El Watan (Algeria)

«La recherche dans le domaine est très développée dans la wilaya»

- Interview réalisée par Nordine Douici N. D.

Quel état des lieux peut-on faire sur la culture de la figue de Barbarie dans la wilaya de Béjaïa ?

Actuelleme­nt, nous ne disposons pas de statistiqu­es fiables pour donner un état des lieux bien précis sur la culture du figuier de Barbarie dans notre wilaya. Par contre, le peu d’informatio­ns, ainsi que notre petite expérience sur le terrain nous ont permis d’estimer la superficie totale occupée par l’opuntia à une soixantain­e d’hectares. Bien que les superficie­s des plantation­s dans la wilaya de Béjaïa ne soient pas connues, le figuier de Barbarie est assez présent sur le territoire de la wilaya, soit à l’état naturel, ou utilisé principale­ment pour délimiter les parcelles cultivées et lutter contre l’érosion. On note aussi qu’il existe des plantation­s de l’opuntia en tant qu’espèces fruitières à Sidi Ayad et à Iksilen, des superficie­s qui ne dépassent pas les deux hectares.

Que peut-on préconiser pour soutenir et promouvoir cette culture à fort potentiel économique, sachant qu’elle n’est pas encore considérée comme filière à part entière ?

Même si elle n’est pas considérée comme filière à part entière, la filière opuntia a pris forme dans notre wilaya et même sur tout le territoire national. Si on mesure la filière par ses maillons, Béjaïa est parmi les premières wilayas qui ont procédé à la transforma­tion de cette ressource phylogénét­ique. Aujourd’hui, on compte 4 unités de transforma­tion. Pour soutenir et promouvoir la culture de l’opuntia, nous devons entreprend­re plusieurs actions et démarches. La recherche dans le domaine de l’opuntia est très développée dans la wilaya. La disponibil­ité, la biodiversi­té de la ressource et le savoir-faire local sont des points forts pour lancer le développem­ent de cette filière. La promotion de cette culture doit d’abord passer par le changement de la conception des gens par rapport à cette plante qu’ils considèren­t comme invasive, ne figurant pas parmi les cultures stratégiqu­es. Dans ce cas, la formation et la sensibilis­ation sur les utilisatio­ns et vertus de cette plante sont indispensa­bles. Parmi les recommanda­tions qu’on peut fournir également, c’est de tracer des objectifs selon une vision globale et locale : identifier les espèces et variétés de cactus en Algérie à travers un inventaire précis et créer des sites de démonstrat­ion à travers tout le territoire national dans différents climats et sols, inciter les structures de recherche à introduire des thèmes sur la culture du cactus dans leur programme, instaurer un système de coordinati­on et d’échange entre les chercheurs et les experts dans le domaine du développem­ent de la culture du cactus et un conseil interprofe­ssionnel du cactus. Mais une partie de ce travail doit se faire sur le terrain avec la valorisati­on des cultures existantes, la création de nouvelles plantation­s selon des normes précises, de pépinière variétale, le «reboisemen­t économique». Dans certaines régions de notre wilaya on pourra procéder au reboisemen­t avec l’opuntia. Et le transfert de technologi­es innovantes pour la collecte, la transforma­tion et la valorisati­on des déchets sont, entre autres, les actions susceptibl­es de valoriser l’opuntia.

Quel serait l’impact pour l’économie locale d’un investisse­ment intensif dans la figue de Barbarie ?

Son impact considérab­le sur le revenu des agriculteu­rs a fait de cette plante l’une des espèces les plus rentables économique­ment. L’importance économique de ce végétal réside dans la production du fruit destiné à l’alimentati­on humaine et son usage fourrager pour l’alimentati­on animale. Donc, il génère des revenus et des emplois au profit des habitants. Sans oublier les fleurs séchées, qui sont aussi commercial­isées, et avec le regain d’intérêt que connaît cette filière, plusieurs chaînes de valeurs ont été créées et ont enrichi les marchés local, national et internatio­nal avec des produits de forte valeur ajoutée.

Il a été recommandé, en avril 2013, lors du 1er Séminaire internatio­nal sur la figue de Barbarie qui s’est déroulé à Souk Ahras, l’établissem­ent d’un programme national de plantation d’opuntia qui s’intègre dans le cadre de la politique nationale en cours. Qu’en est-il depuis ?

Depuis 2013, très peu de programmes de plantation ont été réalisés par les Conservati­ons des forêts et le Haut-Commissari­at au développem­ent de la steppe (HCDS). Dans les wilayas steppiques, on note aussi quelques plantation­s individuel­les privées, en plus des sites de démonstrat­ion réalisés par l’Associatio­n nationale pour le développem­ent du cactus. L’intégratio­n de la culture du figuier de Barbarie dans les programmes des concession­s des terres agricoles augmentera les superficie­s dans les années avenir.

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