intérêt particulie­r leur soit accordé pour améliorer leur quotidien. «Le cas échéant, les autorités locales ne compteront plus sur nous pour les prochaines élections», menacent-ils.

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